17 septembre 2024
couverture Essentiel
Cerema
L'amélioration des performances environnementales des bâtiments est un enjeu clé pour attendre les objectifs de neutralité carbone. Le Cerema publie à destination des maîtres d’ouvrages, élus et techniciens des collectivités, un Essentiel qui présente la démarche et les leviers d'action pour réduire l'impact carbone des bâtiments sur l'ensemble de leur durée de vie.
Louis Bourru, directeur de projets Bâtiments bas carbone et co-rédacteur du document, a répondu à 3 questions sur cette nouvelle approche du bâtiment.

La mise en œuvre de la Réglementation Environnementale 2020, qui impose de nouvelles exigences de performances des bâtiments neufs et introduit l'indicateur des émissions carbone, répond au besoin d'agir dans le domaine du bâtiment pour répondre aux objectifs de neutralité carbone à l'horizon 2050 fixés par la France.

 

agir tout au long de la vie du bâtiment

Bien que la phase construction représente les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre du bâtiment, l'action sur le bâti existant, à travers les opérations de rénovation et de réhabilitation, est aussi un levier d'action important car seulement 1% du parc immobilier est renouvelé chaque année.

Cet Essentiel présente en 12 pages les leviers, à chaque étape de la vie d'un bâtiment en incluant les opérations de rénovation, pour réduire l'impact carbone et les consommations énergétiques des bâtiments

Depuis la phase de construction jusqu'à la destruction ou déconstruction du bâtiment, l'objectif est désormais, et sera de plus en plus, de choisir les matériaux, les équipements, les techniques qui permettent au bâtiment d'être le plus neutre possible en termes d'impact environnemental

Les collectivités ont souvent d'importants besoins de réhabilitation de leur parc immobilier mais ne savent pas toujours quelle démarche suivre. Or, la réhabilitation permet d’améliorer considérablement l’impact carbone de l’existant.

L'outil principal qui permet d'évaluer l'impact carbone d'un matériau, d'un équipement, d'un bâtiment ou même d'un quartier, est la méthode de l'Analyse du Cycle de Vie (ACV), désormais obligatoire pour les bâtiments neufs, qui permet de comparer les performances de différents éléments. Son principe et le mode de calcul sont présentés dans le guide. 

 

 

3 questions sur la démarche et l'action du Cerema

Louis Bourru, directeur de projets Bâtiment Bas Carbone au Cerema qui a piloté la rédaction de cet Essentiel, a répondu à 3 questions sur les enjeux et leviers d'action en matière d'impact carbone des bâtiments.

 

En matière d'impact carbone du bâtiment, la réglementation en France est particulièrement novatrice. A quel point de vue? Et selon quelles priorités ?

 

Arnaud Bouissou - TERRA

En France, le secteur du bâtiment représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre, selon le chiffre pour l’année 2019, base utilisée pour établir en 2023 la feuille de route de décarbonation du secteur. Il est donc tout naturel que ce secteur prenne sa part dans les réductions de carbone attendues à l’horizon 2030 (-48 % par rapport à 2015). En France, le Bâtiment possède l’une des réglementations les plus novatrices et exigeantes à l’échelle mondiale sur le sujet. A la fois sur le plan des bâtiments neufs (RE 2020) et des réhabilitations (décret éco-énergie tertiaire).

Depuis 2022, toute construction neuve de bureaux, logements, écoles, collège ou lycée, doit faire l’objet d’une analyse du cycle de vie (ACV) en phase conception, afin de limiter l’impact carbone de ses consommations d’énergie, mais aussi des produits de construction et équipements qui la composent. C’est un changement de paradigme apporté par la réglementation Environnementale 2020 (RE 2020), car jusque là, seules les consommations énergétiques étaient limitées dans le neuf. 

Bonne nouvelle : en à peine 3 années, les professionnels se sont déjà bien appropriés l’outil d’Analyse du Cycle de Vie qui permet d’évaluer les émissions de GES du bâtiment sur un cycle de vie de 50 ans, comme le réclame la RE 2020.

Concernant le parc de bâtiments existants, le décret Eco-énergie tertiaire a introduit des objectifs ambitieux pour les bâtiments à usage tertiaire de plus de 1.000 m² : plus de 920 000 locaux d'activité doivent réduire leurs consommations d’énergie finale de -40 % en 2030, -50 % en 2040 et -60 % en 2050. Et réduire les consommations d’énergie du parc existant constitue l’un des premiers leviers pour en réduire les émissions de GES, avec également la décarbonation des sources de chauffage (sortie du fioul et du gaz pour aller vers le bois, les réseaux de chaleur et les pompes à chaleur).

 

Cet Essentiel s'adresse notamment aux collectivités : Quel est leur rôle, que peuvent elles faire pour réduire globalement l'impact de leur parc ?

Les collectivités locales ont un rôle important à jouer pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), que ce soit par les politiques et objectifs qu’elles impulsent (PCAET, SRADDET...), mais aussi par des actions sur leur propre parc de bâtiments (écoles, collèges, bureaux, salles des fêtes...).

Sur ce volet de réduction des émissions de GES de leurs bâtiments, les collectivités disposent de 4 grands leviers, dont l’ordre logique de priorité serait le suivant :

  • Rationaliser leur parc et en optimiser les surfaces : car moins de surfaces ou un meilleur usage (mutualisation des usages) veut dire moins de consommations d’énergie et de matière, donc moins de carbone.
  • Privilégier chaque fois que possible la réhabilitation de l’existant, et le réemploi des composants encore en bon état (économie circulaire), plutôt que la construction de bâtiment neuf : en effet, une rénovation énergétique ambitieuse rentabilisera vite les émissions de GES générées par les travaux réalisés. 
  • Si une construction neuve est nécessaire, elle doit viser l’excellence carbone : en intégrant par exemple des matériaux biosourcés et en anticipant les objectifs futurs de la RE 2020 (2028, 2031).
  • Enfin, adopter une exploitation maintenance la plus décarbonée possible, et sensibiliser les usagers du bâtiments aux gestes d’économie d’énergie et de ressources, en participant par exemple aux programmes CUBE.

Ainsi, l’attention portée au carbone doit devenir une nouvelle boussole pour toute action envisagée sur leurs bâtiments.

Quelles actions mène le Cerema dans ce domaine, notamment auprès des collectivités?

Le Cerema propose de nombreux outils pour permettre aux collectivités de prendre le virage des bâtiments bas carbone : sur les éléments clés à observer lors de la conduite d’une opération de construction neuve bas carbone, avec la production d'un guide gratuit de conduite d’opération bas carbone.

Pour toutes les collectivités souhaitant se lancer dans un projet biosourcé, le Cerema édite une newsletter gratuite "Biosourçons" qui permet de trouver des exemples inspirants tous les deux mois, et réalise des journées de visites et échanges techniques dans les régions.

Le Cerema organise aussi des formations personnalisées à la RE 2020 et à la construction ou rénovation bas carbone, en se déplaçant dans votre collectivités pour former vos agents. Le programme de formation est construit avec vous, selon vos besoins. Nous pouvons aussi accompagner les collectivités en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage "énergie, carbone, performance environnementale" pour leurs constructions ou réhabilitations. Afin d'aider les collectivités, nous avons développé des méthodes pour mettre en œuvre les obligations Eco énergie tertiaire.

En termes de diffusion des connaissances, nous organisons des conférences technique territoriales pour permettre aux collectivités de partager des retours d’expériences  sur le bâti bas carbone et de découvrir les leviers à activer. Le Cerema édite également des fiches et guides gratuits sur la mise en place des économies d’énergie, de la décarbonation, de la réhabilitation... Et il anime un centre de ressources sur la réhabilitation responsable du bâti ancien (CREBA).

 

L'Essentiel est sur CeremaDoc :

 

Vidéo de présentation de la première édition du document :