13 mai 2025
route avec risque d'éboulement / glissement de terrain
Cerema
La gestion des risques naturels, en particulier des chutes de blocs, est un enjeu majeur pour le Conseil Départemental de l’Aude (CD11). A travers un partenariat avec le Cerema, une méthodologie a été mise au point, pour identifier et hiérarchiser de manière objective les parties du réseau les plus vulnérables vis-à-vis du risque chutes de blocs, au regard des enjeux de mobilité que présentent les différentes parties du réseau routier.

Chaque année, les routes de l’Aude sont confrontées à un danger bien connu en zone montagneuse : les chutes de blocs. Ces éboulements, souvent imprévisibles, perturbent la circulation, mettent en péril la sécurité des usagers et compliquent la gestion des infrastructures routières. En février dernier, un éboulement sur la RN90 entre Albertville et Moutiers a bloqué la route pendant plusieurs jours. En 2023, la N134 a subi le même sort.

 

Un territoire particulièrement exposé 

J. M'Balla - Cerema

Face à cette menace amplifiée par le changement climatique, le Conseil Départemental de l’Aude (CD11) a décidé d'aller au-delà des interventions ponctuelles après chaque incident, et d'adopter une approche proactive. En collaboration avec le Cerema, un organisme expert en ingénierie des risques naturels et en mobilité, il a mis au point un outil innovant permettant d’identifier et de classer les tronçons routiers les plus vulnérables. Une avancée décisive pour une gestion plus efficace et une sécurité renforcée.

Avec 4 700 km de routes, dont 37 % en zone montagneuse, l’Aude est un territoire particulièrement vulnérable aux éboulements rocheux. Ces phénomènes naturels peuvent non seulement entraîner des coupures de circulation mais aussi isoler certains villages et compromettre des axes stratégiques.

Plutôt que de réagir après chaque éboulement, le CD11 a décidé de prendre le problème à bras-le-corps en mettant en place une stratégie d’anticipation. Objectif : identifier les zones à risque avant qu’un accident ne se produise et hiérarchiser les priorités d’intervention.

 

Une approche stratégique pour une gestion plus efficace

Pour optimiser ses ressources et sécuriser son réseau routier sur le long terme, le département a fait appel à l’expertise technique du Cerema en matière de risques naturels et mobilité. Ensemble, ils ont développé une méthodologie innovante et rigoureuse qui repose sur une double analyse : 

  • L’évaluation de l’aléa rocheux, c’est-à-dire la probabilité qu’un éboulement se produise à un endroit donné.
  • L’analyse de l’enjeu de mobilité, qui mesure l’impact d’un tel événement sur la circulation. En croisant ces deux éléments, un outil cartographique permet de visualiser clairement les sections prioritaires pour les interventions de sécurisation.

 

L’approche du Cerema repose donc sur trois étapes clés :

Analyse de l’enjeu de mobilité : Quelles routes sont les plus fréquentées ? Celles utilisées pour les services d’urgence, le transport de marchandises ou le tourisme ? Existe-t-il des itinéraires alternatifs en cas de coupure ?

Évaluation de l’aléa rocheux : Quels tronçons sont les plus exposés aux chutes de blocs ? L’analyse s’appuie sur les bases de données du BRGM, les observations des services routiers et des inspections terrain menées par le Cerema.

Cartographie du risque : En croisant ces deux analyses, une classification des tronçons est réalisée afin de prioriser les interventions.

Un outil de visualisation statique

L’un des aspects les plus novateurs de ce projet réside dans la création d’un outil interactif permettant de visualiser les risques sur le réseau routier. Il constitue un support de communication essentiel pour les élus et les gestionnaires du réseau ainsi qu’au grand public. Grâce à une interface cartographique accessible, il facilite la prise de décision et permet d’expliquer les choix d’investissement en matière de sécurisation des infrastructures.

 

Visualiseur Qgis2web présentant les sections selon leur niveau de risque

Une méthodologie adaptable à d’autres risques naturels

Face à l’intensification des événements climatiques extrêmes, cette démarche pourrait servir de modèle pour d’autres territoires confrontés à des risques similaires. La méthodologie développée pour les chutes de blocs pourrait en effet être transposée à d’autres aléas naturels, tels que les inondations, les glissements de terrain ou encore les avalanches.

En alliant expertise technique et innovation méthodologique, le Conseil Départemental de l’Aude et le Cerema ont franchi une étape cruciale vers une gestion plus résiliente du réseau routier. Ce projet illustre parfaitement comment une approche scientifique et stratégique peut améliorer la sécurité des usagers tout en optimisant les investissements publics. Une initiative qui mérite d’être suivie de près et, pourquoi pas, étendue à d’autres territoires confrontés aux défis du changement climatique.