En apportant une source alternative et constante d’eau, la Réutilisation des Eaux Usées Traitées est un levier d’action important à intégrer dans le cadre d'une stratégie locale de sobriété et d’adaptation des usages de la ressource en eau. La réglementation évolue pour permettre d’avantage d’usages des eaux non conventionnelles, et les politiques publiques ambitionnent de développer la REUT là où cela s’avère opportun.
Des défis à toutes les étapes des projets de REUT
En 2022 une centaine de projets étaient en cours en France, mais ce panorama des projets de REUT actualisé en 2022 a aussi montré aussi que de nombreux projets sont abandonnés, bien souvent avant leur mise en œuvre opérationnelle. La Direction de l’Eau et de la Biodiversité de la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) a demandé au Cerema d’identifier les difficultés rencontrées dans le déploiement et la pérennisation des projets de REUT en s’appuyant sur les retours d’expérience des acteurs de terrain : collectivités, services déconcentrés de l’Etat, bureaux d’études, exploitants de station d’épuration.
Le Cerema a donc retracé la trajectoire des projets de REUT et leurs caractéristiques (usages des eaux traitées, besoin initial, organisation des acteurs) et procédé en deux étapes :
- Des entretiens avec les intervenants de 25 projets qui ont été arrêtés à différents stades ou qui ont été relancés après un premier échec.
- Un questionnaire envoyé à 125 acteurs de projets de REUT, portant sur les conditions de réussite et de pérennité de leur projet de REUT, qu’il soit au stade de développement ou déjà mis en œuvre.
Quels enseignements ?
Les projets de REUT sont différents les uns des autres par leur contexte, leur gouvernance, leurs modes de financement. Les difficultés rencontrées sont toujours multifactorielles.
Des facteurs d’échec d’ordre interne ou externe ont été identifiés à l’aide du questionnaire : difficultés techniques, difficultés à communiquer avec les parties prenantes, fragilité du modèle économique, ou dans une moindre mesure le manque de moyens humains dans les collectivités. Cela montre que les défis techniques doivent être mesurés dès le début du projet, par exemple pour relier la STEU au site d’usage des eaux traitées ou sur la qualité réglementaire de l’eau et les traitements supplémentaires.
La répartition précise des responsabilités et tâches de chacune des parties prenantes est aussi un facteur clé pour la pérennité des projets. Le maintien du dialogue, le partage des informations utiles, permettent de maintenir la dynamique et d’adapter le projet si besoin.
Plus largement, deux clés apparaissent pour aider l’émergence et la pérennité de la REUT là où elle est pertinente :
- Une réglementation stabilisée (qualité de l’eau, analyses, usages), facilitant le cadre de mise en œuvre de nouveaux projets et le maintien de cas déjà en fonctionnement,
- Une poursuite de recueil de données économiques sur les projets de REUT réalisés pour mieux guider les analyses de faisabilité des futurs projets.
Ces projets nécessitent en effet des investissements importants et des subventions pour le traitement de l’eau, et l’évolution de la réglementation ainsi que des normes implique de nouveaux investissements qui rendent moins intéressante la REUT, bien que certains projets aient été relancés à la suite d’une évolution réglementaire.
Enfin, les facteurs locaux peuvent avoir un impact sur la poursuite des projets, comme : la baisse des précipitations et de la quantité d’eau disponible qui a freiné les projets selon 44% des répondants, ou l’évolution de la stratégie de gestion de l’eau du territoire.
