29 août 2025
Evenement en bord de Garonne à Blagnac
Crédit : Ville de Blagnac
Le Cerema a lancé le programme Territoires adaptés au climat de Demain pour accompagner des collectivités dans le diagnostic et la définition d’une stratégie d’adaptation vis-à-vis de différents enjeux. La commune de Blagnac a souhaité développer une approche globale des enjeux climatiques, afin de co-construire une trajectoire d’adaptation et un cadre pour agir.

Blagnac, mitoyenne à Toulouse et où se trouve l’aéroport, compte 27 000 habitants et 43 000 emplois : il s’agit d’un territoire attractif confronté à des enjeux de préservation de la biodiversité et du cadre de vie, ainsi qu’au risque inondation. La démarche menée avec le Cerema s’appuie sur un diagnostic des vulnérabilités et des atouts du territoire dans le contexte du changement climatique, réalisé avec les acteurs de la commune.

 

Une démarche participative pour envisager l’adaptation du territoire

Crédit : Ville de Blagnac

La ville de Blagnac mène déjà un certain nombre d’actions pour favoriser l’adaptation du territoire, comme la désimperméabilisation des sols, l’aménagement de cours d’école, la végétalisation de l’espace public, l’évolution des méthodes d’arrosage pour réduire consommation d’eau…

La démarche menée avec le Cerema se déroule en plusieurs phases sur 17 mois :

  1. Lancement : réfléchir lors de réunions et ateliers au format de l’accompagnement, ses objectifs, au mode de participation, à la gouvernance du projet.
  2. Diagnostic de vulnérabilité du territoire à horizon 2100 [1] avec la réalisation d'un portrait climatique et d'un portrait du territoire. A cela se sont ajoutés plusieurs ateliers techniques et temps d’échanges avec des services et des groupes de citoyens qui ont permis d’identifier les capacités d’adaptation, de prendre connaissance des impacts du changement climatique et de hiérarchiser les enjeux et les risques. L’objectif est aussi de sensibiliser et permettre une montée en compétence collective sur ces sujets via ces ateliers prospectifs à horizon 2050.
  3. Identifier les trajectoires d’adaptation : cette troisième phase vise à poser le cadre de la gestion du territoire en vue de son adaptation au changement climatique, identifier les trajectoires d’adaptation, ainsi que les synergies et contradictions dans les actions déjà engagées, et traduire ces trajectoires dans les documents de planification. Cette étape comprendra une série d’ateliers afin de réfléchir au devenir souhaité du territoire, de recenser ce qui est déjà fait ou prévu et interroger ces actions vis-à-vis des enjeux, puis de faire émerger les actions pour qu’elles se concrétisent.
  4. Pilotage des trajectoires : construire les outils de suivi des trajectoires et leur pilotage.

 

Faciliter l’appropriation des enjeux et des objectifs par les acteurs du territoire

Atelier de lancement de la démarche - Cerema

L’approche du Cerema mise sur l’implication des acteurs de la commune et des habitants. A travers les ateliers qui ont jalonné la démarche, les élus et équipes techniques, ainsi que les habitants, ont pu se saisir de la question de l’adaptation au changement climatique, des leviers d’action et des perspectives pour leur territoire. 

Par exemple, lors de la phase de diagnostic, la réalisation d’un portrait climatique de Blagnac en 2050 et 2100 a permis une prise de conscience sur les risques forts qui pèsent aujourd’hui sur le territoire et seront accentués demain, tels que l’exposition à la chaleur, la sécheresse, la perturbation du cycle de l’eau et la variation importante du débit des cours d’eau.

La sensibilité du territoire aux différents facteurs à risque identifiés a été analysée à l’horizon 2050 et 2100, avec de nombreuses questions : comment évolue la santé des habitants ? Quels sont les facteurs aggravants ? Quelles seront les périodes d’étiage et les tensions sur la ressource en eau (qualité et quantité) ? Quels seront les impacts des fortes inondations (populations, infrastructures, équipements, bâtiments, réseaux…) ? Quelles seront les conditions de l’agriculture locale ? Comment évolueront les milieux naturels ? Les bâtiments seront-ils fonctionnels ? Les difficultés à se déplacer seront-elles accrues ?

 

 

Derrière ces interrogations, l’objectif est d’identifier ce qui rend le territoire vulnérable et comment pallier à ces vulnérabilités.

Le 2 juin 2025, une conférence publique "Blagnac 2050 : quelles réponses face aux enjeux climatiques ?" a été organisée par la commune avec le Cerema pour présenter les enjeux d’adaptation du territoire.

François Gemenne, corédacteur du sixième rapport du Giec, et expert en politiques d’adaptation au dérèglement climatique est intervenu pour réagir au diagnostic et présenter son analyse.

Le territoire dispose d’atouts comme la diversité des milieux naturels, la présence d’un réservoir écologique avec la Garonne, mais des vulnérabilités sont aussi identifiées par exemple la fragmentation des espaces, une partie de logements inadaptés, la disponibilité de la ressource en eau… En termes de mobilité, la dépendance à la voiture risque d’augmenter les difficultés à se déplacer dans l’avenir. Les impacts du changement climatique sur l’ensemble des aspects de la vie du territoire (ressources, humains, milieux naturels, bâtiments et équipements, déplacements) ont été exposés. Et il a été rappelé que l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre reste un objectif majeur pour réduire les impacts et donc faciliter la mise en œuvre de politiques d’adaptation.

 

Replay de la conférence du 2 juin 2025 :

Le retour de la collectivité : 

Nathalie Vergne, responsable Développement durable à la Mairie de Blagnac, revient sur le projet de la collectivité et la consultation des habitants.
 

Quel était le constat de la collectivité en initiant la démarche avec le Cerema ?

Inondation à Blagnac - Ville de Blagnac

En Haute-Garonne, l’augmentation des températures pour la décennie 2013-2022 a déjà atteint +1,9°C et atteindra +4° en 2100 par rapport à la décennie 1850-1900. Une augmentation que les trajectoires de référence du PNACC 3 annoncent plus forte en France que dans d’autres régions du monde.

Les conséquences du réchauffement climatique, canicules, sécheresses, inondations, tempêtes ou incendies ont un coût en constante augmentation et aujourd’hui, de nombreuses collectivités ne peuvent déjà plus s’assurer contre les impacts de ces évènements. Le coût humain aussi risque d’augmenter. Aujourd’hui, atténuer ne suffit plus. Prendre des mesures d’adaptation s’impose pour prévenir et atténuer ces risques.

A Blagnac, plusieurs réalisations récentes répondent à notre besoin d’adaptation au changement climatique : renaturation des berges du Riou bénéfique à l’eau et la biodiversité, végétalisation des cours d’école et de l’espace public pour rafraîchir la ville, soutien à l’agriculture de proximité avec notre plaine maraichère, relance de notre Atlas de la biodiversité pour renforcer les corridors écologiques…

Mais pour prioriser et mieux planifier nos actions dans le temps, et aussi pour mieux comprendre ce sujet de l’adaptation, il nous fallait une méthode. Nous avons rejoint le programme Territoires Adaptés au Climat de Demain avec cet objectif. Le diagnostic des vulnérabilités par exemple est important car il permet de cibler les risques auquel notre territoire est le plus exposé. Les ateliers animés par le Cerema permettent aussi d’avoir une approche concertée en interne et avec les citoyens avant de travailler sur la construction d’une trajectoire d’adaptation pour structurer une feuille de route "Blagnac 2050".

 

Dans le cadre du diagnostic du territoire, un étudiant de master 2 en sociologie environnementale a réalisé des entretiens auprès de différents acteurs de Blagnac. Pouvez-vous nous parler de certains enseignements ?

Le recueil de cette parole nous a paru très important. C’est un éclairage très concret qui amène une meilleure compréhension des situations telles qu’elles sont vécues face au changement climatique et nous mettent sur la voie de certains points de vigilance.

Sur l’aggravation des inégalités par exemple. Une personne présentant une ou plusieurs vulnérabilités par son état de santé, son isolement, ses revenus, la qualité de son logement ou encore ses conditions de travail sera inévitablement plus vulnérable en étant aussi exposée à des fortes chaleurs ou d’autres formes d’aléas climatiques. Ainsi pour un travailleur en extérieur, l’exposition à la chaleur est d’autant plus difficile qu’il est déjà fragilisé par son âge, un handicap ou une pathologie chronique. Pour un senior ou un bébé, il faudra une vigilance particulière en cas de fortes chaleur car l’organisme n’est pas adapté. On voit ainsi comment s’accentuent les inégalités avec le changement climatique

Les agriculteurs de la plaine maraichère nous ont fait part d’un risque plus grand de perte des récoltes. Les habitants parlent des conséquences dans leurs vies de la chaleur, du dépérissement des végétaux ou de la présence du moustique tigre. Des entreprises et des commerces évoquent des systèmes de climatisation qui lâchent au-delà de certaines températures ou des architectures de bâtiments non adaptées à la chaleur. Il est question également d’infrastructures de transport exposées par endroits au risque inondation.

 


[1] Le scénario de réchauffement retenu est celui de la Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) à +4°C en 2100.