Le cyclone tropical Garance a traversé l’île de La Réunion du nord au sud le 28 février 2025, avec des pluies très abondantes (200 mm sur le nord de l’île, jusqu’à 500 mm à l’intérieur, en très peu de temps) qui ont entraîné d’importants débordement des cours d’eau, des phénomènes de ruissellement intense, ainsi que des désordres hydrauliques et hydromorphologiques sur de nombreux secteurs de l’île.
Afin d’objectiver la situation et comprendre le phénomène en cours, la mission du Cerema comprenait 2 volets :
- Recueil de données :
- Identifier les zones les plus touchées et recueillir à chaud les observations de terrain
- Réunir les éléments pour une analyse approfondie des dynamiques hydrologiques, hydrauliques et morphologiques de l’événement.
- Analyse plus approfondie des phénomènes survenus le 28 février, qui est toujours en cours.
Une campagne pour caractériser les impacts du cyclone
La première phase de la mission a consisté en une campagne de terrain ciblée dans les bassins versants les plus touchés, combinant observations directes, analyses pluviométriques (données de lames d’eau radar de MétéoFrance et SHYREG de l’INRAE) et exploitation d’images satellitaires avant /après crue.
Le cyclone a été puissant, très intense et rapide : la pluviométrie a entraîné une forte réaction hydrologique des cours d’eau, avec des débits de pointe mesurés parfois supérieurs à ceux correspondant à une période de retour de 100 ans. Dans le nord de l’île, les cumuls horaires de pluie ont pu atteindre une période de retour de 1000 ans par endroits. La comparaison avec d’autres cyclones récents montre que sur une durée de cumuls de 3 à 6 h, le cyclone Garance a eu une ampleur exceptionnelle en termes de pluviométrie.
L’imagerie satellitaire avant / après met en évidence des modifications nettes de la morphologie des lits, des débordements sur les zones urbanisées ainsi que la disparition ou l’endommagement d’infrastructures visibles dans la plupart des bassins versants. Les zones les plus impactées ont fait l’objet de visites de terrain pour confirmer et préciser ces dommages. Celles-ci ont été réalisées par le Cerema et la DEAL Réunion à l’aide de l’application SCOUT développée par le Cerema, qui permet de saisir différents types de données géolocalisées automatiquement, et de les partager.
Les observations de terrain et l’analyse préliminaires des impacts en termes d’inondation
L’impact des crues a été amplifié en raison de surcotes marines et de fortes houles concomitantes, augmentant le niveau de l’eau aux embouchures des cours d’eau.
La pluviométrie du cyclone a provoqué des réactions variées selon les bassins : débordements localisés, ruissellement, érosions, dépôts massifs, embâcles et dommages aux infrastructures et au bâti. Le rapport d’étude détaille l’ensemble des dommages liés aux cours d’eau et aux inondations, et toutes ces données sont regroupées dans un Système d’Information Géographique.
L’analyse préliminaire des impacts du passage du cyclone en termes d’inondation a été menée au niveau des bassins versants, afin de connaître la dynamique temporelle de l’épisode dans les bassins versants les plus touchés ainsi que les impacts des crues : sur les enjeux tels que les infrastructures et les habitations, ainsi que sur la morphologie des cours d’eau. Les cours d’eau ont en effet charrié d’importantes quantités de matériaux vers l’aval. De nombreuses habitations ont été endommagées ou détruites, un pont routier a même été emporté.
La première phase de ce RETEX souligne la complexité de la compréhension des phénomènes à l’échelle locale et propose une seconde phase d’étude plus approfondie intégrant des modélisations hydrauliques, l’exploitation des données topographiques LiDAR acquises après l’évènement, ainsi que de nouvelles analyses complémentaires pour mieux comprendre et caractériser ces dynamiques.
Ce travail permettra d’évaluer la magnitude et l’ordre de grandeur des périodes de retour des crues observées ainsi que de retracer/cartographier leurs emprises et impacts. Ces analyses permettront de capitaliser la connaissance de cet évènement pour le futur, notamment vis à vis des stratégies de protection des populations (zonage réglementaire, ouvrages de protection, etc.).
Le rapport sur les visites de terrain est sur CeremaDoc :
