
Le projet Interreg Target a démarré en janvier 2024 et s’achèvera en décembre 2026. Il est piloté par l’établissement public interdépartemental de la Dordogne – Epidor - et réunit dix partenaires espagnols, portugais et français [1].
Il vise à construire une méthodologie réplicable dans le sud-ouest de l’Europe, permettant de planifier l’utilisation d’eaux usées non conventionnelles (eaux usées traités issues des stations d’épuration, eaux de toiture, etc) dans un contexte de pénurie de la ressource en eau.
Une méthode pour envisager l’usage d’eaux non conventionnelles
L’utilisation d’eaux non conventionnelles, en substitution de l’eau potable pour des usages qui ne nécessitent pas les mêmes niveaux de qualité contribue à réduire les prélèvements sur la ressource en eau. Ainsi, elle permet aussi de protéger les ressources fragiles et peut constituer une mesure d’adaptation des territoires au changement climatique. L’objectif est d’identifier les usages pertinents et les gisements disponibles, en intégrant d’autres questions telles que le coût des raccordements et des traitements supplémentaires, le risque d’accentuation de l’étiage lors des périodes de sécheresse, l’acceptabilité sociale des solutions de recours aux eaux non conventionnelles, la participation citoyenne.
Une question sous-jacente à cette démarche est celle de la résilience des territoires, de leur capacité à dépasser la pénurie d’eau et à sécuriser l’alimentation des populations en eau potable, car le recours aux eaux non conventionnelles permet de disposer de quantités d’eau assurées même lors des périodes de sécheresse.
Une approche en trois axes de recherche

Des démonstrateurs dans les territoires

La stratégie mise au point à travers le projet Target se déclinera localement en France comme dans les deux autres pays partenaires, pour construire des stratégies de prévention et de gestion de la pénurie en eau intégrant des solutions de recours aux eaux non conventionnelles.
En Espagne et au Portugal, des territoires pilotes servent de démonstrateur pour tester diverses stratégies de coopération à différentes échelles territoriales, du local au bassin versant, ainsi que pour déployer des techniques spécifiques fondées sur la nature : le site de Can Cabanyes (8 hectares) en Catalogne, explorera une solution de filtration pour améliorer la qualité de l’eau alors que le Portugal travaillera sur des solutions de traitement des polluants émergents aux alentours de Lisbonne.
En France, des actions plus ciblées sont menées avec le Cerema à deux échelles emboitées (bassin versant et collectivité du bassin versant) afin de travailler sur la gouvernance et l’acceptabilité sociale. Le pôle participation du Cerema, associé à ces travaux, appuiera les approches de participation avec les acteurs locaux.
Le partage d’une vision sensible au cœur de l’approche participative
Deux démarches exploratoires mobiliseront plus particulièrement le Cerema qui appelle des compétences en aménagement – planification, participation, résilience :
A l’échelle du bassin versant de la Dordogne :
La stratégie et les orientations pour le recours aux eaux non conventionnelles seront bâties à partir d’un portrait prospectif du climat du territoire réalisé par le Cerema. Les travaux portent actuellement sur la déclinaison en termes d’enjeux et d’opportunité de recours au différents types d’eau non conventionnels étudiés, puis sur l’analyse de la gouvernance de l’eau du territoire.
Viendra ensuite le volet de la participation. Le bureau d’études Ecologie Urbaine et Citoyenne appuie le Cerema sur l’élaboration d’une cartographie des acteurs, avec une dizaine d’entretiens prévus pour mieux connaître le terrain, les rôles et les interactions.
L’objectif est aussi de compléter le diagnostic technique produit conjointement par le Cerema, Epidor et Ecofilae pour co-construire avec les acteurs mobilisés une vision plus sensible et mieux partagée des enjeux et possibilités d’actions sur leur territoire.
Avec le Grand Périgueux :
Située au centre du bassin versant de la Dordogne, la collectivité a la compétence eau assainissement. L’objectif est d’identifier comment et où il est opportun de mobiliser les eaux usées traitées. Quatre stations d’épuration ont été pré-identifiées par la collectivité pour étudier l’opportunité de Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT).
Des entretiens avec les élus ont déjà été menés par le Cerema afin d’identifier les freins éventuels et les leviers d’action, et d’organiser le portage politique de chaque possibilité de REUT. Là encore, un diagnostic technique sera confronté à la vision sensible des acteurs locaux dans le cadre d’ateliers conçus et animés par le Cerema.
Le programme Interreg SUDOE TARGET 2021-2027 est doté d'une enveloppe de 1,4 million d'euros du fonds FEDER (Fonds Européen de Développement Régional).
[1] Les partenaires du projet:
- Etablissement Public Interdépartemental de la Dordogne (EPIDOR) (France) (partenaire principal du projet TARGET Interreg Sudoe).
- Communauté d’agglomération Le Grand Périgueux (France).
- Ayuntamiento de Granollers (Espagne).
- Departamento de Ingeniería Civil y Ambiental de la Universidad Politécnica de Cataluña, (Espagne).
- Agencia de Medio Ambiente y Agua de Andalucía (AMAYA) (Espagne).
- Departamento de Psicología Social, del Trabajo y Diferencial de la Universidad Complutense de Madrid (Espagne).
- Departamento de Ciências e Engenharia do Ambiente, Universidade NOVA de Lisboa (Portugal).
- Município do Barreiro (Portugal).
- ECOFILAE (France).
- Cerema (Cerema Sud-Ouest, France).