22 avril 2025
Ivry-sur-Seine
Crédit : Ville d'Ivry-sur-Seine
Afin de se doter d’outils d’observation territoriale adaptés aux besoins du territoire et des utilisateurs, la ville d’Ivry-sur-Seine a souhaité mobiliser les services techniques des directions du développement urbain et des espaces publics de la collectivité. Elle a fait appel au Cerema pour piloter l’organisation d’ateliers participatifs qui ont permis de mettre en évidence les besoins, de s’interroger sur les pratiques en matière de données, et de prioriser les actions à mener.

Une réflexion collective et transversale sur les données

Les données sont de plus en plus présentes dans les différents métiers des collectivités, et entraînent au fil du temps davantage de technicité. Si leur exploitation permet d’améliorer l’efficacité et l’évaluation en continu de la gestion de la ville, elles restent complexes à manipuler et ce travail prend du temps ; notamment parce que les sources et les formats des données métiers sont multiples.

Pour cette étude, les données géographiques au format tableur ou géospatial ont été ciblées en particulier.

Pour réunir les parties prenantes et organiser la réflexion collective, la collectivité a sollicité le Cerema qui a conçu deux ateliers de 2h30 qui ont été l’occasion d’échanger sur les pratiques et les besoins en matière de collecte, traitement, gestion et exploitation des données. 

 

 

14 participants représentants 10 services de la commune et différents niveaux hiérarchiques, ont été réunis pour aborder des enjeux allant des métiers de gestion, y compris sur le terrain, aux métiers davantage associés à des études thématiques ponctuelles. Deux outils ont été présentés, UrbanSimul, développé par le Cerema et l’INRAE, et l’Outil d’analyse stratégique du foncier (OASF), développé par le Cerema pour le compte de l’EPT Grand-Orly Seine Bièvre.

 

Organisation des ateliers

Deux ateliers participatifs ont été organisés en novembre et en décembre 2023. La conception des ateliers visait à répondre à deux objectifs principaux :

  • Effectuer une synthèse des pratiques métiers
  • Mettre en cohérence les besoins entre les services en termes de données.

Le premier atelier avait pour objectif d’établir un état des lieux des pratiques en matière de données de nature géographique, identifier les données et indicateurs utilisés, les thématiques prépondérantes, les données qui seraient utiles à exploiter… 

Une douzaine de thématiques dans lesquelles les données sont exploitées ont été évoquées, du foncier à la gestion du stationnement, en passant par l’aménagement des espaces publics, la mobilité, la propreté, pour mener le suivi et l’évaluation des projets, la réalisation de cartographies, la gestion courante des espaces, des biens et services.

Deux cartes mentales ont été produites, l’une pour les pratiques actuelles, l’autre pour les besoins. Différents besoins en termes d’outils pour la gestion du territoire sont apparus :

  • Traiter des données locales par un outil de nature cartographique et les valoriser à travers des notes ou des rapports,
  • Traiter les thématiques opérationnelles autour du recensement, du suivi et de l’évaluation des projets urbains sur le territoire
  • Disposer d’outils pour faciliter et fiabiliser la gestion courante des espaces publics de la ville (mobilier urbain et propreté).

L’atelier a aussi montré que les services combinent souvent différentes sources de données pour réaliser leurs missions.

Une difficulté du recensement des pratiques par la méthode participative est la connaissance variable de la notion de données géographiques. Ces ateliers ont cependant permis, au-delà de l’état des lieux des pratiques, d’envisager l’utilisation de SIG et de mieux cerner l’importance des missions liées à l’exploitation des données.

 

 

Le second atelier s’est concentré sur les besoins en termes d’outils, par exemple la construction d’une carte interactive commune aux différents services, la création d’un standard pour faciliter la transmission des données entre les services ou la géolocalisation des informations territoriales. Des besoins concrets ont émergé, dont certains sont urgents, tels que l’identification des espaces verts en termes de surface et de taux de perméabilité, croisé avec les modalités de leur gestion, la création de cartographies (commerces, notamment les foodtrucks, transports en commun, patrimoine, zones de pression foncière…), ou d’outils de suivi et d’analyse des marchés immobiliers.

La carte mentale réalisée lors de l’atelier a mis en évidence 3 grandes thématiques pour les besoins exprimés :

  • L’accompagnement des projets urbains ;
  • L’analyse des marchés immobiliers et fonciers ;
  • La connaissance et la gestion du patrimoine et des espaces publics

 

 

Les solutions et outils existants développés par le Cerema ont également été présentés lors du deuxième atelier : UrbanSIMUL qui permet d’analyser l’occupation du sol à l’échelle de l’unité foncière et l’outil d’Analyse Stratégique du Foncier (OASF) pour l’analyse du foncier et la simulation des gisements, qui peuvent couvrir les besoins les plus importants en matière d’étude et de connaissance du territoire exprimés par les services (connaissance du foncier, des dynamiques des marchés immobiliers, du patrimoine bâti, des contraintes urbanistiques). 

 

Perspectives 

A l’issue des ateliers, des pistes ont pu être dessinées pour construire des outils d’observation et d’aide à la décision, afin qu’ils répondent à plusieurs objectifs :

 

  • Fiabiliser les sources de données en particulier leur géolocalisation, et faciliter leur traitement et partage entre services de la ville en s’appuyant sur un cadre de référence.
  • Evaluer l’efficacité des politiques publiques et anticiper la charge de gestion.
  • Pour la gestion courante, les données utiles pour le suivi des projets urbains, la gestion du patrimoine et des espaces publics, certains aspects de l’analyse des marchés immobiliers, ont été définies.

Le point de vue de la collectivité

Emmanuel Maugeais, Responsable du bureau d'études des projets techniques et urbains à la Direction des bâtiments communaux et François Hébrard administrateur SIG de la ville d'Ivry-sur-Seine, ont accepté de répondre à deux questions sur la démarche de la collectivité.

 

Quel était le constat de départ de la ville d'Ivry concernant les données et leur gestion ? Quels besoins ont été identifiés ?

Emmanuel Maugeais : Les services utilisent de données issues de différentes sources externes (logiciels métiers, données ouvertes) ou de leur propre collecte. Ces données sont souvent stockées sous forme de tableur. Par essence liées au territoire elles ont généralement une dimension spatiale, plus ou moins précise, essentiellement via l’adresse ou la parcelle cadastrale, plus rarement grâce à des coordonnées géographiques. Si ces tableaux sont parfois suffisants pour une gestion quotidienne, une représentation cartographique permet une analyse territoriale et donc l’évaluation de la pertinence d’une stratégie ou d’une action. 

François Hébrard : Ces représentations cartographiques sont ponctuelles, réalisées par le service en charge du SIG, sous forme d’un document pdf ou imprimé. Cette méthode est peu satisfaisante car les documents sont vite obsolètes ; elle ne permet pas le croisement ni le partage des données facilement. Le besoin principal identifié était donc la structuration, la mise à jour et la centralisation des données pour une meilleure diffusion et une meilleure capacité d’analyse.

 

En quoi l'intervention du Cerema a-t-elle permis de faire avancer les choses, d'y voir plus clair, éventuellement de s'organiser ?

Emmanuel Maugeais : L’intervention du Cerema a été d’abord une première occasion de réunir l’ensemble des agents de la collectivité concernés par les données géolocalisées. Le savoir-faire en animation d’ateliers des intervenant.e.s du Cerema associé à leurs compétences techniques a permis plusieurs avancées

La première séance a fait émerger les besoins de chaque service, leurs priorités mais aussi leurs interactions malgré des missions différentes des services de la ville (ex : densité de commerces de restauration rapide et nettoiement de la voirie). Par la présentation d’outils développés par le Cerema, la seconde séance a permis aux agents de s’acculturer avec la philosophie du SIG et d’entrevoir les possibilités qu’il pouvait procurer en termes de gestion, d’analyse et prospective territoriales. L’accompagnement du Cerema et les livrables fournis ont été pour le service en charge du SIG un point d’appui pour lancer une dynamique autour des données géolocalisées. 

François Hébrard : L’utilisation d’un logiciel SIG est désormais répandue dans plusieurs services de la ville s’appuyant sur les données centralisées dans une base. L’acquisition récente d’une solution de création de cartes web permet une diffusion - voire une mise à jour par les agents autorisés - plus rapide de la donnée. Mon rôle de responsable SIG évolue donc de la constitution de plans pdf statiques vers la gestion d’une base de données et la réalisation de cartes dynamiques accessibles via le portail intranet.

 

Le rapport d'étude est sur CeremaDoc :

(Accès restreint)