12 septembre 2025
Ecole de Villersexel
Le Cerema expérimente une méthode de diagnostic global de la qualité de l’air intérieur inspirée de la gestion de patrimoine immobilier, appliquée à six établissements scolaires du Pays des Vosges Saônoises.

Dans un contexte de forte sensibilité à la santé environnementale et au confort des enfants, le Pôle d’Équilibre Territorial et Rural (PETR) du Pays des Vosges Saônoises, en Haute-Saône, a sollicité le Cerema pour réaliser une étude sur la qualité de l’air intérieur (QAI) dans six écoles pilotes. L’enjeu : dépasser les simples audits ponctuels pour adopter une démarche globale, structurée et reproductible à l’échelle de son patrimoine scolaire.

Une démarche inspirée de la gestion patrimoniale

Contrairement aux approches traditionnelles centrées sur des mesures isolées, cette étude repose sur une méthode intégrée combinant :

  • Un diagnostic initial visuel et fonctionnel des sources de polluants et des systèmes de renouvellement d’air (ventilation, aération),
  • Une instrumentation sur plusieurs semaines, permettant de suivre finement la température, l’humidité, le CO₂ et le radon,
  • Une analyse croisée dynamique pour comprendre le comportement réel des bâtiments en fonction de leur usage,
  • Des recommandations personnalisées, hiérarchisées et contextualisées pour chaque site.

Cette approche « système bâtiment – usage – QAI » permet d’objectiver les dysfonctionnements, mais aussi de proposer des pistes d’action adaptées dans une logique d’amélioration continue.

Des constats récurrents

L’étude met en lumière des problématiques communes à de nombreux bâtiments scolaires en France :

  • Des systèmes de ventilation mécanique défaillants ou inexistants, avec des débits d’air très insuffisants, souvent inférieurs aux valeurs réglementaires ;
  • Des entrées d’air encrassées, un détalonnage de portes non conforme, limitant la circulation de l’air ;
  • Une aération manuelle irrégulière, dépendante des pratiques des enseignants ;
  • Une accumulation de polluants intérieurs (COV, CO₂) liée à l’usage de certains produits d’entretien ou à des matériaux peu inertes (revêtements plastiques, colles, peintures) ;
  • Une surconsommation énergétique en période d’inoccupation scolaire (températures excessives la nuit ou le week-end).

Sur le plan réglementaire, si le radon reste en deçà des seuils dans 90 % des cas, les concentrations de CO₂ dépassent fréquemment les seuils recommandés (800 ppm, voire 1500 ppm dans certaines classes), révélant un confinement élevé de l’air.

 

Aération manuelle  à l'école de Villersexel
Aération manuelle par entre bâillement des fenêtres à l'école de Villersexel
Peinture Colle
Peintures Colles pour activités scolaires
Mesure de CO² à l'école de Saint Barthélémy
Mesure de CO² à l'Ecole de Saint-Barthélémy

 

 

 

 

 

 

 

Des recommandations concrètes et ciblées

L’étude débouche sur des propositions concrètes à la fois techniques, organisationnelles et pédagogiques :

  • Rééquilibrage et entretien régulier des systèmes de ventilation existants ;
  • Révision des pratiques d’entretien (produits plus sains, suppression des sprays et désodorisants) ;
  • Protocole d’aération renforcé, partagé avec les usagers ;
  • Suivi en continu de la QAI grâce aux capteurs déjà en place ;
  • Sensibilisation des usagers (enseignants, personnel d’entretien, élèves) à la QAI et à l’aération.

Une méthode duplicable

Cette étude pilote, portée par l’agence d’Autun du Cerema, pose les bases d’une méthodologie duplicable dans d’autres territoires. Le PETR du Pays des Vosges Saônoises lui-même souhaite déjà étendre cette étude à six autres de ses établissements scolaires.

 L’étude illustre la capacité du Cerema à associer expertise bâtimentaire, métrologie et accompagnement des acteurs pour répondre aux défis de santé publique et de performance du patrimoine immobilier.