Cette démarche s’inscrit dans le cadre du Réseau Planif Territoires (piloté par la DGALN), dans un contexte marqué par des exigences fortes comme la Loi Climat & Résilience, les objectifs Zéro Artificialisation Nette (ZAN) et la trajectoire Bas Carbone.
Une démarche par étape et collective
Face à la complexité croissante des enjeux territoriaux, il apparaît indispensable que les collectivités locales développent non seulement des savoir-faire techniques, mais aussi des compétences relationnelles, stratégiques et organisationnelles. Pour cela, le Cerema et le CNFPT ont choisi une approche progressive et collective, impliquant élus, techniciens, experts et consultants. Ainsi, dès novembre 2023, près de 100 participants issus de profils variés (métropoles, communautés urbaines, services de l’État, bureaux d’études…) ont contribué à travers différents ateliers, à co-construire un référentiel partagé des compétences nécessaires à la planification territoriale moderne.
Le "portrait-robot" du / de la chargée de mission planification en collectivité territoriale
Dans un premier temps, ce travail collaboratif a abouti à un "portrait-robot" du chargé de mission planification, soulignant que la production des documents d’urbanisme est avant tout un effort collectif : le "mouton à 5 pattes" n’existe pas, il n’y a pas de profil unique capable de tout faire. La réussite repose sur une pluridisciplinarité forte, impliquant coordination, communication fluide et reconnaissance mutuelle des rôles.
Trois catégories de compétences ont alors été identifiées :
- Indispensables : capacité à susciter la coopération territoriale, impliquer les élus, connaître la réglementation urbanisme-environnement, piloter les procédures, maîtriser les outils SIG
- Essentielles : compétences complémentaires qui renforcent le socle de base, couvrant davantage le champ pré-opérationnel (supervision des prestataires, observatoires, cahiers des charges de consultation, enjeux thématiques)
- Facilitatrices : savoir-être comme l’animation, la pédagogie, l’accompagnement à la décision.
Traduire et décliner les compétences en actions concrètes
Au-delà de la théorie, les ateliers suivants se sont intéressés à la traduction opérationnelle de ces compétences sur le terrain. Ils ont mis en lumière des difficultés récurrentes : mobiliser politiquement les élus, gérer les contraintes budgétaires, accéder aux moyens d’ingénierie, ou encore animer la participation citoyenne, quel que soit le type de collectivité. Une carte mentale a été créée pour décliner concrètement les compétences, servant de base pour les travaux en atelier.
Il est également apparu nécessaire de renouveler l’ingénierie territoriale à travers les méthodes employées, afin de mieux accompagner les transitions environnementales et sociétales, en capitalisant sur les initiatives innovantes et en favorisant l’inspiration mutuelle.
Un recueil pratique pour accompagner les acteurs
A l’issue de cette démarche collective, un recueil structuré autour de 11 grandes compétences a été élaboré. Chaque compétence fait l’objet d’une fiche pratique standardisées (format A4 recto-verso) afin d’en faciliter la lecture, dont le contenu issu des travaux en atelier est non prescriptif, mais évolutif et inspirant.
Le recueil est organisé selon 3 grands axes :
- Relation aux élus : clarifier les objectifs pour servir le projet de territoire
- Dialogue et écoute : intégrer toutes les parties prenantes pour favoriser une planification de projet
- Renouvellement technique : rendre opérationnelle la trajectoire d’adaptation territoriale
Les fiches comprennent les éléments suivants :
- Un titre clair
- Des éléments de développement de la compétence
- Des actions et leviers pour la mise en œuvre
- Des déclinaisons opérationnelles concrètes
- Des freins à lever et des obstacles à anticiper
- Des recommandations
- Des pratiques inspirantes / retours d’expériences
La transversalité, clé de la planification territoriale moderne
Un enseignement majeur ressort de la démarche : la transversalité au cœur des compétences. C’est la clé de voûte de la planification territoriale moderne. La capacité à travailler ensemble, à croiser les regards techniques, politiques et sociaux, et à articuler ces différentes dimensions constitue une « compétence de synthèse » essentielle pour relever les défis actuels et futurs.
Conclusion : vers une ingénierie territoriale renouvelée
Cette démarche a permis de montrer la nature exigeante et durable de la planification, qualifiée d’exercice d’endurance pour lequel il faut maintenir énergie et enthousiasme dans la durée, dépassant la simple formalité administrative pour tendre vers un véritable projet de territoire partagé.
Comment l’exercice de la planification peut-il s’adapter aux enjeux actuels ? Cette interrogation invite à repenser méthodes, outils et modalités de collaboration entre acteurs, pour mieux répondre aux ambitions futures. Le recueil vise donc à traduire concrètement la mise en œuvre opérationnelle des compétences identifiées, en appui sur des retours d’expériences et pratiques inspirantes de collectivités.
Enfin, ces travaux ont mis en lumière l’importance du travail coopératif et pluridisciplinaire, associant compétences techniques, relationnelles et stratégiques, pour réussir la planification territoriale face aux importants défis de sobriété foncière et de résilience territoriale. Ils ouvrent la voie à une ingénierie territoriale renouvelée, mieux armée pour accompagner les collectivités dans leurs transitions environnementales et sociétales.
Contact Cerema
David-Marie Vailhé – Chef de projet Stratégies territoriales et foncières