24 avril 2025
Rénovation et adaptation d'une école maternelle au changement climatique
Ville d'Avignon
Face à des étés de plus en plus chauds, les collectivités se saisissent de la question du confort d’été dans les bâtiments tels que les établissements scolaires et les bureaux. Pour répondre à cette urgence, le Cerema accompagne des collectivités de PACA et Occitanie dans la qualification de leurs bâtiments et la recherche de solutions adaptées. Un appel à manifestations est lancé auprès des collectivités pour mettre en place une démarche d'action d'urgence lors de canicules.

Les vagues de chaleur estivales deviennent un enjeu majeur pour les bâtiments publics. Bien que l’été 2024 ait été moins marqué par des épisodes de canicule extrême, l'inquiétude persiste pour les années à venir. Les équipes en charge des bâtiments dans les collectivités sont déjà investies dans des thématiques variées, dont la transition énergétique, qui occupe une place croissante. L’apparition des conditions thermiques extrêmes en été ajoute un nouveau défi qui doit trouver sa place dans la gestion technique quotidienne.

 

Agir là où c’est nécessaire : des diagnostics ciblés pour des solutions concrètes

Actuellement, les diagnostics bâtimentaires incluent rarement ce critère, les obligations réglementaires sont peu contraignantes, et les financements ne sont pas encore orientés vers cette question. Pour impulser une nouvelle dynamique, le Cerema a lancé en 2024 l'appel à partenariat "Diagnostic canicule de bâtiments publics",  auprès des collectivités.

 

Le Cerema a proposé aux collectivités de PACA de mener des diagnostics spécifiques sur des bâtiments publics, principalement des écoles, afin de fournir aux gestionnaires des pistes d’amélioration et de développer des méthodes pratiques pour évaluer la vulnérabilité aux canicules et identifier les solutions appropriées

 

Chaque diagnostic commence par une visite rapide des bâtiments en présence des occupants, précédée de la collecte des données disponibles. Lors de la visite, on observe les éléments de protection vis à vis du soleil, le potentiel de ventilation, les niveaux d'isolation, les occupants sont interrogés sur leur ressenti et leurs pratiques. Les caractéristiques clés du bâtiment et de son fonctionnement sont ensuite analysées et traduites en indicateurs, permettant de mettre en lumière les principaux problèmes. Cela aide à cibler des solutions, souvent à faible coût d’investissement, pour améliorer le confort thermique estival.

Grâce à une meilleure compréhension de la situation à travers un échantillon de bâtiments, les collectivités peuvent renforcer leur capacité à gérer l’ensemble de leur parc immobilier et tester des actions simples avant de les déployer à plus grande échelle. 

La mise en valeur du sujet du confort d’été au travers de visuels adaptés se veut aussi une mise en scène : donner à voir les enjeux pour mieux communiquer en interne, entre élus, techniciens, occupants.

Au-delà de l’aspect technique, ce travail met en scène l’enjeu du confort d’été, facilitant la communication interne entre élus, techniciens et occupants.
 

 

Une feuille de route pour la gestion des bâtiments en période de canicule 

Les recommandations incluent également des propositions pour adapter l’usage et l’organisation des espaces durant les périodes de vigilance canicule. Ces ajustements sont conçus pour être facilement adoptés par les services et les occupants.

Pour appliquer pleinement et maximiser l'efficacité des mesures temporaires lors des vagues de chaleur, il est essentiel de les partager et de les officialiser. Une feuille de route spécifique donne mandat aux utilisateurs et gestionnaires de bâtiments pour opérer sous un régime spécial, permettant de déroger aux règles habituelles en vigueur le reste de l'année.

Celle-ci vise à faciliter l'adaptation rapide et flexible des bâtiments publics aux conditions extrêmes en autorisant des actions temporaires et souvent inédites. Par exemple, elle pourrait permettre de modifier les horaires d'ouverture, de restreindre l'accès à certaines zones, ou d'utiliser des équipements supplémentaires comme des ventilateurs ou des brumisateurs, même si ceux-ci ne sont pas habituellement autorisés.

 
Exemples de mesures spécifiques pour une feuille de route :
  1. Aménagement des horaires : Autoriser une ouverture anticipée ou un décalage des activités principales vers les heures les plus fraîches de la journée.
  2. Adaptation des règles de ventilation : Permettre l'utilisation de dispositifs de refroidissement supplémentaires ou l'installation temporaire de protections solaires, permettre la ventilation nocturne et créer un courant d’air (une solution à utiliser surtout au printemps et en automne, où la ventilation apporte davantage de rafraichissement).
  3. Modification de l'occupation des espaces : Rediriger les activités vers des salles moins exposées à la chaleur, ou organiser des espaces temporaires pour les périodes de canicule.
  4. Utilisation d'équipements supplémentaires : Installation de brasseurs d’air, ventilateurs, ou brumisateurs portatifs pour améliorer le confort thermique des occupants, poser des protections temporaires aux fenêtres.
  5. Aménagement de la parcelle : ajout de végétation pour protéger le bâtiment ou la cour d’école, ajout de structures modulables, d'ombrières...

Retour d'expérience des accompagnements 

Les dix bâtiments représentatifs étudiés dans chaque territoire comprenaient des écoles, des bureaux et bâtiments tels que la police municipale ou le CCAS. Ces bâtiments ont été étudiés à travers 3 méthodes :

 

3 méthodes pour analyser la vulnérabilité des bâtiments 
  • Méthode à points : il s’agit d’attribuer une note pour chaque élément et usage de la construction permettant via un algorithme d’estimer la vulnérabilité globale à la surchauffe du bâtiment.
  • Méthode toile d’araignée qui consiste à attribuer une note de 1 à 8 sur 6 axes du confort d’été : protection solaires, enveloppe et structure du bâti, capacité de décharge/ Surventilation, équipements, environnement et aménagements extérieur, et adaptation des usages. Un schéma en toile d’araignée est réalisé pour chaque bâtiment après l’état des lieux et après les propositions d'intervention.
  • Méthode PCC (Pourquoi ça chauffe ?) : Cette méthode met en évidence, un peu comme "la toile d’araignée", les principaux facteurs de surchauffe et également la sensibilité l’intrusion et à la sensibilité à l’occupation (apports internes). On a choisi de garder plusieurs méthodes mêmes si elles se ressemblent car les interlocuteurs sont plus ou moins sensibles à l’une ou à l’autre des méthodes.
Ecole Saint Exupéry - Ville de Cannes

Cet appel à partenariat a permis d’observer un manque criant de protections solaires des surfaces vitrées dans les bâtiments visités. Ce point serait à traiter prioritairement avant toute action d’isolation thermique ou de mise en place d’équipements actifs dans le cadre de projets de réhabilitations.

Les gestionnaires et les usagers des bâtiments publics sont donc obligés de compenser cette conception, historique, des bâtiments qui est plus orientée vers le confort d’hiver. Cette adaptation consiste souvent à se protéger du soleil en fermant les rideaux intérieurs qui ont cependant beaucoup moins d’efficacité que des brise-soleils fixes ou orientables extérieurs ainsi que des volets. Les utilisateurs sont aussi parfois dans des conditions de surchauffe même hors période de canicule voire dès le mois de mai dans certaines expositions particulières (puits de lumière avec de grandes surfaces vitrées horizontales). 

Le confort d’été ne s’arrête pas au niveau d’isolation et aux protections solaires, il est nécessaire de faire un bon usage du bâtiment par exemple en sur-ventilant mécaniquement ou naturellement les locaux pendant la nuit. Cela est rarement fait en raison de freins techniques et ceux liés à l’organisation ou la sécurité des locaux.

Il est toutefois possible de passer ces obstacles, souvent avec de la concertation et de faibles investissements.

De plus le code vestimentaire est un levier sous-estimé d’amélioration significative du confort d’été.

Quant aux stratégies des maitres d’ouvrages
elles peuvent être classées en trois grandes familles :

 

  • Une approche technique d’amélioration du confort d’été à l’échelle d’un bâtiment en profitant d’une démarche planifiée de rénovation globale de celui-ci. Il s’agit de la stratégie la plus courante. La problématique de confort d’été est embarquée avec la reconfiguration totale du bâtiment. Cette stratégie permet de prendre en compte l’ensemble des composantes techniques du confort d’été avec une équipe de maitrise d’œuvre.
  • Des stratégies à l’échelle du patrimoine immobilier des collectivités apparaissent : il s’agit dans ce cas de mener des campagnes de travaux sur plusieurs bâtiments simultanément. Cela peut être le cas pour mettre en place des protections solaires extérieurs ou bien encore des brasseurs d’air.
  • Enfin, des stratégies d’adaptation aux épisodes caniculaires se consolident, des pièces refuges voire des bâtiments refuges sont identifiés au sein des collectivités qui élaborent des plans locaux en collaboration et complémentarité avec les préfectures. 

 

Conclusion :

Cette action pilote dans les collectivités de PACA et Occitanie a permis d'étayer un modèle d’analyse rapide en confort d’été qui prend en compte le bâtiment, les usages, les équipements et l’environnement du bâtiment, en consolidant la méthode ABCD : adaptation des bâtiments au Climat Déréglé.

Par cette série de diagnostics, le Cerema a pu ajuster son approche au vu des tendances réelles en termes d’état du bâti et de pratiques. Ainsi le déficit d’isolation des toitures est plus marqué que nous l’avions anticipé en région sud. La réalisation de relevés de température (par les services techniques ou les occupants) en période de canicule est très rare, alors qu’elle semble un premier pas pour la prise en charge de la situation. 

Distinguer le fonctionnement courant du fonctionnement en période de contrainte canicule est également essentiel. 

 

Les méthodes développées pourront être reproduites dans d'autres collectivités, renforçant ainsi la capacité des territoires à s'adapter au changement climatique et à améliorer le confort d’été dans les bâtiments publics.

Appel à manifestation d'intérêt pour la gestion d'urgence des bâtiments face aux canicules

Le Cerema Méditerranée lance un accompagnement opérationnel des collectivités à différentes échelles territoriales pour adapter leurs bâtiments aux vagues de chaleur, afin de construire une démarche de gestion d’urgence et de réduction de la vulnérabilité du bâti.

Les candidatures pour cet appel à manifestation d’intérêt sont ouvertes jusqu’à la fin du mois d’avril 2025. L’objectif étant l’action face aux canicules, l’accompagnement sera décalé s’il n’y a pas d’épisode caniculaire cette année.

Les enjeux : 

  • Prévenir la surchauffe grâce à un diagnostic ciblé et des solutions de protection estivale.
  • Protéger les usagers (agents, publics sensibles...) et maintenir des activités essentielles dans des conditions de confort minimal.
  • Assurer une coordination efficace en cas de fortes chaleurs, grâce à des exercices de simulation de crise permettant de tester procédures et réflexes opérationnels.

Contact AMI gestion d'urgence :

Contact Cerema

Dans le dossier Le Cerema mobilisé pour adapter le bâti au changement climatique

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