En sécurité routière, l’analyse des accidents nécessite une période de 3 à 5 ans pour déterminer l'efficacité d'une modification de l’infrastructure. Or, ces délais d’analyse ne répondent pas aux exigences des gestionnaires ou des usagers de la route. En effet, les gestionnaires souhaitent évaluer rapidement l’efficacité d’un aménagement, de l’amélioration des équipements ou de la modification de l’environnement sans attendre la survenue d’accidents. D’autre part, afin d’assurer un haut niveau de sécurité, les gestionnaires de voiries mettent en œuvre des aménagements parfois innovants : carrefours « chicane », giratoires à terre-plein central franchissable, giratoires dit « cacahuète », panneaux d'avertissement dynamiques, etc.
Dans le champ de la sécurité routière, le Cerema Normandie-Centre dispose d’un pôle de compétence reconnu au plan national pour son expertise pluridisciplinaire unique et sa capacité à mettre en œuvre des méthodologies et des outils d’analyse dont il est le seul à disposer. Ces capacités font du Cerema le seul prestataire d’ingénierie en situation de fédérer l'ensemble des réseaux de l'Etat et des collectivités locales pour contribuer à l'amélioration des aménagements routiers dans une démarche de développement et d’innovation, autour de plusieurs axes :
- L'accidentologie : études thématiques d'accidents (mécanismes, facteurs, infrastructure…) et bases de données étendues d’accidents (création, enrichissement, exploitation).
- L'incidentologie : continuum d’activités depuis le développement d’outils de recueil jusqu’à la définition d’indicateurs.
- L’analyse et la compréhension des interactions " Véhicule / Infrastructure / Conducteur ".
- La valorisation et la diffusion des connaissances : évolution de la doctrine, capitalisation et diffusion des bonnes pratiques, formation et animation des réseaux, y compris à l'international.
Ces différents outils et méthodes ont été mis en œuvre dans le cadre d’études opérationnelles.
Expérimentation de dispositifs lumineux pour passages piétons
La ville de Chartres, conjointement avec Chartres-Métropole, a souhaité expérimenter des dispositifs innovants visant à renforcer la perception des passages piétons dans l’objectif d’un meilleur respect de la priorité due aux piétons par les automobilistes. La collectivité a ainsi sollicité le Cerema pour procéder à l’évaluation de deux dispositifs.
L’étude a ainsi consisté en :
- l’observation du comportement des usagers par la mise en œuvre de caméras et de radars afin de mesurer l’impact des dispositifs mis en œuvre. L’évaluation s’est déroulée sur trois années permettant de disposer d’une phase de référence, d’une évaluation après mise en service des dispositifs puis un an après cette deuxième phase,
- une enquête auprès des différents usagers afin de recueillir la perception et la compréhension des dispositifs mis en œuvre.
Marquage d’animation et retour d'experiences
Dans le cadre d’une piétonisation à long terme de la rue Jeanne d’Arc, la Métropole Rouen Normandie a sollicité le Cerema pour étudier l’évolution de l’infrastructure et de l’aménagement. Anciennement zone 30, la rue Jeanne d’Arc a depuis reçu une rénovation du revêtement circulé, une suppression du stationnement au profit du végétal et de mobiliers de séjour ainsi qu’une mise en œuvre d’un marquage d’animation. L’étude s’est faite sur les intersections de la rue Jeanne d’Arc avec la rue du Général Leclerc, la rue Jean Lecanuet et sur un segment de ligne droite à proximité de la rue aux Juifs.
La méthodologie mise en place est la suivante :
- Une analyse de l’aménagement : un volet réglementaire, un volet technique, un volet fonctionnel, un focus sur la partie cyclable et un point sur l’accessibilité visuelle.
- Une analyse de la signalisation comprenant la signalisation verticale, le marquage horizontal et les jalonnements.
- Une observation des comportements permettant de recueillir des données telles que les origines/destinations, le positionnement des usagers, les interactions, les comportements au STOP, le non-respect des priorités/des feux et l’utilisation de la piste cyclable.
retours d’expériences sur La chaussée à voie centrale banalisée
Pour faire face aux enjeux de développement des mobilités actives et de sécurisation des usagers vulnérables, de nombreux aménagements cyclables sont mis en place. Cependant, les contraintes géométriques et circulatoires peuvent limiter les possibilités d’implantation de ce type d’aménagement. La chaussée à voie centrale banalisée (CVCB) permet d’adapter l’espace pour prendre en compte les cyclistes dans ces cas très contraints. De nombreuses CVCB ont été mises en œuvre dont certaines avec l’objectif d’expérimenter l’aménagement. Le département de l’Eure et la Métropole Rouen Normandie ont sollicité le Cerema pour évaluer deux CVCB.
La méthodologie d’évaluation retenue pour ces deux CVCB regroupe deux axes d’analyse complémentaires :
Une étude objective du fonctionnement et de la compréhension de l’aménagement grâce à des caméras et des radars de mesure de vitesse.
Un questionnaire en ligne permettant de recueillir les comportements et positionnements déclarés des usagers ainsi que des données détaillées sur leur perception et compréhension de l’aménagement.
Analyse du fonctionnement d’une piste cyclable bidirectionnelle
Dans le cadre du développement des itinéraires cyclables, Caen la mer a aménagé une piste cyclable bidirectionnelle aux abords de l’échangeur de la Pierre-Heuzé afin d’assurer une continuité entre les villes de Caen et d’Hérouville-Saint-Clair. Considérant l’enjeu de sécurité routière de cet aménagement côtoyant les bretelles du périphérique nord de Caen et implanté autour de deux giratoires, Caen la mer, en lien avec la DIR Nord-Ouest gestionnaire du périphérique, a sollicité le Cerema pour :
- Objectiver le comportement des usagers et plus particulièrement les interactions des cyclistes avec les véhicules motorisés (observation par analyse vidéo).
- Recueillir l’avis des différents usagers au travers d’une enquête (perception et compréhension de l’aménagement).