30 octobre 2025
Personne à vélo
Arnaud Bouissou TERRA
Le Cerema a réalisé une étude sur la pratique du vélo et son évolution chez les français âgés de 60 à 80 ans, à la demande du Forum Vies Mobiles. L’axe de travail était d’identifier les conditions dans lesquelles ils sont prêts à faire l’effort physique d’utiliser un vélo.

L’enquête a été menée en deux volets : un volet qualitatif fondé sur des entretiens semi directifs avec 29 personnes, et un volet quantitatif avec une enquête auprès de 783 personnes âgées de 60 à 80 ans.

L’étude qualitative s’appuyait sur deux théories : la théorie de la socialisation, qui explique comment les pratiques deviennent des habitudes, et la théorie de l’énergie émotionnelle. 

 

Le vélo, un effort physique choisi

Faire du vélo, en avançant en âge, nécessite d’être prêt à réaliser un effort physique : quels sont les facteurs qui favorisent le maintien et le développement de la pratique du vélo ?

Sur les 29 personnes interrogées, 24 pratiquent régulièrement le vélo. L’enquête a exploré comment ils ont pris cette habitude, ce qui induit un effet d’entraînement, c’est-à-dire, une dynamique émotionnelle positive qui incite à utiliser le vélo et réduit l’énergie nécessaire pour le faire.

Brocante à vélo à Lille - Cerema

Ainsi l’une des répondantes ne pratiquait pas le vélo, selon elle parce qu’on ne lui a jamais appris. D’autres n’en font plus en raison de douleurs physiques, mais ceux qui le pratiquent régulièrement ont trouvé un rythme qui leur convient, en privilégiant des trajets faciles à réaliser le plus souvent sur les voies cyclables, et avec un vélo électrique. Certains qui font aussi du VTT, des circuits en montagne, préfèrent le faire en groupe et peuvent faire des efforts physiques importants grâce à l’émulation collective.

Les apprentissages du vélo des interviewés dépendent d’interactions marquantes, le plus souvent dans l’enfance avec un proche. Toutefois, les habitudes peuvent ensuite être interrompues. Des accidents physiques peuvent aussi amener à la pratique du vélo d’abord de manière occasionnelle, puis plus régulière, puisque le vélo est moins impactant sur le corps que par exemple la course à pied.

Cette étude a montré l’importance de l’énergie émotionnelle dans la pratique du vélo, le premier effort rendant le suivant moins difficile. C’est ainsi qu’un individu plus et mieux entraîné au vélo, en groupe, aura d’autant plus de chances de poursuivre cette pratique et inversement pour les praticiens peu compétents circulant en solitaire au milieu des voitures et/ou face à la pente. Ce résultat montre le caractère heuristique de la notion d’entraînement, i.e., qui synthétise à la fois la formation des compétences et le fait d’être impliqué émotionnellement dans un rythme adapté à sa pratique et ses capacités physiques.

A l’issue de cette enquête qualitative, 4 hypothèses ont été formulées, et vérifiées dans le volet quantitatif de l’étude :

  • Hypothèse 1. Un entraînement d’habitudes dépend d’un rythme adapté
  • Hypothèse 2. La réussite d’un entraînement augmente un niveau d’énergie émotionnelle, en particulier en groupe.
  • Hypothèse 3. Un entraînement réussi produit une dynamique positive pour la pratique, notamment dans une période de transformation dans la trajectoire d’un individu.
  • Hypothèse 4. Un entraînement devenu habituel favorise durablement la dépense d’énergie dans un effort physique, dans la limite des capacités physiques et du vieillissement de l’individu.

 

Les seniors et le vélo

L’enquête quantitative menée auprès de 783 personnes a permis de mieux connaître la pratique du vélo chez les seniors. Le plaisir de faire du vélo est la principale motivation de la pratique, dont les bienfaits perceptibles encouragent la poursuite : on retrouve l’idée d’entraînement évoquée dans la partie précédente.

 

 
Parmi les principaux enseignements :
 
  • 28% des seniors pratiquent le vélo régulièrement (au moins une fois par semaine) – soit 5 millions de seniors, et 10% en font occasionnellement, au moins une fois par mois mais moins d’une fois par semaine, des proportions similaires à la population générale.
  • 22% des seniors interrogés disent n’avoir jamais appris à faire du vélo.
  • Le niveau de diplôme et de revenu a peu d’impact sur la pratique du vélo.
  • Près d’un cycliste sénior sur deux (53%) fait du vélo aussi bien pour ses déplacements utilitaires que pour le plaisir. Parmi les autres, on compte deux fois plus de seniors à faire du vélo uniquement pour le plaisir (32%) que pour les déplacements utilitaires uniquement (15%).
  • Les seniors font du vélo autant en ville qu’en territoire rural, mais différemment : en milieu rural, les seniors utilisent le vélo surtout pour les loisirs (41% ne l’utilisent que pour les loisirs), alors qu’en centre-ville les motivations sont plus diverses : 26% utilisent uniquement le vélo pour les déplacements utilitaires et 21% pour les loisirs uniquement.
  • La soixantaine semble une période favorable pour augmenter la pratique du vélo, notamment chez les femmes : c’est le cas de 41% des répondants. Mais très peu commencent la pratique du vélo à la soixantaine.
  • Chez les seniors, les hommes sont très majoritaires parmi les cyclistes : 64% sont des hommes.
  • En revanche la pratique du vélo diminue avec l’âge, en particulier après 75 ans avec le déclin de la condition physique.
  • 95% des seniors cyclistes disent se sentir en bonne santé et 9 sur 10 estiment que la pratique leur fait du bien. 82% d’entre eux éprouveraient une difficulté à cesser de rouler à vélo.

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