Entre le 18 octobre 2023 et le mois de février 2024, le département du Pas-de-Calais et une partie de la Somme et du Nord ont subi une vague de précipitations sans précédent, au regard des relevés effectués par Météo France depuis 1959.
Les dommages ont été considérables sur ce territoire très urbanisé, où l’agriculture occupe une place importante. L’Etat a mobilisé plus de 375 millions d’euros pour les sinistres dans le Nord et le Pas-de-Calais et lancé une réflexion collective sur les événements, le risque et la manière de réagir.
Cette démarche territoriale mobilise de nombreux acteurs et doit permettre à la fois une prise de conscience sur le risque et l’aménagement du territoire, en intégrant les acteurs économiques (agriculture et activités industrielles), tout en dessinant des pistes d’action pour construire un plan d’action qui sera le plan de résilience du département du Pas-de-Calais. Ce plan ne sera pas contraignant mais sera élaboré en concertation avec les acteurs du territoire.
Le Cerema présent à plusieurs échelles territoriales et temporalités
Prévention des risques
- Connaissance des aléas, notamment avec l’outil Agirisk
- Élaboration des aléas pour les PPRi
- Réduction de la vulnérabilité du bâti
- Culture du risque et formation des acteurs locaux
- Appui à l’élaboration des PICS
Juste après la crise
- Diagnostics d’urgence sur des ponts, routes et bâtiments impactés
- Réalisation rapide de fiches d’évaluation post-crise à destination des agents DDTM et CD62
- Analyse de risques géotechniques sur voirie et habitations suite à glissement de terrain dans le Boulonnais
Résilience territoriale et adaptation :
- Le Cerema a rejoint l’équipe d’experts placée auprès du Préfet délégué à la reconstruction dès décembre 2023
- Co-construction et déploiement de toute la phase RETEX et concertation préalable
- Élaboration du plan de "résilience territoriale" à long terme
- Appui à l’élaboration de stratégies locales d’adaptation +4°C
2/ Intervention d’urgence post-crise
Des ouvrages, infrastructures et bâtiments ont été impactés par les inondations. Le Cerema a été sollicité par différents acteurs (DIR, Conseil Départemental, DDTM) pour inspecter plusieurs ponts mis hors service, afin d’identifier les désordres. Les structures ont pu être impactées aussi bien sur des ouvrages en béton, à tablier métallique, qu’en maçonnerie, comme des affouillements, des parties de structure endommagées (chaînes d’angle, bandeau, culée...), des berges remblais érodés…
Des préconisations ont été formulées pour une dizaine d’ouvrages, notamment des opérations de surveillance et des études spécifiques à réaliser.
- Pour le CD62 et la DDTM, le Cerema a analysé les risques géotechniques sur la voirie et des habitations suite à glissement de terrain.
- Pour la DIR Nord, il a effectué l’étude de déformations et fissurations sur la RN42.
- Il est aussi intervenu pour la réparation de 4 zones de défense de berge endommagées sur le canal de l'Aa (Secteur de Saint Omer) en conception et suivi des travaux.
Outre les inondations par débordement de cours, les remontées de nappes phréatiques sur les sols de craie sont de plus en plus fréquentes et leur amplitude augmente.
3/ Résilience territoriale et adaptation
Après la crise, l’objectif est de réaliser un retour d’expérience précis qui permet à la fois d’en objectiver les impacts et d’identifier des actions pour améliorer la gestion de crise ainsi que la prévention des risques. Un comité ministériel de suivi des inondations a été mis en place par l’Etat avec la région et les collectivités, les acteurs socio-économiques et les opérateurs et services de l’Etat.
Le Cerema participe ainsi à l'équipe résilience en charge de suivre le Retex des phénomènes de 2023-2024 avec Céline Pelletier de la DITP. Il s’agit de construire la démarche de concertation "résilience" auprès des différents acteurs du territoire (élus, techniciens, services de l’État, habitants, collectifs) de façon à partager les enjeux pour le territoire, à prendre la mesure des vulnérabilités et l’interdépendance des phénomènes, d’avoir une vision commune de la situation actuelle et à venir. Ce travail préliminaire va servir de socle afin d’envisager les pistes pour renforcer la capacité de résistance du territoire à travers le plan de résilience du Pas-de-Calais.
Le Cerema a contribué à concevoir et mettre en œuvre la concertation initiée par le réseau de partenaires de la cellule RETEX [1]. Une consultation auprès des élus et des citoyens a été menée un an après les événements, afin de recevoir les contributions de 15 000 habitants du Pas-de-Calais, qui pouvaient répondre en ligne et participer à des ateliers dans différents territoires impactés afin de recueillir les doléances et les idées innovantes pour répondre aux futurs chocs.
Trois ateliers ont dans un premier temps réuni les élus du territoire pour envisager les solutions de résilience et identifier les axes de réflexion qui font consensus, les points de convergence ou de divergence sur la gouvernance. En effet, il y a une nécessité à refonder les pratiques agricoles, l’aménagement du territoire et la gouvernance de l’eau dans une perspective systémique, intégrant enjeux écologiques, économiques et sociaux.
Dans un deuxième temps, un atelier résilience a été organisé avec les agriculteurs, permettant de dégager des pistes d’action axées sur sur la complémentarité entre des solutions d’ordre technique (infrastructures, agroéquipements, irrigation…) et des changements de modèles plus profonds avec plus d’inertie (nouvelles variétés, diversification, relocalisation, adaptation).
Enfin, les habitants et les collectifs ont été réunis pour intégrer les préoccupations spécifiques des riverains impactés.
Cette réflexion collective a également permis à l’ensemble des parties prenantes de prendre la mesure des grands enjeux qui pèsent sur le territoire aujourd’hui comme demain, et de renforcer l’écosystème des acteurs autour du risque inondation. De nombreuses propositions ont pu être discutées et formulées, les interrogations, les difficultés ont été abordées, permettant de faire avancer collectivement sur la connaissance du territoire, du risque et des leviers d’action.
Les résultats de cette concertation ont fait l’objet d’un rapport de synthèse et ont été analysés pour alimenter la construction d’une feuille de route d’ici à la fin 2025.
Parmi les solutions proposées lors des ateliers :
Expert référent
Arnaud GANAYE (Cerema Hauts-de-France)
