
Le secteur du bâtiment, plus gros consommateur d'énergie en Europe (42 % de l'énergie en 2021), est essentiel pour atteindre les objectifs de l'UE en matière d'énergie et de climat.
Un aspect souvent négligé de l'efficacité énergétique est la ventilation, qui joue un rôle crucial (30 à 60% des consommations d’énergie).
De même, alors que les européens passent généralement 80 à 90 % de leur temps à l'intérieur, la qualité de l'environnement intérieur (QEI) est négligée. Pourtant l’air intérieur, plus pollué que l’air extérieur, entraîne :
- 20 000 décès par an et de 19 millions d'€ de coûts juste pour la France ;
- un coût des dommages aux bâtiments dus aux problèmes d'humidité allant jusqu’à 250 000€ HT durant les 10 premières années d'un bâtiment ;
- une réduction de performance estimée de 6 à 9% pour les travailleurs de bureaux, cette réduction des performances cognitives touchant tous les secteurs économiques, dont les écoles.
La ventilation intelligente pour ajuster la ventilation en temps réel
Le concept de la ventilation intelligente (smart ventilation) a été développé pour permettre de concilier la nécessaire réduction des consommations d’énergie avec le besoin de fournir un air intérieur sain: il consiste à ajuster en temps réel les débits pour ventiler plus quand les besoins sont identifiés, et moins lorsqu’il y a peu de besoin. Les économies d'énergie réalisées peuvent atteindre 60 % tout en améliorant la QEI.
Aujourd’hui, la ventilation des bâtiments est confrontée à de nouveaux défis importants causés par les changements climatiques (vagues de chaleur) et environnementaux (pandémies). Le concept de la smart ventilation représente une opportunité car il peut faire face à ces nouveaux défis. Cela nécessite une adaptation des méthodes disponibles en intégrant la notion de résilience.
Dans certains pays (France, Belgique), la smart ventilation est utilisée et promue depuis des dizaines d’années, mais reste méconnue et peu utilisée ailleurs. L'accès au marché pour la smart ventilation est en effet actuellement entravé par des contraintes réglementaires qui varient d'un pays à l'autre au sein même de l’UE.
Les réglementations performantielles encouragent l'innovation et la flexibilité, en favorisant l'utilisation de nouvelles techniques et pratiques de construction qui contribuent à une plus grande efficacité énergétique. Dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments, les approches basées sur la performance sont très courantes, sur la base d'indicateurs de consommation d'énergie. Néanmoins, dans le domaine de la ventilation des bâtiments, les réglementations à travers le monde sont encore principalement basées sur des approches prescriptives, telles que des exigences de débits d'air. L'adoption d'une approche performantielle nécessite l'utilisation d'indicateurs de performance de la QEI au lieu de débits d'air prescrits.
SmartVENTIB : changer d'approche pour faire évoluer la ventilation
Objectifs du projet :
Des systèmes de ventilation performants assurent le renouvellement de l'air intérieur vicié avec l'air extérieur frais, améliorant ainsi la qualité des environnements intérieurs (QEI), empêchant l'accumulation de polluants, d'humidité ou de virus, sans gaspiller inutilement de l'énergie pour chauffer ou refroidir l'air entrant. Ainsi, en optimisant les flux d'air quand et là où les besoins sont les plus importants, le concept de smart ventilation peut réellement améliorer la QEI tout en minimisant de manière significative la consommation d'énergie.
Le Cerema est mobilisé sur le sujet de la smart ventilation depuis des années par des travaux de recherche innovants, avec des acteurs privés, publics, en France et à l’international, et dans des travaux réglementaires et normatifs pour transférer les résultats de la recherche. Néanmoins, les verrous perdurent car le sujet est complexe.
SmartVENTIB lèvera les verrous et fera la différence en développant une approche performantielle applicable au niveau international avec quatre objectifs spécifiques de recherche et d'innovation :
- Créer une toute nouvelle méthode d'évaluation quantitative des performances pour la ventilation, afin d'aligner la consommation d'énergie sur la QEI dans les bâtiments, dans des conditions normales et extrêmes (résilience). Des efforts ont été réalisés dans les projets IEA-EBC Annex 68 et 86 mais n’ont pas encore abouti, faute de consensus scientifique sur un choix pertinent d’indicateurs de pollution de l’air intérieur;
- Mettre en place un cadre complet, reproductible et construire quelques bâtiments de référence pour les pratiques de gestion de la QEI (dont la smart ventilation) afin de surmonter les barrières existantes ;
- Identifier à l'avance les obstacles techniques qui pourraient survenir dans différents endroits du globe afin d’accroître le potentiel d'application de l'approche performantielle développée et des systèmes de smart ventilation. En effet, les systèmes de ventilation dans l'UE varient considérablement, en raison des différences de climats et de traditions de construction. La prise de conscience croissante de l'impact de la QEI sur la santé et la productivité montre qu'il est nécessaire de favoriser des systèmes de smart ventilation;
- Intégrer l’approche performantielle dans les normes et les réglementations nationales en facilitant l'inclusion des chercheurs. Ce projet réalisé dans le même calendrier que la révision de la norme européenne de référence EN 16798-1 offre une réelle opportunité d'inclure des recherches de pointe dans le texte européen. En effet, il est prévu qu'une partie de cette norme soit rendue obligatoire par la nouvelle directive EPBD. Ce texte servira donc de base aux futures réglementations nationales des États membres.