Un guide technique de la ville perméable, disponible sur CeremaDoc, présente aux services et directions de la collectivité les leviers pour intégrer cette ambition de la ville perméable dès la conception des projets.
Construire une stratégie "ville perméable"
Le territoire méditerranéen de la Métropole Nice Côte d’Azur est confronté à une pression climatique croissante : sécheresses prolongées, orages violents et ruissellements intenses s’enchaînent avec une intensité accrue. Dans ce contexte, l’héritage d’une urbanisation largement imperméable, issue d’une vision hygiéniste du XIXe siècle, montre aujourd’hui ses limites. Pensée pour évacuer rapidement l’eau de pluie via des réseaux unitaires, cette gestion "tout-à-l’égout" aggrave désormais les risques : débordements, inondations, pollution des milieux naturels par les déversoirs d’orage, sans parler des coûts élevés d’entretien des infrastructures.
Mais au-delà des infrastructures, c’est un fonctionnement écologique que cette logique compromet : elle empêche l’eau de s’infiltrer, freine la recharge des nappes phréatiques et amplifie les îlots de chaleur en ville. À Nice, la topographie escarpée, l’intensité de l’urbanisation et la vulnérabilité des milieux naturels rendent ces impacts encore plus critiques. Les réseaux d’assainissement, souvent saturés lors de fortes pluies, rejettent alors des effluents non traités, avec des conséquences à la fois environnementales, sanitaires et réglementaires.
Face à ce constat, la Métropole a engagé une transition vers une Gestion Intégrée des Eaux Pluviales (GIEP), qui repose sur des principes simples et vertueux : favoriser l’infiltration à la source, désimperméabiliser les sols, ramener la nature en ville et faire de l’eau une ressource, non plus un déchet. Cette nouvelle approche permet de limiter les risques, de réduire les coûts, et surtout de renforcer la résilience du territoire face au changement climatique — tout en apportant plus de fraîcheur, de biodiversité et de qualité de vie aux habitants.
C’est dans cette optique que la Métropole Nice Côte d’Azur (MNCA), en collaboration avec l’Agence d’Urbanisme Azuréenne et EAU d’AZUR, a lancé l’élaboration d’une stratégie "Ville perméable". Identifiée comme une action phare du contrat de Métropole 2022-2024 avec l’Agence de l’eau, reconduite dans le contrat 2025-2030.
Regards croisés sur la démarche
Le Cerema :
Dans un contexte de transition écologique, la gestion des eaux pluviales en milieu urbain s'impose aujourd'hui comme un enjeu majeur pour les collectivités locales, qui nécessite une approche intégrée et systémique. Face à l’intensification des phénomènes climatiques tels que les sécheresses, les inondations ou encore les épisodes de surchauffe urbaine, il devient urgent de repenser nos modes de gestion de l’eau en ville en articulation avec tous les autres enjeux de l’aménagement. Le Cerema se positionne sur ce sujet de la gestion intégrée des eaux pluviales, en accompagnant les collectivités qui travaillent sur cette thématique – comme la Métropole Nice Côte d’Azur, en participant à la diffusion de ressources (Gestion durable des eaux pluviales | Eau et ville), à l’animation des dynamiques de partage de connaissance et retours d’expériences (Réseau francophone des animateurs territoriaux eaux pluviales - Expertises Territoires), et en développant des méthodes et outils à la pointe de la recherche (TEAM : Transferts et interactions liés à l'eau en milieu construit | Cerema).

Pourquoi cette demande de la part de la Métropole Nice Côte d’Azur était intéressante pour le Cerema ?
La demande d’accompagnement de la Métropole Nice Côte d’Azur, adhérente au Cerema, articulait des besoins techniques, méthodologiques, réglementaires et organisationnels et d’animation de dynamique collective. L’enjeu était d’initier une démarche de capitalisation et de retours d’expériences opérationnelles autour de projets intégrant la gestion intégrée des eaux pluviales. Il s’agissait également d’identifier les freins existants et d’y répondre en élaborant un guide méthodologique – adapté aux spécificités des process de travail de l’équipe – pour soutenir l’approche transversale intégrant la GIEP.
Pour répondre à ces besoins, nous avons mobilisé différentes méthodes, et c’est cela qui a aussi fait l’intérêt fort de cet accompagnement : entretiens semi-directifs avec les pilotes de projet pour décortiquer les process projets et les leviers/freins de la GIEP à chaque étape, points réguliers sur le contenu et la structuration du guide avec les acteurs du COPIL – et notamment le service GEMAPI, atelier d’intelligence collective avec les membres du COPIL et l’équipe "espaces publics et infrastructures" pour challenger le contenu du guide et en animer l’appropriation. Ce diagnostic des pratiques internes, alimenté par les nombreux échanges avec les différents services (cycle de l’eau, GEMAPI) et les structures (Agence d’Urbanisme Azuréenne, régie métropolitaine de l’eau et de l’assainissement Eau d’Azur et Agence de l’eau) croisé avec un travail bibliographique important a ainsi permis de bâtir un premier référentiel technique et méthodologique concret, qui a maintenant vocation à évoluer.
Pour accompagner la valorisation de la stratégie Ville perméable de MNCA et mettre en valeur l’engagement du Cerema auprès de la collectivité, nous avons également contribué à différents événements, qui participent à la sensibilisation collective et à la montée en compétence autour du sujet : Forum des projets urbains (septembre 2024), Rencontres Azuréennes de l’Eau (mars 2025), 3ème conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) (juin 2025).
L’accompagnement de MNCA sur ce sujet a aussi été l’occasion en interne de renforcer l’appropriation collective de ce sujet, et de renforcer les liens entre les services et avec une diversité de compétences du Cerema : articulation des expertises de l’aménagement avec celles sur les risques inondation / ruissellement, sur les risques géotechniques et sur les matériaux.
2 questions pour la métropole Nice Côte d'Azur :
Qu’a apporté l’accompagnement du Cerema à votre démarche ? En quoi l'accompagnement du Cerema vous a permis d'avancer dans votre stratégie ?
L’élaboration du guide va renforcer les compétences de nos équipes projets, en les outillant pour concevoir des espaces publics qui intègrent pleinement les enjeux de la GIEP. L’accompagnement du Cerema a aussi été l’occasion de soutenir les dynamiques collectives internes autour de ce sujet, de valoriser les projets déjà réalisés et de préciser certains leviers importants à activer pour poursuivre la concrétisation de cette stratégie ville perméable.
Dans une logique de diffusion rapide et durable des bonnes pratiques, l’accompagnement Cerema a participé à ancrer cette approche transversale des enjeux de la GIEP dans la culture métier des services, contribuant à un effet levier puissant à l’échelle métropolitaine.
Qu’est ce qui va être fait maintenant, à la suite de cette étape ?
Un diagnostic est en cours de réalisation avec l’Agence d’Urbanisme Azuréenne, afin d’aboutir à une déclinaison technique, organisationnelle et règlementaire (Plan Local d’Urbanisme métropolitain, zonage pluvial) de la prise en compte des eaux pluviales dans une logique de « ville perméable », d’ici fin 2025/début 2026.
En parallèle, nous avons prévu de poursuivre le soutien à la dynamique d’appropriation collective de ce sujet et des bonnes pratiques méthodologiques et techniques formalisées dans le guide, en élargissant les acteurs cibles afin d’intégrer progressivement les acteurs des interventions du quotidien sur l’espace public (subdivisions voirie notamment) et les services gestionnaires (espaces verts, propreté, …).
