SalamandreLes organismes vivants et les écosystèmes ont évolué pendant des millions d’années selon des cycles rythmés par l’alternance du jour et de la nuit, des phases de la lune, des variations saisonnières de la durée et de la luminosité du jour.

Certaines espèces se sont ainsi spécialisées pour vivre tout ou partie de la nuit, en développant des facultés de vision nocturne ou d’autres sens de substitution (gros yeux, sensibilité aux infra-rouges, utilisation de l’écholocation, ouïe très développée, etc.). On considère aujourd’hui que plus de 60% des organismes invertébrés, dont les insectes, les crustacés (qui représentent le plus grand nombre d’espèces animales), et presque 30% des vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles, etc.) sont actifs au moins en partie la nuit.

Les plantes sont aussi sensible à la lumière et à sa composition, qui influent sur leur cycle de développement (croissance végétative, débourrage des bourgeons, production de fruits/ graines, etc.).

Ce n’est que très récemment, avec l’avènement de l’électricité, que l’homme, espèce diurne, a introduit et développé de manière rapide un réseau d’éclairage artificiel, permettant de prolonger les activités humaines, de sécuriser les déplacements, de mettre en valeur le patrimoine pendant la nuit, etc.

Petit à petit, l’éclairage artificiel, symbole de modernité et de développement, s’est ainsi installé à la surface de notre planète en suivant l’urbanisation, au point cependant aujourd’hui de priver de la possibilité de voir la voie lactée 30% de l’humanité, dont 60% des européens et 80% des nord-américains, par le phénomène de halo lumineux qui domine les zones urbaines et empêche la perception de la voûte céleste. (D’après les travaux de F. Falchi et de son équipe, publiés en 2016).

 

Quel est l'impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité ?

Pollution lumineuseAu-delà des services qu’il rend à l’homme et des incidences qu’il a sur l’astronomie terrestre, cet éclairage artificiel induit par ailleurs de forts bouleversements dans les écosystèmes et sur les espèces vivantes.

Par exemple, il allonge la période d’activité de certaines espèces, attire et piège au niveau des lampadaires de nombreux insectes, modifie le cycle hormonal de mammifères et d’oiseaux, crée une concurrence entre prédateurs de jour et de nuit, fait fuir certaines espèces qui craignent cette lumière et doivent de fait se cantonner à des portions de territoires de plus en plus petites et déconnectées les unes des autres…tout ceci dans le contexte global de ce qu’on appelle aujourd’hui la sixième extinction de masse de la biodiversité.

Il affecte aussi la physiologie et la santé humaine, en influant par exemple la production de mélatonine, qui joue un rôle important dans le mécanisme du sommeil.

 

Que faire ?

Or, cette pollution lumineuse n’est pas une fatalité, car elle est, dans une certaine mesure, réversible : on peut éteindre, et certaines espèces reprennent immédiatement une activité "normale" ; d’autres auront besoin de plus de temps, voire de plusieurs générations d’individus pour réexploiter pleinement l’espace.

On peut également jouer sur différents paramètres de l’éclairage (puissance, orientation du flux lumineux, composition spectrale de la lumière, etc.) pour réduire ses effets négatifs tout en conservant ses apports utiles à l’homme.