Dans un contexte de forte sensibilité à la santé environnementale et au confort des enfants, le Pôle d’Équilibre Territorial et Rural (PETR) du Pays des Vosges Saônoises, en Haute-Saône, a sollicité le Cerema pour réaliser une étude sur la qualité de l’air intérieur (QAI) dans six écoles pilotes. L’enjeu : dépasser les simples audits ponctuels pour adopter une démarche globale, structurée et reproductible à l’échelle de son patrimoine scolaire.
Une démarche inspirée de la gestion patrimoniale
Contrairement aux approches traditionnelles centrées sur des mesures isolées, cette étude repose sur une méthode intégrée combinant :
- Un diagnostic initial visuel et fonctionnel des sources de polluants et des systèmes de renouvellement d’air (ventilation, aération),
- Une instrumentation sur plusieurs semaines, permettant de suivre finement la température, l’humidité, le CO₂ et le radon,
- Une analyse croisée dynamique pour comprendre le comportement réel des bâtiments en fonction de leur usage,
- Des recommandations personnalisées, hiérarchisées et contextualisées pour chaque site.
Cette approche « système bâtiment – usage – QAI » permet d’objectiver les dysfonctionnements, mais aussi de proposer des pistes d’action adaptées dans une logique d’amélioration continue.
Des constats récurrents
L’étude met en lumière des problématiques communes à de nombreux bâtiments scolaires en France :
- Des systèmes de ventilation mécanique défaillants ou inexistants, avec des débits d’air très insuffisants, souvent inférieurs aux valeurs réglementaires ;
- Des entrées d’air encrassées, un détalonnage de portes non conforme, limitant la circulation de l’air ;
- Une aération manuelle irrégulière, dépendante des pratiques des enseignants ;
- Une accumulation de polluants intérieurs (COV, CO₂) liée à l’usage de certains produits d’entretien ou à des matériaux peu inertes (revêtements plastiques, colles, peintures) ;
- Une surconsommation énergétique en période d’inoccupation scolaire (températures excessives la nuit ou le week-end).
Sur le plan réglementaire, si le radon reste en deçà des seuils dans 90 % des cas, les concentrations de CO₂ dépassent fréquemment les seuils recommandés (800 ppm, voire 1500 ppm dans certaines classes), révélant un confinement élevé de l’air.
Des recommandations concrètes et ciblées
L’étude débouche sur des propositions concrètes à la fois techniques, organisationnelles et pédagogiques :
- Rééquilibrage et entretien régulier des systèmes de ventilation existants ;
- Révision des pratiques d’entretien (produits plus sains, suppression des sprays et désodorisants) ;
- Protocole d’aération renforcé, partagé avec les usagers ;
- Suivi en continu de la QAI grâce aux capteurs déjà en place ;
- Sensibilisation des usagers (enseignants, personnel d’entretien, élèves) à la QAI et à l’aération.
Une méthode duplicable
Cette étude pilote, portée par l’agence d’Autun du Cerema, pose les bases d’une méthodologie duplicable dans d’autres territoires. Le PETR du Pays des Vosges Saônoises lui-même souhaite déjà étendre cette étude à six autres de ses établissements scolaires.
L’étude illustre la capacité du Cerema à associer expertise bâtimentaire, métrologie et accompagnement des acteurs pour répondre aux défis de santé publique et de performance du patrimoine immobilier.
