4 juin 2025
Stationnement sous des arbres
Cerema
On connaît les difficultés à agir sur le stationnement. C’est particulièrement vrai dans les villes de taille moyenne, alors même que les problèmes rencontrés y sont réels. En 2024, le Cerema Centre-Est a réalisé, en partenariat avec quatre collectivités adhérentes, des expertises de terrain afin de mieux connaître et comprendre le fonctionnement, les usages et les enjeux du stationnement et d’identifier des actions permettant de mieux y répondre.

S’il constitue un levier éminemment stratégique des politiques de mobilité et d’aménagement, le stationnement demeure un sujet particulièrement sensible voire polémique. En écho à cette dimension, il apparaît que les problématiques rencontrées en matière de stationnement souffrent d’un manque de connaissance qui nuit à l’engagement de politiques volontaristes : mieux connaître l’offre dans toutes ses dimensions, son fonctionnement, ses usages, la nature et l’origine des problèmes rencontrés ainsi que leurs impacts constitue alors un enjeu essentiel pour toute collectivité locale.

 

Un partenariat mené avec quatre villes pour les accompagner dans l’action

Les villes de taille moyenne ne font pas exception à cette règle. Elles présentent en outre certaines spécificités qui, par rapport aux grandes villes, rendent plus délicate et plus complexe la conduite de politiques ambitieuses de réduction de la place accordée à la voiture en stationnement : des alternatives à la voiture particulière moins présentes et moins performantes, des habitudes de mobilité qui rendent plus difficiles l’introduction de contraintes à son usage ou encore une sensibilité accrue à la préservation de facilités de stationnement qui apparaissent notamment indispensables à la préservation de la vitalité commerciale ou résidentielle de centres-villes fragilisés.

Souvent confrontées à des situations où l’offre de stationnement peine à répondre à la demande, où le stationnement a envahi l’espace public au détriment d’autres fonctionnalités et d’autres usages, et où les nuisances qui en résultent sont patentes pour la ville et ses habitants, les villes moyennes ont néanmoins plusieurs bonnes raisons de mieux organiser et de réguler le stationnement automobile  : offrir un cadre de vie plus accueillant et de meilleure qualité, valoriser les autres formes de mobilité ou encore optimiser l’utilisation des dispositifs de stationnement en lien avec les usages qu’on souhaite prioriser.

Pour aider à ce passage à l’acte, il est utile d’identifier les marges de manœuvre et les moyens d’action à la disposition de la collectivité. C’est la raison pour laquelle le Cerema Centre-Est a lancé en septembre 2023 un appel à partenariat intitulé "Expertisons le stationnement pour mieux l’organiser dans le cadre de politiques de mobilité et d’aménagement durables" auprès des communes de sa zone d’action. Il s’est concrétisé par un travail mené en 2024 avec les villes d’Aurillac, de Mâcon, de Riom et de Valence. Ce travail a permis de sensibiliser les acteurs locaux aux enjeux et aux leviers des politiques de stationnement, et de tester des méthodes protéiformes de diagnostic terrain afin de mieux comprendre les dysfonctionnements et d’identifier des pistes d’action.

 

Des problématiques de stationnement diversifiées à l’interface des questions de mobilité et d’aménagement de l’espace public

Dans chacune de ces villes, l’objectif était d’apporter des réponses opérationnelles à un enjeu de stationnement spécifique identifié sur un secteur. Selon les cas, ces problématiques interrogeaient plus particulièrement la place de la voiture en stationnement sur l’espace public ou la régulation de l’accès à certains lieux et à certaines zones. Elles renvoyaient alors à différentes questions auxquelles les diagnostics terrain ont cherché à répondre :

 

  • Comment fonctionne l’offre de stationnement dans toutes ses dimensions – privée, sur voirie, en parc public ? Comment les usagers se répartissent-ils entre ces différents volets de l’offre et selon quelle logique ?
  • Dans quelle mesure peut-on faire évoluer l’offre de stationnement sur voirie en transformant des places existantes au profit d’une requalification de l’espace public ? Quel sera l’impact de cette transformation et qui seront les usagers touchés ?
  • Quelle utilisation de l’offre de stationnement en gare et à proximité en lien avec le fonctionnement d’un pôle d’échanges multimodal ? Correspond-elle à une organisation optimale des conditions d’accès à la gare et à un bon fonctionnement des quartiers alentours ?
  • Quelles pratiques de stationnement des habitants d’une zone piétonne et des autres usagers participant à son activité ? Quelles possibilités d’accès automobile à cette zone et quelles incidences sur le fonctionnement de la zone ?

Des diagnostics terrain combinant différents types de recueils de données pour connaître et comprendre

Pour répondre au mieux aux problématiques posées, des diagnostics terrain "flash" ont été menés par le Cerema en partenariat avec la collectivité. La conception des protocoles d’enquête terrain s’est faite sur la base des principes suivants :

  • Dépasser une vision uniquement centrée sur l’offre de stationnement, cherchant simplement à savoir si son volume se révèle suffisant pour répondre à l’ensemble des demandes potentielles, pour adopter une approche fondée sur l’usage qui en est fait ;
  • Rattacher autant que possible les pratiques de stationnement aux motifs de présence dans le secteur enquêté mais aussi aux lieux d’origine et de destination des automobilistes ;
  • Comprendre la façon dont les pratiques se forgent, les logiques qui sont à l’œuvre, les besoins et les attentes qu’elles recouvrent, mais aussi les alternatives qui pourraient éventuellement être adoptées par les usagers.

Sur chaque site, le diagnostic terrain a ainsi donné lieu à une combinaison de plusieurs types d’enquêtes et de recueils de données : comptages et enquêtes quantitatives, enquêtes qualitatives sur le stationnement et auprès d’usagers de différents lieux, ou encore observations des pratiques et expertise des conditions de déplacements propres à différents modes.

 

Diagnostic

 Ces expérimentations ont conduit à mettre en exergue :

 

  • L’importance de la connaissance qui peut être produite à partir d’un diagnostic terrain mené sur une seule journée, dès lors que le choix du jour et des horaires d’enquêtes a bien pris en compte la nature de la question à traiter ;
  • L’intérêt de combiner des approches quantitatives permettant de mesurer certains phénomènes, comme l’occupation de l’offre de stationnement ou le type d’usagers occupant les places aux différentes heures de la journée, avec des approches plus qualitatives aidant à comprendre les pratiques et les facteurs qui en sont à l’origine ;
  • La nécessité de réaliser des enquêtes et des recueils de données qui dépassent le cadre strict des questions de stationnement. Tout en abordant les questions de stationnement de manière spécifique et avec soin, les diagnostics terrain se sont intéressés plus largement aux questions de mobilités (piétonne, cycliste ou en transport en commun) et d’aménagement de l’espace public. Cette transversalité répond à la diversité des actions qui sont à même de répondre aux problèmes de stationnement posés aux collectivités.

Une aide à la décision qui a permis d’identifier divers leviers d’action

En aidant à mieux comprendre les problèmes et leurs causes, à identifier les dysfonctionnements et les pratiques qui en sont à l’origine mais aussi les opportunités et les pistes de progrès, les diagnostics terrain constituent de précieux outils d’aide à la décision, permettant de formuler des propositions d’action adaptées à chaque situation. En l’espèce, ils ont notamment permis d’identifier :

  • Que les phénomènes de saturation ne sont pas uniquement le résultat d’une offre insuffisante mais peuvent être davantage liés à un mésusage des places offertes, à une absence de régulation ou à un problème de respect de la réglementation mise en place ;
  • Que les facilités de stationnement automobile ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte dans l’aménagement d’un quartier dont on souhaite préserver l’attractivité résidentielle ou commerciale ;
  • Qu’il est possible de proposer d’autres modalités d’accès à certaines zones et que les usagers peuvent, à certaines conditions, accepter un relatif éloignement des lieux de stationnement en travaillant en parallèle sur la marchabilité des espaces urbains. En effet, la lisibilité, la visibilité, la sûreté, le confort, etc. sont autant de facteurs qui peuvent rendre l’expérience de la marche plus agréable ;
  • Que des marges de manœuvre existent pour opérer une transformation des places de stationnement existantes et travailler à un meilleur partage de l’espace public et à une amélioration globale de sa qualité qui profite à l’ensemble des usagers.
Ville de Mâcon