Consommations et émissions CO2 des piscines publiques : le bilan
Très énergivores, les piscines publiques ont une consommation énergétique moyenne supérieure à 3 000 kWh/m² de plan d'eau [1], ce qui représente :
- 640 000 euros/an/piscine,
- jusqu'à 10 % de la consommation énergétique totale d'une commune
- une consommation d'énergie par m² 5 à 10 fois supérieure à celle d'un bâtiment tertiaire classique.
En fonction du mix énergétique de la piscine, les émissions de GES peuvent représenter entre 400 à 800 kgCO2/m² de plan d’eau par an, ce qui peut sensiblement alourdir le bilan carbone communal.
Par ailleurs, 40% des piscines publiques ont plus de 40 ans : certains défauts de conception des bâtiments (surfaces vitrées importantes, hauteurs sous plafond excessives, etc.) et une gestion énergétique parfois inadaptée faute d’instruments de suivi (absence de régulation automatique, surchauffe fréquente des locaux, fonctionnement continu sans modulation selon l'occupation) viennent alourdir la facture.

La consommation d'eau va environ de 150 à 300 litres par baigneur et par jour, et fait des piscines le premier poste de consommation d'eau des collectivités qui en sont équipées.
Un cadre réglementaire exigeant, mais les solutions existent !
- Le cadre réglementaire, et la hausse des prix de l’énergie, poussent à l'action et les solutions existent, mais les décideurs manquent de retours d’expérience et d’indicateurs pour choisir les solutions alliant performance technique mais également enjeux de confort pour les usagers et de maintien de la qualité du service public.
- Ces réglementations sont une opportunité pour réduire massivement les consommations énergétiques et les coûts pour les collectivités.
| Thème | Réglementation / Obligation | Cible | Échéances / Valeurs de référence | |
|---|---|---|---|---|
| Energie | Décret Tertiaire (Décret n°2019-771 du 23/07/2019) | Piscines et centres aquatiques ≥ 1 000 m² (surface hors œuvre nette), ou inférieurs à 1000 m² et situés dans une unité foncière supérieure à 1000 m² |
| |
| Décret BACS (Building Automation and Control Systems) | Installation de systèmes de régulation et GTB (Gestion Technique du Bâtiment) performants pour optimiser les consommations énergétiques | Obligation progressive pour les bâtiments tertiaires, incluant les piscines > 1 000 m² | ||
| Eau | Apport d’eau neuve (Code de la santé publique / Règles sanitaires) |
| En pratique, la consommation varie entre 80–180 L/jour/baigneur selon les piscines | |
| Qualité de l'air | Renouvellement d’air (Règles sanitaires) | Débit minimal réglementaire : 22 m³/h/baigneur | En pratique, souvent dépassé (jusqu’à 60 m³/h/baigneur), ce qui impacte l’évaporation et la consommation d’eau | |
| Code du sport (Articles D.322-11 à D.322-17) | Surveillance des conditions sanitaires (température, humidité, traitement de l’air) pour éviter les surconsommations énergétiques liées à un déséquilibre thermique |
| ||
| EnR et sobriété | Loi ELAN (2018) et Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) | Incitation à réduire l’empreinte carbone via : - Rénovation des bâtiments (isolation, EnR) - Remplacement des énergies fossiles (gaz, fioul) par des EnR (géothermie, solaire thermique, pompes à chaleur, etc.) | Potentiel de réduction de 30 à 60 % de la consommation de gaz/électricité avec les EnR | |
Un groupe de travail pour évaluer leur performance, leur coût et leur complexité de mise en œuvre
Ce groupe de travail et la réalisation d'un guide technique en 2026 apporteront des outils aux décideurs pour déployer des solutions plus performantes, plus rentables socialement acceptables, en fonction du type de piscine. Ce groupe de travail étudiera des retours d'expérience en situation réelle pour mieux connaître les pratiques des exploitants, les solutions techniques et organisationnelles mises en œuvre et leur performance, ainsi que connaître les données de consommation en fonction de grandes typologies de piscines (surfaces et types d’activités). Un travail sera aussi mené pour identifier les dispositifs d'aides existants.
Les actions à mener pour améliorer la performance des piscines en termes de consommations peuvent être réparties dans plusieurs catégories :
- Mesures sans investissement, à échéance courte de 0 à 2 ans : par exemple l'adaptation des équipements techniques à la fréquentation, planifier les créneaux d'ouverture selon fréquentation, adapter l'exploitation des équipements à la fréquentation, planifier les créneaux d'activités au plus près de la fréquentation et des publics, ou sensibiliser le personnel et les usagers aux bonnes pratiques.
- Gestion technique : déployer des systèmes de gestion technique de bâtiment (GTB) complets, intégrant la télé-relève.
- Isolation et enveloppe du bâtiment : par exemple installer des couvertures thermiques pour les bassins, renforcer l’isolation thermique de l’enveloppe.
- Equipements de chauffage et déshumidification : déshumidification thermodynamique, chauffage par bois énergie, géothermie, raccordement à un réseau de chaleur urbain, pompes à chaleur, ou encore solaire thermique.
- Récupération de chaleur : récupération de chaleur sur l'air extrait et les eaux usées, isolation des échangeurs à plaque.
- Gestion du traitement de l'eau : changement des médias filtrants, modulation de l'apport d'eau neuve selon la fréquentation réelle.
La synthèse :
Ces informations sont synthétisées dans un document destiné aux gestionnaires :
[1] D’après le Ministère en charge des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, "Plan de sobriété énergétique du sport", 2022.

