Cette journée a permis d'échanger et de partager les retours d'expérience des acteurs du programme "Base nautique d’avenir", piloté par la Direction Générale des Affaires Maritimes, de la Pêche et de l’Aquaculture (DG AMPA) et mis en œuvre par le Cerema avec l’appui technique de l’Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques (ENVSN). Lancé en 2022, il s’inscrit dans le plan "Destination France".
Les projets accompagnés par ce programme sont à la croisée de plusieurs enjeux tels que l’amélioration de la pratique actuelle et future des sports nautiques, l’attractivité touristique mais aussi l’exemplarité sur le plan environnemental et l’anticipation des changements climatiques.
Cette journée a eu pour objectif d’apporter des connaissances, des méthodes et des outils sur les thématiques de l’adaptation, de la transition écologique, de l’attractivité et de la modernisation des bases nautiques.
Plus d’une cinquantaine de bases nautiques accompagnées par "Base nautique d’avenir"
Globalement, plus d’une cinquantaine de bases nautiques et de structures collectives ont été accompagnées et soutenues financièrement par le programme. Un total de 5,8 millions d’euros de subvention a ainsi été attribué pour mener des actions de rénovation ou de reconstruction de centres nautiques intégrant des enjeux de sobriété énergétique, d’économies d’eau, de résilience, de développement des mobilités actives ou de préservation de la biodiversité…
Après une intervention du Cerema sur les enjeux généraux d’adaptation au changement climatique à l’échelle d’un territoire et des bâtiments, le ministère des Sports a présenté plus spécifiquement les mesures d'adaptation des pratiques sportives à mettre en œuvre en s’appuyant sur un Plan National d’Adaptation au Changement Climatique dédié (PNACC Sport). Trois tables rondes ont ensuite été organisées pour donner la parole aux acteurs des territoires et aux représentants des fédérations sportives. Un retour technique détaillé sur cette journée sera diffusé d’ici à la fin de l’année.
1/ Moderniser ma base nautique, quel projet territorial pour répondre aux enjeux de demain ?
Cette table ronde a fait intervenir
- Hervé LIBERMAN, Président de la Commission Sport, Préparation des JO 2030, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Alain AUTON : Directeur, France Station Nautique
- Yoan PICARD : Directeur de 8 Milles Nautic, vice-président de la Fédération Française de Voile
- Amandine RICHAUD-CRAMBES : Ingénieure urbaniste, référente sport à l’ADEME
Les échanges ont mis en avant la nécessité d’ancrer le projet dans le territoire et les leviers d’action, ainsi que l’importance d’anticiper le contexte climatique de demain et les nouvelles pratiques pour concevoir le bâti et permettre des évolutions dans le futur. Une structure juridique adaptée, comme une Société Publique Locale, peut être un élément facilitant pour intégrer le projet dans une politique publique nautique.
2/ Retour d’expérience d’un lauréat de l’appel à projets Base nautique exemplaire
Le maire de Guidel dans le Morbihan, Jo DANIEL, ainsi que Augustin LEFEBVRE, architecte associé chez Helios architecture et Jean-Marc SAINT GEOURS, Président délégué de la Fédération française de surf, ont présenté la démarche de relocalisation d’une base nautique à Guidel dans le cadre d’une opération de désartificialisation du littoral et de réhabilitation d’un ancien sémaphore. Ce projet emblématique présentait des contraintes fortes qui ont pu être respectées grâce à une démarche architecturale alliant la sobriété, l’exemplarité environnementale et la mise en valeur du patrimoine.
Un aspect essentiel de la démarche est d’avoir été menée en concertation avec les différents acteurs. Une fiche de retour d'expérience a été publiée par le Cerema et l'ENVSN.
Retour en vidéo sur la démarche :
3/ Prendre en compte les usages et les enjeux environnementaux dans l’architecture, un défi pour la modernisation des bases nautiques
Ont participé à cette table ronde :
- Georges DANTIN : Co-président de la Commission ESIND : Espace Sites et Itinéraires pour une Navigation Durable, Fédération française de canoë-kayak,
- Hélène GIGLEUX : Directrice pôle clubs et territoires, Fédération français d’aviron
- Samir GUESMIA : Conseiller délégué Patrimoine et Rénovation énergétique, Commune de Décines-Charpieu
- Eléonore JUHEL : Directrice des activités nautiques, centre de Kerguélen, Sellor
- Vincent LE GARREC : Architecte, Nomade architectes
Différents projets lauréats - Kerguélen Sports Océans, le pôle sportif et de loisirs de Décines-Charpieu, la base de mer des Sables d’Olonnes, Tom Rafting - ont permis de donner des exemples concrets d’intégration de l’environnement dans le projet architectural : installation de panneaux photovoltaïques, récupération des eaux pluviales et gestion économe de l’eau, thalassothermie, choix des matériaux. L’acceptabilité sociale du projet est également apparue comme un facteur de réussite essentiel. A ce titre, les participants ont insisté sur la nécessité de la concertation et l’importance de concevoir un équipement susceptible de s’adapter aux évolutions des besoins et, dans la mesure du possible, d’être multi-usages.
4 questions aux partenaires en charge du programme Bases nautiques d'avenir
Anne Fontaine, directrice de projets Port de plaisance et Base nautique d'avenir au Cerema et Cécile Laval, chargée de mission "Base nautique d'avenir" à l'ENVSN, partenaires chargés par la Direction générale des Affaires maritimes, de la Pêche et de l'Aquaculture de piloter le programme, reviennent sur la démarche, ses enseignements et les perspectives.
Un premier bilan sur le programme est la variété des projets menés : les objectifs du programme "base nautique d’Avenir" ont-ils été atteints ?
Anne Fontaine : Oui ! Le Plan Tourisme fixait différents enjeux : transition écologique, modernisation des équipements, amélioration de la qualité d’accueil et de service, adaptation au changement climatique. Les règlements des dispositifs d’aides imaginés en 2022 ont effectivement permis de sélectionner des projets variés, du plus ambitieux répondant à l’ensemble de ces enjeux au plus modeste engagé dans une démarche ponctuelle d’amélioration environnementale.
Par ailleurs, nous avons eu le plaisir de constater que toutes les façades maritimes– outre-mer compris- ainsi que les eaux intérieures ont bien bénéficié de ce programme. Enfin, nous avons noté une bonne représentativité dans la liste des lauréats des différents types de gestionnaires - collectivités, entreprises, associations, SPL…- ainsi que des différents sports nautiques - voile, canoë-kayak, rafting, aviron, ski nautique, char à voile, plongée, surf, kitesurf…
Pouvez-vous revenir sur la manière dont ce programme a été construit avec les acteurs de terrain ?
Anne Fontaine : Une spécificité importante de ce programme a été sa co-construction dès l’origine avec les acteurs concernés : l’objectif était de répondre au mieux aux besoins du terrain et de s’articuler avec des dispositifs pré-existants. Cette co-construction s’est traduite par la mise en place d’un comité consultatif réunissant plus d’une trentaine d’organismes représentant l’Etat, les Etablissements publics, les collectivités et bien sûr les acteurs du nautisme, notamment les différentes fédérations sportives. Ce Comité a été associé à l’écriture des règlements, à la mise en œuvre du programme et à la définition des suites souhaitées.
S’il fallait résumer les points importants à avoir en tête lors de la conception d’un projet de base nautique, quels seraient-ils ?
Anne Fontaine : Les intervenants de la dernière table ronde ont résumé l’essentiel en quelques mots : adaptable / éco-responsable / attractive / naturelle / engagée / belle / innovante / intégrée localement / pratique / conviviale.
Quelles sont les suites de la démarche ?
Cécile Laval : Le programme "Base nautique d’Avenir" se poursuit actuellement par une démarche d’évaluation des actions financées et de retours d’expérience sur les projets les plus innovants. La fiche REX sur le projet de Guidel en est un premier exemple. Une seconde fiche est en préparation pour le pôle sportif et de loisirs de Décines-Charpieu.
Afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier des enseignements du programme, une plateforme web dédiée aux bases nautiques est également en cours de création. Elle mettra à disposition différents services, à savoir un centre de documentation, un guichet de recherche de financement, des projets inspirants, des fiches outils, des solutions techniques etc.
L’ENVSN, dont les missions sont appelées à évoluer, souhaite poursuivre sa collaboration avec le Cerema qui a été particulièrement riche ces 3 dernières années !