17 octobre 2025
accident de la route
Arnaud Bouissou TERRA
L'observatoire départemental de la sécurité routière de Seine-Maritime a demandé au Cerema de réaliser une étude de l'accidentalité en milieu urbain.

Le département de la Seine-Maritime a connu une augmentation de l’accidentalité routière en milieu urbain depuis la fin de la période COVID. L’observatoire départemental de la sécurité routière souhaitait mieux connaître ces accidents, et notamment les plus graves, pour être en mesure de proposer des actions pour remédier aux accidents présentant des typologies similaires.


Une analyse des accidents depuis 2019

L’étude, portée par la préfecture de région Normandie, comporte deux parties. La première repose sur l’analyse de l’ensemble des accidents sur la période 2019-2024 d’après le fichier BAAC (Bulletin d'Analyse des Accidents de la Circulation).

La seconde est une analyse détaillée d’un échantillon d’accidents. L’échantillon d’accidents a été calibré selon l’accès aux Procès-Verbaux (PV) d’accidents mortels ou graves. Une base de données de 106 accidents (74 mortels et 32 graves) a ainsi été constituée après lecture et analyse séquentielle des PV qui étaient disponibles.

Les accidents ont ensuite été étudiés selon différentes thématiques comme leur typologie (accidents avec piéton, sans tiers et accident à plusieurs véhicules sans piéton), les différents véhicules impliqués, l’âge des impliqués ou le territoire de l’accident. Selon les différentes thématiques, l’étude a mis en avant des caractéristiques marquantes ou spécifiques ainsi que des facteurs ayant contribué à la survenue de l’accident.


Les principaux résultats de l’analyse issue des PV

L’échantillon d’étude n’est pas représentatif de l’ensemble des accidents en milieu urbain du département, mais il permet de faire ressortir quelques éléments qui pourront mener à des pistes d’actions.

Certaines typologies d’accidents ont été identifiées à plusieurs reprises. Il s’agit d’accidents :

  • pour lesquels le conducteur avait une attention focalisée sur la voie prioritaire entraînant une absence de perception du piéton en traversée ou du véhicule antagoniste ;
  • avec une problématique de non détection des cyclistes (notamment des vélos à assistance électrique) ou engins de déplacement personnel motorisé (EDPm) potentiellement masqués, circulant sur un aménagement cyclable ;
  • sans tiers avec une perte de contrôle dynamique du véhicule (voiture ou moto) et des conducteurs (dont certains inexpérimentés) ayant consommé de l’alcool et/ou des stupéfiants ;
  • impliquant un cycliste ou conducteur d’EDP n’ayant pas respecté volontairement une priorité ;
  • avec un véhicule en marche arrière heurtant un piéton.

L’analyse des accidents a mis en avant les éléments suivants :

  • De nombreux accidents ont présenté des chocs à vitesse élevée alors qu’ils se sont déroulés dans des zones urbaines avec des vitesses réglementaires ne dépassant pas 50 km/h ;
  • Pour les accidents avec piéton, plus de la moitié des conducteurs ont heurté le piéton sans ralentir. Ils n’ont généralement effectué aucune manœuvre d’urgence par absence de perception du danger, par étonnement ou manque de temps.

Les facteurs d’accidents liés aux impliqués (conducteurs ou piétons) sont fortement corrélés aux types d’accidents ou de véhicules mais également aux caractéristiques des usagers (âge, genre). Le rôle des différents facteurs ne peut pas être certain (analyse basée sur les PV d’accidents et non sur des expertises ou enquêtes spécifiques). Cependant, certains facteurs sont particulièrement ressortis des différentes analyses.

 Il s’agit des facteurs suivants :
  • Pour les facteurs Humain, de l’état physique ou psychologique (substance psychoactives, malaise) du conducteur ou piéton, d’une prise d’information insuffisante avant la réalisation de la manœuvre, d’une prise de risque avec notamment le choix d’une vitesse trop élevée, le non-respect des priorités (plutôt involontaire) ;
  • Pour les facteurs Véhicule (ou mode de déplacement pour les piétons), de la puissance du véhicule qui favorise la vitesse, d’un problème de visibilité (faible perceptibilité du véhicule ou du piéton ou défaut de visibilité lié à l'habitacle) ;
  • Pour les facteurs Infrastructure, d’une mauvaise prise en compte (ou prise en compte partielle) des usagers (notamment les piétons), de masques fixes à la visibilité ou de problèmes d’adhérence sur la chaussée ;
  • Pour les facteurs Conditions de circulation, de l’éblouissement de l’impliqué, d’un problème de perception lié à une faible luminosité ou de masques mobiles à la visibilité ;
  • Pour les facteurs aggravants, de la fragilité de l’impliqué due à l’âge, de l’absence de port du casque ou de la ceinture et du heurt d’obstacle fixe.
Le rapport d'étude et l'analyse d'un échantillon de procès verbaux 
sont sur CeremaDoc (accès restreint) :