Informations pratiques
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Cerema Méditerranée
Pôle d'activités Les Milles
30 avenue Albert Einstein
13596 AIX-EN-PROVENCE
France
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Le secteur des transports est à l’origine d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France. Face au réchauffement climatique, la décarbonation du transport de marchandises et de la logistique urbaine constitue un levier essentiel de la transition écologique. L’intensification des échanges, la montée en puissance du e commerce et la complexité croissante des chaînes logistiques renforcent la nécessité d’une réflexion collective et d’une action coordonnée. En milieu urbain, la logistique du dernier kilomètre encore largement routière et peu mutualisée contribue aux problèmes de congestion, de pollution de l’air et de nuisances sonores.
Il nous faut poursuivre et accélérer la mise en oeuvre des actions qui découlent des dynamiques territoriales engagées, notamment dans le cadre du programme CEE Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable+ InTerLUD.
Face à ces enjeux, cette journée organisée par le Cerema Méditerranée vous propose d’identifier ensemble des pistes d’action concrètes, de partager les bonnes pratiques et de renforcer les synergies pour construire une logistique plus durable.
Synthèse de la journée
Avec une quarantaine de participants, la journée et les échanges se sont focalisés sur les points suivants.
Les enjeux de la décarbonation pour le transport de marchandises
- Enjeux nationaux et trajectoires de décarbonation à l’horizon 2050 - Martin KONING, Directeur de recherche en sciences économiques, Université Gustave Eiffel
La présentation de Martin Koning présente les résultats du projet DDP-Fret France, qui vise à définir des trajectoires de décarbonation du fret terrestre à l’horizon 2050. Deux scénarios sont analysés : l’un prolonge les tendances actuelles avec une dépendance au transport routier et aux agrocarburants, l’autre mise sur la relocalisation, l’économie circulaire et le développement du fret ferroviaire et de l’intermodalité. L’approche combine des récits qualitatifs et des indicateurs quantitatifs pour analyser les leviers de transition : modération de la demande, report modal, taux de remplissage, technologies et énergies. Le projet met aussi en lumière les effets associés (pollution, congestion, pression sur les ressources) et alimente des démarches prospectives nationales et internationales. Cette présentation propose une méthode originale et rigoureuse pour penser la décarbonation du fret, en articulant vision stratégique, données concrètes, information et dialogue entre acteurs pour construire des trajectoires crédibles et soutenables à l’horizon 2050.
- Stratégie et actions de la Région Sud pour décarboner le transport de marchandises - Julie RAFFAILLAC, Chargée de projet logistique, Région Provence Alpes Côte d’Azur
La logistique régionale est marquée par des flux routiers majoritaires, responsables d'importantes émissions de CO2 et de polluants atmosphériques et contribuant à la congestion. La Région Sud a adopté la stratégie régionale de transition écologique des transports ACORS (Adaptation, Conversion des flottes, Report Modal, Sobriété) et un plan régional de la logistique. La Région Sud, à travers les appels à projets « Logistique Bas Carbone » et les Atelier Régionaux de la Logistique soutien des actions concrètes et pionnières, comme par exemple le transport de décors et matériels scéniques par train pour le Festival d'Avignon, le transport de palette par voile en Méditerranée et la création d’un guide d’harmonisation des réglementations des livraisons. Il nous faut réinventer COLLECTIVEMENT la logistique régionale, en s’appuyant sur l’ensemble de l’écosystème des acteurs partenaires.
- Intégrer le rail au cœur des chaînes logistiques décarbonées - Julien CARLIER, Chargé de compte FRET Ferroviaire, SNCF Réseau
La stratégie nationale ambitionne de doubler la part modale du fret ferroviaire d'ici 2030, après des années de déclin. SNCF Réseau œuvre à améliorer la qualité de service et les infrastructures, avec des investissements accrus pour les voies de service et le dégagement des gabarits dans les tunnels. Le transport combiné, qui complète la route, est le moteur principal du report modal, malgré un parc majoritairement non préhensible (90% des remorques). Des efforts régionaux significatifs se concentrent sur le hub de Miramas et le bassin de Fos, mais des défis subsistent pour massifier les petits flux.
Des projets de décarbonation concrets : Retour d’expérience et échanges avec les acteurs engagés sur le terrain
- Passer au camion électrique - Marc LEJEUNE, Directeur Business Intelligence, Renault Trucks
La présentation montre que le camion électrique à batterie est désormais une solution crédible pour décarboner le fret routier. L’entreprise propose une gamme complète de véhicules électriques allant jusqu’à 44 tonnes, avec des autonomies pouvant atteindre 600 km d’ici 2026. Le réseau de recharge, bien qu’encore limité, se développe en France et en Europe, avec plus de 600 points accessibles aux camions. Les performances sont adaptées à la distribution urbaine, régionale, et bientôt longue distance. Si la charge utile reste légèrement inférieure au diesel, les écarts se réduisent avec l’évolution des modèles. L’électrique est ainsi présenté comme une alternative mature, efficace et rentable pour un fret routier plus durable, complémentaire aux autres modes massifiés, soutenue par une offre technique aboutie et un accompagnement de Renault Trucks sur mesure.
- Terminal Ouest Provence : où en est-on un an après l’ouverture ? - Yannick PAQUERIAUD, BTM, Responsable du Terminal et Théo LAZZAROTTO, Responsable commerciale du groupe OpenModal
Inauguré début 2024, le Terminal Ouest Provence est le premier terminal ferroviaire 100% décarboné en France, utilisant des engins de manutention et un locotracteur entièrement électrique. Financé par un partenariat public-privé, il possède quatre voies ferrées de 850m et retire 500 camions de la route toutes les nuits. Le terminal est entièrement digitalisé, assurant traçabilité et efficacité, et emploie des technologies innovantes comme les portiques à pilotage déporté. Intégré dans la chaîne de transport combiné d'Open Modal, il dessert principalement les axes nord-sud avec un temps de parcours de 24h pour des distances supérieures à 500 km.
InTerLUD+ : moteur d’une logistique urbaine plus verte
- Comment ce programme structure la collaboration entre territoires et acteurs pour accélérer la transition vers une logistique urbaine durable ? Hélène DE SOLERE, Directrice de projets Logistique, Cerema et Raphaël LHERNAULT, Chargé de projet logistique urbaine durable, Logistic Low Carbon
La présentation du 26 juin 2025 revient sur les avancées du programme InTerLUD+, piloté par le Cerema, Logistic Low Carbon et Rozo, qui vise à structurer une logistique urbaine plus durable en associant collectivités et acteurs économiques. Fondé sur une méthodologie en cinq étapes – mise en place d’une gouvernance sur la logistique, diagnostic, concertation, plan d’action et réalisation des actions – le programme permet à 61 territoires d’être accompagnés, dont plus de la moitié ont engagé des actions concrètes. Les priorités récurrentes concernent la régulation des livraisons, l’optimisation des aires de livraison, la promotion des véhicules à faibles émissions ou encore le déploiement de solutions multimodales (fluvial et cyclologistique). InTerLUD+ s’appuie également sur l’innovation numérique, avec le développement d’outils comme le portail RoulerOvert ou le disque numérique de stationnement pour zones sensibles, afin de répondre aux enjeux des ZFE et des centres-villes contraints. En combinant action locale, innovation et coordination nationale, le programme vise à faire émerger une logistique urbaine plus fluide, plus sobre et mieux intégrée aux politiques de transition écologique.
Ateliers de travail
- Cyclologistique : pédaler ensemble vers une meilleure collaboration entre acteurs - avec le témoignage d’Ekinos
Le diagnostic réalisé par Ekinos sur la cyclologistique à Marseille révèle que les livraisons du dernier kilomètre représentent 42% de l’activité cyclologistique en France, contre seulement 9% dans la cité phocéenne. Ce retard représente un fort potentiel de développement, sous réserve de lever certains freins. Deux leviers prioritaires sont identifiés : l’implantation d’un hub cyclologistique partagé à proximité du centre-ville, en mobilisant des locaux publics vacants, et le renforcement des liens entre donneurs d’ordre et cyclologisticiens pour favoriser la mutualisation des flux.
L’atelier a permis d’approfondir les deux axes proposés. Les échanges ont notamment mis en lumière le potentiel de mobilisation de locaux publics vacants en centre-ville, souvent inexploités temporairement. Il a été suggéré de recenser les acteurs publics propriétaires de ces espaces afin d’identifier ceux pouvant accueillir un hub partagé, tout en assouplissant les modalités de gestion pour permettre à plusieurs petites entreprises d’en bénéficier. L’atelier a également souligné l’importance de renforcer les liens entre donneurs d’ordres et cyclologisticiens pour favoriser la mutualisation des flux. Le principal frein identifié reste le surcoût lié à la rupture de charge ; les participants ont proposé de le documenter à travers des études de cas concrètes menées dans d’autres agglomérations afin d’objectiver les coûts cachés et démontrer la viabilité économique du modèle.
- Circuits courts alimentaires de proximité : l’implication des acteurs pour faciliter le développement de solutions adaptées
L’atelier « Circuits courts », organisé lors de la journée de conférence, a interrogé l’idée reçue selon laquelle les circuits courts seraient forcément bas carbone. À travers un quiz interactif et des échanges, les participants ont identifié les conditions nécessaires pour réduire réellement leur empreinte, notamment via des organisations logistiques collectives. Deux outils ont été présentés : LogiCout (simulation des impacts logistiques) et Impact CO / Livraison (évaluation individuelle des trajets d’achats). Un participant a également partagé l’usage d’un outil proposé par Ecocert, utilisé dans le cadre de diagnostics d’approvisionnement durable.
Après une interrogation commune sur l’organisation des circuits courts utilisés par les participants, des freins concrets ont été relevés, comme les trajets à vide ou le manque de coordination, et plusieurs pistes ont été proposées : plateformes mutualisées, accompagnement logistique des producteurs, ou encore navettes d’approvisionnement vers les marchés urbains. L’atelier s’est conclu sur le rôle structurant des Projets Alimentaires Territoriaux pour soutenir ces dynamiques.
- Collectivités exemplaires : l'impulsion interne pour un territoire durable
Après un point d’information sur les compétences des collectivités faisant appel à de la logistique urbaine (approvisionnement des cantines, déchets, travaux de voirie, etc..) comme source de leviers d’exemplarité, avec des exemples d’actions concrètes associées, les participants ont cherché à connaitre leurs impacts, leviers et opportunités générés chez les acteurs privés.
- Fresque de la livraison en ville : découverte d’un outil ludique et collaboratif pour sensibiliser aux enjeux et de la logistique urbaine durable
Une quinzaine d'acteurs publics et privés de la logistique urbaine ont participé à fresque de la livraison en ville pour s’immerger dans une vraie expérimentation concertée. Développée par le Programme InTerLUD+, sur la base des ateliers de concertation menés dans les territoires engagés dans le programme, la fresque de la livraison en ville est un outil ludique et engageant qui a pour objectif de sensibiliser à la logistique urbaine durable, ses enjeux et ses évolutions. Elle comprend 7 activités complémentaires et participatives.
Lien pour télécharger la version imprimable :
https://www.interlud.green/la-fresque-de-la-livraison-en-ville
