
Un accord cadre R&D signé entre la Métropole de Lyon et le Cerema pour suivre en continu la mobilité quotidienne
Dans un contexte d’évolution possiblement rapide des pratiques de déplacements sur son territoire, la Métropole de Lyon souhaitait mieux connaître et suivre en continu les transformations des comportements de mobilité quotidienne des habitants. Cette connaissance est nécessaire pour évaluer les impacts des politiques menées, mieux anticiper les besoins de déplacements et dimensionner en conséquence les différents services et aménagements à mettre en œuvre.
Or, il n’existe pas aujourd’hui de méthode éprouvée permettant la connaissance des pratiques de mobilité sur des temps rapprochés. Il est donc nécessaire d’initier un recueil spécifique qu’il convient de définir et de tester. Il s’agit notamment de vérifier si les résultats sont pertinents pour répondre aux enjeux de connaissance en continu des mobilités quotidiennes et aussi de valider et ajuster le protocole proposé.
Sur cette base, un accord cadre de recherche et développement à bons de commandes a donc été signé entre la métropole de Lyon et le Cerema le 18 aout 2022. La première phase d’expérimentation du dispositif de suivi en continu de la connaissance des pratiques de mobilité quotidienne des habitants de la métropole de Lyon a été mise en place en 2023, avec notamment la réalisation d’une première vague d’enquêtes.
2024 a vu la réalisation d’une deuxième vague d’enquête, et début 2025, la Métropole de Lyon lance la troisième et dernière vague de ce dispositif d’Enquête Mobilité annuel.
Des évolutions modales sur 1 an fortement portées par les jeunes
Les deux premières années de collecte montrent que près de 90 % des usagers d’un mode de déplacements n’ont en général pas fait évoluer leur fréquence d’utilisation de ce mode.
Les principales tendances d’évolution des pratiques modales de déplacements sur un an sont une intensification de l’utilisation du vélo par les cyclistes réguliers et des transports en commun (TC) par les usagers quotidiens de ce mode. En revanche une baisse de la fréquentation des TC est observée pour les utilisateurs réguliers mais non quotidiens de ce mode.
Sur une année, il apparait qu’autant de personnes soient passées de la voiture aux TC que des TC à la voiture. Par contre, il semble que deux fois plus de personnes soient passées du vélo à la voiture que du vélo à la voiture.
Sans surprise, on remarque que les personnes qui ont fait évoluer leurs pratiques de mobilité sur 1 an sont majoritairement des jeunes de 15 à 24 ans. C’est une classe d’âge qui connait plusieurs changements susceptibles de bouleverser leur mobilité : le passage au lycée souvent plus éloigné du domicile que le collège, l’obtention du permis de conduire et l’accès à la voiture, le départ du foyer des parents, la fin des études et le début de la vie active, la construction d’une nouvelle vie familiale.
D’une manière plus générale, et quel que soit l’âge, ce sont les changements de situation individuelle, en particulier un changement d’occupation principale, un changement de lieu de travail ou d’études ou bien encore une évolution de la cellule familiale, qui constituent les principaux facteurs qui ont compté pour expliquer les changements de pratiques modales. Ainsi près de la moitié des personnes qui ont fait évoluer leurs pratiques modales entre 2023 et 2024 estiment que au moins un de ces changements a compté. Ces résultats soulignent l’importance de certains moments de vie pour changer les habitudes de mobilité et en particulier modifier les choix de mode de déplacement des individus.
Viennent ensuite comme facteurs explicatifs des changements de comportements mobilité, la volonté de limiter ses déplacements, ou de limiter l’utilisation de la voiture pour réduire son impact sur l’environnement.
L’évolution dans les niveaux de services pour les réseaux et services de transports (contraintes sur les conditions de circulation automobile et le stationnement, qualité de service TC, sécurisation des itinéraires cyclistes) intervient enfin dans l’explication des changements de pratique, de même que le coût d’utilisation de la voiture.
A l’inverse le télétravail, la crainte d’attraper des virus dans les TC sont rarement évoqués comme facteur explicatif des changements de pratique de mobilité sur 1 an.
Des perspectives pour demain …
L’analyse des 3 années de collecte, et plus particulièrement l’analyse des personnes qui auront répondu aux 3 années de collecte, permettra de mieux qualifier « la vitesse » de changement de comportement modal et de pouvoir répondre à la question : ce changement est-il plus marqué, donc plus « visible », sur 3 ans que sur une année ?
Par ailleurs, l’Enquête Mobilité Annuelle de la Métropole de Lyon permet d’identifier des profils d’usagers des modes, en particulier les « exclusifs de la voiture ». Outre une qualification de ces usagers (qui sont-ils ? changent-ils moins de mode ? …) l’analyse sur plusieurs années permettra de voir si leur part évolue sur ces 3 années.
Contact : DMOB.DTerCE@cerema.fr