Mieux connaître pour mieux préserver : une enquête sur les habitats terrestres des crapauds verts
Cet article fait partie du dossier : Mieux connaître les amphibiens pour mieux les protéger
Voir les 2 actualités liées à ce dossier
Où trouve-t-on les amphibiens suite à la période de reproduction ? A quoi ressemblent leur gîtes estivaux et hivernaux ? Ces questions se posent lors de l’étude de ces espèces menacées. Si elles sont davantage étudiées dans leur milieu aquatique, leur vie sur terre après leur période de reproduction est encore très méconnue. Le déficit de connaissance au niveau de l’habitat terrestre des amphibiens, et particulièrement des crapauds verts, est un frein à la préservation de l’espèce.
Mieux connaître l'habitat du crapaud vert
Depuis 2020, le Cerema et l’association BUFO qui étudie les Amphibiens et Reptiles d’Alsace ont répondu à une demande d’accompagnement émanant de la DREAL Grand-Est (devenue en 2021 Communauté européenne d'Alsace) pour mener une large étude télémétrique autour de l’habitat terrestre des crapauds verts dont on trouve encore d'importantes populations en Moselle, notamment sur le site d’une ancienne mine de charbon, la Houve 2.
Le Crapaud vert (Bufotes viridis, Laurenti, 1768) est une espèce d’amphibien euromaghrébine, que l’on retrouve en France, notamment dans la région Grand-Est. En effet, son aire principale de répartition française est restreinte (principalement en Alsace et Moselle). C’est une espèce d’amphibien identifiée comme étant "En danger (EN)" dans la liste rouge (2015) exposée à un risque d’extinction à moyen terme. Elle a fait l’objet d’un Plan National d’Actions (PNA) 2014-2018 en cours de renouvellement.
L’espèce tend à être présente dans les paysages ouverts au sol dénudé, une végétation pionnière, souvent des zones remaniées par l’homme (friches, chantiers, carrières, terrils, zones à proximité de zones pavillonnaires, ZAC, agriculture périurbaine…). En effet, elle présente un chant puissant et de fortes capacités de déplacement, en conséquence des aptitudes à la dispersion élevée avec un pouvoir de colonisation parfois rapide. Présentant comme la grande majorité des amphibiens européens, un cycle de vie entre terre et eau ; elle se reproduit dans des sites aquatiques, le plus souvent au caractère temporaire de la durée de mise en eau situés dans des milieux ouverts fortement anthropisés soumis à des pressions d’aménagement importante. La connaissance de son habitat tout au long de son cycle de vie revêt donc un fort intérêt, à la fois en termes de conservation, et en termes d’aménagement dans le respect de la biodiversité.
Le Cerema étudie cette espèce et ses espaces de vie afin d’apporter une connaissance suffisante, nécessaire afin de concilier les projets d’aménagement et la préservation de l'espèce, en préconisant des mesures de gestion et d’aménagement des habitats terrestres.
Objectifs de l'étude

2025 : Une connaissance approfondie sur les déplacements du crapaud vert

Les résultats ont démontré une sélection non-aléatoire de gîtes naturels caractérisés comme étant les terriers de micromammifères ou ceux artificiels, présentant des cavités, et pouvant être recouverts d’une strate herbacée peu dense. Lorsqu’elles étaient présentes, certaines zones comportant un substrat limono-sableux sont activement recherchées et utilisées.
En effet, le sol est suffisamment meuble pour que les Crapauds verts puissent s’enfouir.
Ces gîtes se trouvent pour la plupart dans les milieux ouverts, sur des pentes modérées à fortes, et le plus souvent bien exposées. Ils sont également très nombreux dans les milieux très artificialisés.
Le domaine vital (DV), que l’on peut définir comme une zone qui recouvre les sites aquatiques de reproduction où se développent les oeufs et larves, les sites de croissance des juvéniles, les sites de vie active des adultes en dehors de la reproduction et, enfin, les sites d’estivation et ceux de latence hivernale (ou d’hivernage), des individus retenus pour cette estimation (n = 28, sexe ratio 1:1) est d’environ 300 m2 à 4hectares (moyenne : 0,6 hectares soit presque un terrain de football pour mieux apprécier la superficie), et les distances maximales des domaines vitaux aux sites de reproduction les plus proches varient entre 150 et 200 mètres
Même si nombre de questions demeurent encore à approfondir, en particulier sur les juvéniles, écophase très probablement la plus dispersive chez la plupart des espèces d’amphibiens mais très difficile à étudier, cette étude menée dans le cadre d’une mesure d’accompagnement permet déjà de répondre à la demande de la DREAL Grand-Est, c’est-à-dire apporter des connaissances en ce qui concerne l’écologie terrestre du Crapaud vert de manière relativement fine qui seront vulgarisées dans un guide "ERC" spécifique au Crapaud vert. Ce guide permettra de prendre en compte l'espèce à toutes les phases des projets y compris la phase chantier.
Cette étude approfondie n’a pu être effectuée que sur deux terrils, mais que l’on peut considérer comme représentatifs d’autres terrils existants en région Grand-Est. Elle est donc transposable, notamment à d’autres milieux aux caractéristiques terrestres et à la configuration des habitats aquatiques sensiblement similaires.
Ces informations acquises à deux échelles complémentaires, celles des micros et macro habitats seront utiles aux services instructeurs, aménageurs et bureaux d’étude afin d’une part de ne plus oublier l’importance des habitats terrestres et d’autre part de proposer de nouvelles mesures correctrices liées à la séquence "ERC" visant à :
Le rapport d'étude sur CeremaDoc :
Dans le dossier Mieux connaître les amphibiens pour mieux les protéger
