Ce séminaire était le troisième organisé sur la place de la résilience dans la recherche de sécurité globale des territoires. Les précédents se sont tenus respectivement en septembre 2016 et octobre 2017.
Il fait suite aux premières Assises de la sécurité globale des territoires, organisées par le ministère en charge de l’Écologie (SDSIE) à Lyon en mai 2018.
L’objectif de ce troisième séminaire était une nouvelle fois de travailler sur des cas concrets pour en dégager des enseignements. Les échanges et analyses effectués ont bénéficié de regards scientifiques.
Les échanges étaient axés sur quatre grands défis :
Sécuriser les territoires eu égard aux défaillances des systèmes techniques,
La nature comme composante majeure de l’aménagement urbain résilient
Faire des risques une composante active de la résilience des territoires et des infrastructures
Assurer une prise en charge coordonnée des grands enjeux.
Les actes de ce séminaire viennent d’être publiés. Le document est structuré autour des quatre défis précités. Il est enrichi de contributions apportées par les participants.
Sécuriser les territoires eu égard aux défaillances des systèmes techniques
Ces dernières années, l’actualité a mis en évidence la survenue de désordres majeurs liés au dysfonctionnement voire à la rupture accidentelle de systèmes techniques (défaillance d’un transformateur à la gare Montparnasse, ouragans, attaques informatiques…).
Pour autant, aux différentes échelles de territoire, la place des systèmes techniques est rarement interrogée dans une analyse globale des risques. Cette analyse est cependant nécessaire sous l’angle de la viabilité des territoires et de leur sécurité globale, les différents sujets étant étroitement liés.
Deux études de cas ont été traitées.
La première a examiné la résilience des quartiers d’habitation exposés à des ruptures d’approvisionnement en énergie, en eau ou en produits alimentaires. Après le passage de l’ouragan Irma le 5 septembre 2017, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont subi entre autres la rupture de l’alimentation en eau potable, la coupure de l’électricité et la perte totale des réseaux de téléphonie fixe et mobile. Des questions se posent : Quelles devraient être les capacités locales d’autonomie d’un territoire ? Est-ce envisageable de se fixer des objectifs dans ce domaine ?
La seconde étude a abordé le cas des vallées isolées par un aléa naturel, comme ce fut le cas en 2015 en Isère, lors du glissement du Chambon. La route départementale 1091 a été coupée plusieurs mois alors qu’elle dessert plusieurs communes de l'Isère et des Hautes-Alpes, et la station des Deux-Arcs (Isère), assure les liaisons avec le bassin d’emplois de Vizille et vers Briançon.
Deux façons d’affronter la défaillance des réseaux ont ainsi été considérées, aussi bien en milieu urbain que rural : réduire leur vulnérabilité et anticiper leur défaillance est toujours possible.
Le besoin d’un cadre national de référence pour améliorer la résilience des territoires face aux défaillances des réseaux a été identifié. Il apparaît également que la mise en place de stratégies impliquant en amont les acteurs du territoire est nécessaire pour se prémunir au mieux.
La nature comme composante majeure de l’aménagement urbain résilient
Comment développer la résilience des écosystèmes urbains alors que le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont désormais au cœur des défis des territoires ? Comment lutter contre l’élévation des températures, s’adapter au réchauffement à l’œuvre et conserver un monde vivant dont l’homme est un maillon tributaire des autres ? Assurer une sécurité globale des territoires nécessite d’apporter des réponses à ces questions, portant sur des sujets d’ampleur planétaire mais dont les conséquences sont très locales.
Deux études de cas ont servi de support à la réflexion.
La première concernait la démarche de l’agglomération de Metz pour développer la présence de la végétation au bénéfice des habitants. Le logiciel SESAME (Services écosystémiques rendus par les arbres modulés selon l’essence), développé par le Cerema, la ville de Metz et Metz Métropole, propose une aide au choix des espèces d’arbres et d’arbustes à utiliser en milieu urbain.
La seconde étude de cas abordait de façon globale les modalités d’aménagement en considérant une relation accrue à la question de l’eau (de la sècheresse à l’inondation torrentielle) et en valorisant les écosystèmes. Elle a permis de traiter de la conception et des composantes d’un tel aménagement. Elle a montré la nécessité d’inclure cette démarche dans une stratégie de territoire pragmatique permettant de recueillir l’adhésion des élus et de la population sur des objectifs de long-terme.
Faire des risques une composante active de la résilience des territoires et des infrastructures
Concilier aménagement et risques a permis le développement des territoires. Au 20e siècle, l'attention s’est focalisée sur la limitation des aléas, avant que des restrictions n'interviennent sur l’usage des sols.
Aujourd’hui, la gestion des risques recouvre des aspects multiples:
- maîtrise du risque,
- protection contre les aléas,
- interdiction ou de réglementation de l’usage des sols,
- indemnisation des sinistres,
- aménagement spatial
- gestion de crise.
Toutefois, ces dispositions ne suffisent pas encore à empêcher les catastrophes. Changeant éventuellement de forme et de nature, celles-ci révèlent à la fois l’intérêt et les limites des dispositifs préexistants… Ajouter de nouveaux dispositifs règle des problèmes particuliers, mais accroît également la complexité de l’ensemble.
Dans une recherche de sécurité globale, il est devenu souvent plus opérant d’intégrer les risques comme une composante à part entière de la gestion et de l’aménagement des territoires, en les considérant non comme des contraintes, mais comme des données constitutive de projets de territoire ou d’aménagement.
Trois études de cas ont servi de support à la réflexion.
La première concernait la vallée de la chimie au sud de l’agglomération lyonnaise. Sous l’impulsion de la Métropole de Lyon, des industriels et des partenaires publics et privés, sensibles aux enjeux économiques, industriels et environnementaux, ont lancé un appel à projets – l’Appel des 30 – dont le principal objectif était de valoriser, d’ici 2030, 30 hectares grevés par les servitudes du Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT), en privilégiant les activités axées sur la chimie, l'énergie, l'environnement et les cleantech.
Très fructueux, cet Appel des 30 a permis l’émergence de projets participant à la transition écologique et énergétique de la métropole et au maintien de l'emploi.
La deuxième étude portait sur le cas de Semarang, territoire indonésien très urbanisé et peuplé – 1,5 million d’habitants – de la Province de Java Centre, qui s’est développé en direction du littoral sur des terrains sédimentaires non consolidés du quaternaire. Du fait de l’urbanisation, ce territoire subit dans sa bande côtière les effets de la subsidence, c’est-à-dire du tassement des sols, conjuguée à une forte érosion marine et à une rehausse du niveau marin. L’engagement d’une démarche de résilience du territoire est envisagée.
La troisième étude concernait l’adaptation des infrastructures de transport au changement climatique en comparant les méthodes de diagnostic développées en France, en Allemagne et en Angleterre. Cette comparaison met en évidence les enjeux liés à la prise en charge anticipée de processus parfois considérés, à tort comme lents comme celui du changement climatique.
Les travaux menés ont en particulier mis l'accent sur l’importance de mettre en place des stratégies de long terme, itératives et actualisables régulièrement, vulgarisées, là où souvent les réponses sont apportées "au jour le jour" ou "au cas par cas", sans vision d’ensemble et projection lointaine.
Assurer une prise en charge coordonnée des grands défis
Les problématiques diffèrent selon le type de territoire. Les territoires métropolitains doivent souvent affronter des problèmes de croissance dans des espaces contraints par les risques. Les territoires à dominante rurale ou industrielle sont fréquemment confrontés aux conséquences dommageables de la décroissance démographique. Comment abordent-ils alors la résilience ?
Si la question de la résilience nécessite d’être posée distinctement pour chaque grand défi auquel un territoire ou une métropole est confronté, cette question se pose aussi plus globalement, car les défis interfèrent entre eux. Comment aborder cette question de façon globale tout en traitant les spécificités de chaque enjeu ?
La réflexion a été abordée à partir du cas de la sécurité alimentaire des grandes métropoles comme celle de Lyon. Cette approche thématique a montré la diversité des sujets concernés. Elle a également débouché très vite sur des questions transversales : santé des populations, rôle de l’agriculture péri-urbaine, transport, etc.
Il est ressorti des discussions que la résilience des métropoles devait être réfléchie avec celle de leurs territoires proches.