Financé à hauteur de 40 M€ dans le cadre de France Relance, le Programme National Ponts (PNP) aide les communes à mieux connaître leur patrimoine d’ouvrages d’art, condition initiale nécessaire à sa bonne gestion.
Connaître le patrimoine pour anticiper l'entretien
Le Programme National Ponts s'adresse en particulier aux communes de moins de 5000 habitants, avec l'ambition de connaître le patrimoine de ponts et murs de soutènement existants et son état [1]. 14 848 communes sur les 32 000 éligibles ont rejoint le programme et disposent désormais d'un carnet de santé pour chacun de leurs ouvrages. Ont ainsi été recensés :
40 855 ponts
22 602 murs de soutènement
La moyenne du nombre d'ouvrages par commune est de 5,4 en métropole et 14,8 en Outre-mer, mais ce nombre peut aller jusqu'à 190. Il s'agit le plus souvent d'ouvrages au fonctionnement simple, les ponts sont pour la plupart en béton armé et maçonnerie, ont une surface moyenne de 38 à 60m² et la moitié d'entre eux a plus de 75 ans. Ils ont été construits dans un contexte où les véhicules étaient moins lourds et moins nombreux, et beaucoup arrivent en fin de vie.
1 pont sur 4 est en bon état
34 849 ponts ont pu être inspectés, et leur état a été défini selon 4 catégories:
- Aucun défaut apparent, imperfection ou défaut mineur
- Défaut pouvant conduire à un défaut structurel significatif s'il n'est pas traité
- Défaut structurel significatif
- Défaut structurel majeur
L'analyse montre que 19% des ponts évalués présentent des défauts significatifs et 10% présentent des défauts majeurs de structure qui nécessitent des actions de réparation à court ou moyen terme, et éventuellement une démolition / reconstruction.
43% des ponts évalués sont dans un état "moyen" et nécessitent des actions d’entretien spécialisé pour éviter que leur structure ne devienne altérée, ce qui entraînerait davantage de dépenses de réparation. Par ailleurs, 28% des ponts évalués sont en bon état, et doivent faire l'objet d'un entretien courant et d'une surveillance régulière pour les maintenir ainsi. On observe cependant des différences suivant le type de structure.
La première cause des dégradations principales sur les ponts est liée à l'action de l’eau, ce qui entraîne des affouillements lors d’évènements torrentiels ou des infiltrations au niveau du tablier, puis de la corrosion du fait de défauts d’étanchéité. Le manque d'entretien régulier de ces ouvrages souvent anciens contribue aussi à leur vieillissement.
Les murs de soutènement examinés sont principalement en maçonnerie, d'une longueur majoritairement située entre 10 et 75 m, et les 2/3 ont plus de 75 ans. 13% des murs évalués présentent des défauts significatifs et 5% présentent des défauts majeurs de structure.
Un difficile chiffrage des coûts
L'évaluation du coût de réparation et de remise en état de ce patrimoine est complexe, chaque ouvrage étant spécifique. Des ordres de grandeur peuvent cependant être estimés en intégrant les coûts de maintenance et des réparations (dont les études préalables) : pour les ponts, la dépense annuelle nécessaire estimée est autour de 2 milliards par an, pour les murs de soutènement autour de 1,2 milliard.
Une dépense de 800 millions d'euros est évaluée pour les actions à réaliser immédiatement.
[1] Les ouvrages recensés devaient répondre à des critères : supporter une voie communale du domaine public, avoir une ouverture supérieure ou égale à 2 mètres (hors dispositif de retenue) pour les ponts et une hauteur visible supérieure ou égale à 2 mètres pour les murs de soutènement.
