Les ouvrages d’art, qui constituent souvent des points noirs pour les modes actifs, occupent une place centrale dans la transformation et l’adaptation des infrastructures existantes de mobilité.
Dans les régions Pays de la Loire et Bretagne, l’usage de la voiture reste largement dominant dans les déplacements. Toutes distances confondues, la voiture représente environ 80 % des trajets tandis que les modes actifs – marche et vélo – représentent à peine 8 % de la répartition modale. Néanmoins, pour les trajets courts inférieurs à 5 km, ces modes actifs atteignent près de 20 % de part modale, témoignant d’une évolution progressive des usages et d’un potentiel important de report modal vers des mobilités décarbonées.
Dans un contexte mêlant décarbonation des transports, sobriété foncière et évolution des attentes et pratiques des usagers, les ouvrages d’art existants doivent désormais s’adapter pour accueillir de nouveaux modes de déplacement, en particulier les modes actifs.
C’est dans cette perspective que s’est tenue la journée technique "Adaptation des ouvrages d’art aux modes actifs", organisée par le Cerema Ouest. Ce rendez-vous technique a permis de croiser les enjeux de l’ingénierie des ponts avec ceux de la mobilité, en réunissant maîtres d’ouvrage, concepteurs et experts techniques autour d’un même objectif : favoriser la réutilisation, la requalification et l’adaptation du patrimoine existant au service des mobilités décarbonées.
Introduction et cadre de référence
L’introduction de cette journée a mis en lumière le cadre national qui oriente ces transformations. La Loi dite "Climat et Résilience" (n°2021-1104, 22 août 2021) et la Loi d’Orientation des Mobilités dites LOM (n°2019-1428 du 24 décembre 2019) ont fixé des ambitions fortes sur les territoires : réduire l’artificialisation des sols, améliorer les déplacements du quotidien et intégrer pleinement les mobilités actives dans les politiques locales. Dans leur prolongement, le Plan Vélo et Mobilités Actives 2023-2027 vise le déploiement massif d’infrastructures cyclables sécurisées sur tout le territoire, soutenu par des programmes incitatifs tels que le Fonds Mobilités Actives.
Ces évolutions des usages ouvrent de nouvelles perspectives pour les ouvrages d’art : adaptation des profils en travers sans modification structurelle, requalification structurelle, partage de la voirie, gestion des interfaces entres flux tout en garantissant la performance de l’infrastructure et la sécurité des usagers.
Le Guide d’adaptation des ouvrages d’art aux nouveaux usages, présenté lors de cette journée, sera publié en 2026. Il constitue un nouvel outil de référence, technique et opérationnel pour mener une démarche d'adaptation d'un ouvrage d'art, et propose des approches méthodologiques, des dispositions techniques, des retours d’expérience et des exemples d’aménagements permettant d’intégrer efficacement les modes actifs dans les projets.
En complément, l’accent a été mis sur les principes techniques et de sécurité propres à l’intégration des modes actifs, en s’appuyant sur la littérature technique existante et les notes d’information de mobilité du Cerema: recommandations de largeur des voies pour les modes actifs, recommandations de séparation, pentes, gardes-du-corps...)
Enfin, la séquence a souligné l’importance de la cohérence des itinéraires cyclables en amont et en aval des franchissements, condition indispensable à une intégration harmonieuse des nouveaux usages dans les politiques publiques de mobilité.
Adaptations sans modification de la largeur du tablier
Cette deuxième séquence a porté sur les principes d’adaptation des ouvrages d’art existants sans modification de leur gabarit structurel, tels que présentés dans le futur Guide Cerema "Adaptation des ouvrages d’art aux nouveaux usages". Les retours d’expérience du Département de Maine-et-Loire, de Loire-Atlantique et de Nantes Métropole ont illustré la mise en œuvre de solutions techniques pragmatiques favorisant l’intégration des modes actifs, tout en optimisant les emprises disponibles, la sécurité des déplacements et la gestion du patrimoine, dans une logique de maîtrise des coûts.
Adaptations avec modification de la largeur du franchissement
Cette troisième séquence a traité des interventions structurelles visant l’élargissement des ouvrages d’art afin de mieux répondre aux nouveaux usages. Les retours d’expérience du Département de Maine-et-Loire, de Loire-Atlantique et de Nantes Métropole ont illustré des démarches de conception et de modélisation menées en cohérence avec les principes du futur Guide Cerema "Adaptation des ouvrages d’art aux nouveaux usages". Ces MOA ont également souligné l’importance d’élargir la zone d’étude aux raccordements amont et aval, afin de garantir la continuité et la cohérence des itinéraires pour les modes actifs.
Évolutions d’usage sous ouvrages
La dernière séquence a traité des adaptations sous ouvrage, notamment le rescindement de perrés pour créer des continuités cyclables ou piétonnes en parallèle d’infrastructures routières existantes. Elle a permis de mettre en lumière les techniques et opportunités d’élargissement de plateforme sous ouvrage dans une recherche d’optimisation des emprises foncières.
Les retours d’expérience du Département de la Sarthe ont illustré plusieurs opérations de rescindement de perrés pour le passage d’une piste cyclable, réalisées au moyen de soutènements en rideau de palplanches, paroi clouée ou murs en béton armé.
