19 décembre 2019
Covoiturage
© Arnaud Bouissou – Terra
Le 3 décembre dernier, la cellule Pays de la Loire de France Mobilités organisait sa première rencontre consacrée au covoiturage domicile-travail.

Des enjeux de définition 

Cette journée a été l’occasion de mettre en avant que la définition du covoiturage peut être multiple : certains potentiels utilisateurs peuvent avoir l’impression que le covoiturage c’est tous les jours, tout le temps, ce qui peut freiner leur engagement. En réalité, le covoiturage peut être une pratique régulière mais pas pour autant systématique, une définition qui peut lever certaines réticences chez les usagers.

On voit également que des questions se posent sur les notions de covoiturage de courte distance ou de longue distance : où place t’on la limite ? Surtout quand il s’agit de déplacement pour se rendre au travail : certains déplacements peuvent être longs (plus de 80 km) comme plusieurs exposés l’ont montré. Les contraintes des usagers, mais aussi les arguments en faveur du covoiturage peuvent être assez différents selon les distances parcourues, les motifs, etc.

Il ressort aussi un enjeu à mieux connaître, comptabiliser la pratique du covoiturage et à évaluer son usage. Les enquêtes ménages déplacements et surtout les mesures de part modale ne sont peut-être pas les meilleurs outils pour le faire, et il y a une réflexion à mener sur la façon de bien comptabiliser le covoiturage : quels critères, quels outils de mesure.

 

Le covoiturage comme service

voie réservée au covoiturage
Voie réservée aux bus et au covoiturage

La journée a fait apparaître que le covoiturage est bien un service de mobilité qui dit être complémentaire aux autres offres, notamment de transports en commun. Il est particulièrement intéressant pour faire les derniers kilomètres, dans des territoires peu denses dans lesquels les offres de transport en commun sont moins pertinentes, ou bien comme outil d’insertion pour faciliter la mobilité de ceux qui ne disposent pas d’accès à la voiture.

Pour garantir ce service, l’enjeu d’une interopérabilité des plateformes de mise en relation des covoitureurs a été souligné (Ouestgo vise en particulier à cela), afin d’éviter la concurrence, l’émiettement de l’offre, et d’atteindre ainsi la masse critique.

Le covoiturage comme service de mobilité peut servir des objectifs différents : solidarité, report modal, etc. ce qui suppose des outils et des positionnements du service différents.

 

Des enjeux multiples

Différents enjeux relatifs aux mobilités ont été balayés durant les présentations :

  • des enjeux territoriaux d’abord (le covoiturage constitue une alternative de mobilité pertinente pour les périphéries qui sont moins bien équipées que les centres ; il répond à certains besoins en l’absence d’autres accès, etc.),
  • des enjeux sociaux autour notamment des problématiques d’entraide et d’insertion ;
  • des enjeux numériques enfin car le covoiturage est très souvent associé à Internet, aux applications, smartphones, etc. Pourtant, il faut tenir compte de la fracture numérique qui recoupe en partie des enjeux territoriaux d’accès à internet (zones blanches) et imaginer donc d’autres solutions de mise en relation de covoitureurs que du tout numérique.

Le lien avec le numérique renvoie également à un enjeu autour de la gestion des données personnelles.

 

Un travail collectif

Tous les exposés de la journée montrent que le développement du covoiturage est un travail de co-construction, de partenariat entre différents acteurs :

  • les collectivités : elles sont d’autant plus impliquées que la LOM offre désormais un cadre légal et institutionnel favorable au développement du covoiturage. Ainsi les collectivités peuvent s’appuyer sur ce cadre pour asseoir et légitimer leurs actions ;
  • des opérateurs ou des « activateurs » de covoiturage ;
  • des entreprises, acteur central pour le domicile-travail ;
  • des usagers, qu’il s’agit d’amener vers le covoiturage…

 

Ah les usagers !

panneau de covoiturageBeaucoup d’interventions ont porté sur les différentes manières d’intéresser l’usager à la pratique, d’aller le chercher. Au-delà des phrases un peu incantatoires « il suffit de… », il apparaît qu’il n’est peut-être pas si simple d’amener les gens vers le covoiturage.

Les perceptions de la pratique, les motivations et les freins ne sont pas univoques : pour certains, la rencontre, l’échange et la convivialité sont attractifs, pour d’autres non… Pour certains, l’argent va être une motivation importante, pour d’autres ce sera l’entraide, etc. Il semble donc difficile de n’avoir qu’un seul discours, une seule vision des choses.

Il y a beaucoup d’idées reçues à combattre, à faire tomber : les questions de sécurité, la potentielle captivité de l’usager dans cette pratique, etc.

On a entendu parler de « conversion », d’ « évangélisation » qui disent les fortes motivations à faire évoluer les comportements, et pourtant quand on parle de foi, de croyances, on ne s’adresse qu’aux représentations, aux opinions, aux croyances des personnes sur leur mobilité. Or, le covoiturage est aussi une pratique du quotidien, donc il est aussi important de réfléchir aux contraintes concrètes, comment le covoiturage s’insère dans les agendas, les différentes dimensions spatio-temporelles du quotidien des individus.

Il ne s’agit pas seulement d’outils techniques, numériques ou non, mais aussi d’humain avec toute la complexité que cela recouvre. Il n’y a donc pas de recette simple ou unique pour encourager à la pratique du covoiturage.

 

Dans la lignée de l’importance de l’humain, force est de constater l’importance de la présence humaine dans le développement des pratiques de covoiturage, notamment autour de l’animation, de la communication qui semblent essentiels pour faire face aux idées reçues et transformer les pratiques.

 

En conclusion, cette journée aura permis de donner une vision plurielle du covoiturage domicile-travail, de son cadre, de ses freins et des actions à mener pour le favoriser, sans créer de discours trop élimé, trop simpliste. Les interventions ont permis via leur qualité de prendre conscience de la réalité des subtilités à intégrer pour traiter le sujet de manière cohérente.

 

Besoin d'appui adapté sur la thématique covoiturage domicile-travail ?

La Cellule appelle les territoires souhaitant suite à ce premier temps approfondir la thématique avec un projet, à lui en faire part pour qu'elle puisse envisager un appui adapté dès 2020. Vous pouvez le faire dès aujourd'hui via le lien qui suit si votre réflexion est déjà avancée, ou profiter des retours de la journée pour la mûrir et répondre en ligne ensuite, avant fin décembre 2019.

Dans le dossier Covoiturage : le dossier du Cerema

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