Cet article fait partie du dossier : Action Cœur de Ville : l'implication du Cerema
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La journée a été introduite par Julien Charles, SGAR (Secrétaire Général pour les Affaires Régionales) qui a insisté sur la nécessaire intensification de la mobilisation des partenaires du plan d’action pour partager l’information sur les nouveaux outils mobilisables par les collectivités (au premier plan desquels les Opérations de Revitalisation de territoire, ORT), une meilleure régulation de l’urbanisme commercial (davantage de grandes surfaces en centre-ville), stimuler les synergies entre acteurs, échanger sur de bonnes pratiques et ainsi accompagner le passage à l’acte des collectivités.
La table ronde présidée par Michel Cadot, Préfet de Région en première partie de matinée a permis de croiser la perception des différents partenaires nationaux du plan d’action Coeur de ville. Ce tour de table a mis en avant notamment :
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le caractère positif de la démarche basée sur une remontée des besoins des territoires et un positionnement des services de l’État comme accompagnateur sur des territoires trop longtemps laissés à l’écart de l’action publique
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une action coordonnée de tous les partenaires sur toutes les thématiques qui font ville (commerce, mobilité, habitat, numérique, loisirs, etc)
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un travail engagé qui sera de longue haleine et qui nécessite une approche pragmatique des sujets
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des inégalités territoriales et contrastes territoriaux exacerbés en Région Ile-de-France ; une très forte attraction de la zone urbaine centrale, combinée à un polycentrisme très marqué en grande couronne et la nécessité de recréer de la valeur dans les centres
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une nécessaire implication des élus et un portage intercommunal des projets de territoires. L’ORT doit dans ce cadre être un outil de mise en œuvre du projet à cette échelle.
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La complexité à faire converger territoires, habitants, et opérateurs sur un projet commun.
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Les besoins à satisfaire en ingénierie, composante indispensable pour la concrétisation des projets.
Stéphane Beaudet, président de l’AMIF a quant à lui insisté sur le retour de l’État dans ces territoires et de manière partenariale, l’importance pour les élus de conserver une vision stratégique des projets de leur territoire sur le temps long face à des dispositifs parfois « court- termistes » et contre-productifs en termes de solutions durables. Il importe donc de veiller à la gouvernance de projet pour mieux coordonner les dispositifs, permettre des expérimentations ou des dérogations en fonction des situations territoriales.
En seconde partie de matinée deux ateliers se sont tenus en parallèle d’une cinquantaine de participants chacun :
- Atelier 1 "co-construire un projet et le mettre en œuvre " animé par Rafaella Fournier du Cerema. Les enjeux sont ici multiples : comment veiller à la transversalité des projets, assurer le bon portage des projets, assurer la continuité des projets dans le temps et garantir un bon niveau de partenariat interne et externe. Cet atelier a notamment permis au Cerema de présenter des méthodes de constructions de projet développées sur les territoires : marches exploratoires, world café, outil de prospective territoriale comme Vision +21.
- Atelier 2 "les démarches d’innovations dans les projets Action coeur de ville" animé par la Banque des territoires et l’ADEME
Deux autres ateliers se sont tenus en début d’après mdi
- Atelier 3 « Comment recréer une attractivité résidentielle en centre ville » animé par Action logement
- Atelier 4 « Intégrer de la revitalisation économique et commerciale dans les projets ACV animé par l’EPARECA
La journée s’est conclue par une restitution des ateliers en séance plénière.
L’atelier 1 a porté sur la manière de construire un diagnostic et une stratégie de territoire en associant l’ensemble des usagers, et des exemples d’outils méthodologiques.
Quelle perception des collectivités?
Les collectivités ont exprimé plusieurs difficultés :
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la lourdeur administrative du dispositif
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l’absence de visibilité financière pour construire son plan d’actions et des difficultés de cofinancement du poste de chef de projet.
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à mettre en cohérence la gouvernance de projet à des échelles territoriales différentes et d’organisation récente (communes et intercommunalités)
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le travail de concertation à mener en lien avec la période de réserve pré-électorale
Plusieurs conditions de réussite ont été mises en avant :
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le portage politique
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le travail en transversalité en interne et avec les partenaires externes
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le rôle clé du chef de projet : assurer l’animation du dispositif, être pédagogue
Les dispositifs de suivi de projet internes et externes mis en place à Mantes la Jolie sont à ce titre riches d’enseignements
L’atelier 2 a également réuni cinquante participants et s’est ouvert par une présentation de la stratégie numérique de la Ville d’Arras.
Deux thématiques ont été mises en avant dans les échanges :
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la qualité de vie des habitants autour de la santé, des services de proximité, de la multifonctionnalité des coeurs de ville
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les enjeux de mobilité et de transition écologique pour ramener à des mobilités piétonnes, douces en coeur de ville. A titre d’exemple, le Groupe la Poste a présenté le dispositif Véligo, la ville des Mureaux son action sur le stationnement connecté.
Des enjeux d’innovation ont également émergé autour du témoigage de la ville d’Arras sur sa stratégie de développement numérique, en développant une approche centrée sur l’usager pour lutter contre « l’illéctronimse ». Cette stratégie s’accompagne d’actions très concrètes sur l’espace public, en matière d’offre culturelle ou de services.
La ville de Mantes la Jolie a aussi témoigné de l’accompagnement global dont elle s’est dotée en matière d’innovation sur l’ensemble des thématiques du dispositif coeur de Ville.
Enfin, parmi les attentes exprimées on retient :
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comment pérenniser des actions faute de modèles économiques viables ?
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Le risque d’être dépassé par la rapidité d’innovation du secteur privé comme en témoignent le BIM (building innovation modeling) ou CIM (city innovation modeling)
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le besoin de portage politique
Joelle Crozier adjointe au Maire de Rambouillet a souhaité témoigner en conclusion. Selon elle cette journée a été une réussite car elle a permis des témoignages autour de cas concrets. Un certain flou subsiste néanmoins sur les choix de financement de telle ou telle action.
L’atelier 3 a porté sur la façon de favoriser une attractivité résidentielle dans les villes Coeur de ville sachant que peu de demandes de financement ont porté sur ce thème en Ile-de-France. Le second constat porte sur la difficulté à assurer un équilibre financier d’opération conciliant un prix de sortie abordable face à un prix du foncier onéreux.
Pour autant des solutions existent :
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le nouveau conventionnement proposé par Action Logement
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l’orchestration et la synchronisation d’outils sur l’habitat privé comme l’a illustré Est Ensemble sur le Bas Montreuil et Bagnolet
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les nouveaux outils présentés par Coopimmo : le bail foncier solidaire et outil foncier solidaire, outils généralement utilisés en zone tendue. Le permis de louer et le permis de diviser mis en place à Etampes peuvent également apporter des solutions.
Mettre en œuvre l’ensemble de ces outils nécessite néanmoins du temps et leur synchronisation, ceci étant peu compatible avec la temporalité du dispositif action coeur de ville.
L’atelier 4 a suivi le fil conducteur du déroulement d’une opération de revitalisation commerciale.
S’est posée la question des études « coup de poing » qui arrivent à un point donné de la vie du projet à articuler avec un dispositif de suivi et évaluation au long cours qui concernent plutôt la constitution d’un observatoire commercial. La Banque des Territoires peut ici cofinancer des études.
Sur le portage des actions, la collectivité a plus de difficulté à intervenir et doit, sur la base de sa stratégie de territoire, faire appel à différents types d’intervenants : EPARECA, EPFIF, Banque des territoires, SEM, etc. InCité de Bordeaux est ainsi venu illustrer son type d’activité.
Pour Rollon Mouchel-Blaisot, directeur national du Plan d‘action Coeur de ville, agir sur les coeurs de ville est un acte de responsabilité pour lutter contre la perte de dynamisme des territoires. La diversité des situations territoriales n’est pas un problème en soi ; c’est le travail des services de l’État et des partenaires de trouver des solutions pour les territoires en fonction des situations rencontrées, ceci donnant le droit à l’expérimentation et à l’innovation.
Julien Charles, SGAR, conclut la journée en remerciant l’ensemble des participants au séminaire et insiste sur la nécessité de coordonner les dispositifs et actions relatifs aux différentes politiques publiques à des échelles territoriales variées de manière intégrée. Le travail réalisé ce jour sera capitalisé et diffusé pour êre mis à profit de l’ensemble des territoires.
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