22 octobre 2019
Nantes de nuit
Cette étude propose une méthodologie d'analyse de la trame noire en lien avec la trame verte et bleue à l'échelle du territoire de Nantes Métropole afin d'optimiser l'éclairage public et de limiter ses nuisances.

Le concept de trame noire, après les trames verte et bleue, apparaît depuis quelques années : il s’agit d’aménager un corridor écologique nocturne sans pollution lumineuse.

Les activités humaines sont sources de pressions sur les milieux naturels et les espèces qu’ils accueillent : artificialisation et imperméabilisation des sols, fragmentation des habitats naturels,uniformisation des paysages, altération des conditions d’obscurité naturelles.
Sur ce dernier point, des travaux scientifiques ont montré que la lumière artificielle liée à différents équipements (éclairage public, privé, ... ) impactait beaucoup d’espèces et leur cycle de vie.
La législation environnementale a pris en compte depuis les 10 dernières années cet enjeu à travers notamment : les lois issues du Grenelle I et II et la loi biodiversité du 8 août 2016 et des décrets spécifiques sur les nuisances lumineuses (Décret n°2011-831) sur les équipements publicitaires (Décret n°2012-118), ou sur l’éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels (arrêté du 25 janvier 2013). L’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuse, réaffirme et précise les prescriptions pour notamment limiter les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité.

Le Cerema a collaboré avec Nantes Métropole pour élaborer une méthodologie d'identification d'une trame noire.

Un précédent travail entre le Cerema, l’IGN et Nantes Métropole avait permis d’acquérir une image aérienne nocturne et de réaliser des mesures photométriques (éclairement et luminance) sur certains itinéraires routiers en 2013 et 2014. Parallèlement, les services de Nantes Métropole travaillent à l'élaboration d'un Schéma de Cohérence de l’Aménagement Lumière (SCAL) de l’agglomération.

Dans ce cadre, cette étude propose une méthodologie d’analyse de la trame noire en lien avec la trame verte et bleue à l’échelle du territoire de Nantes Métropole afin d’optimiser l’éclairage public et de limiter ses nuisances.

L’étude a été conduite en 3 volets.

Exploitation de l'imagerie nocturne et des données d'éclairage

L''imagerie nocturne de 2014, et des données patrimoniales de l’éclairage ont été exploitées pour :

  • identifier les sources de nuisances lumineuses ;
  • définir des classes d’éclairage vues du ciel  (luminance zénithale)

Les données environnementales ont été étudiées et une couche d’enjeux environnementaux de synthèse sur les bases géoréférencées disponibles (enjeux faune et flore, continuités écologiques, occupation du sol… ) a été réalisée.

Analyse croisée des enjeux

Une analyse croisée entre la luminance zénithale et les enjeux environnementaux à l’échelle de Nantes Métropole a permis d’identifier une trame noire et les ruptures de continuités associés.

La trame noire théorique ainsi identifiée a été mise en relation avec le Plan Local d'urbanisme Métropolitains (PLUM) notamment vis à vis des zones à urbaniser.

Trame noire théorique de Nantes Métropole

 

Trame noire théorique de Nantes Métropole

Zones à urbanisation future incluses dans la trame noire théorique

Zones à urbanisation future incluses dans la trame noire théorique

Préconisations de gestion à l'échelle du SCAL pour alimenter la prise en compte de la biodiversite

Tout éclairage artificiel est susceptible d’impacter la biodiversité, puisqu’il perturbe le cycle naturel jour/ nuit. Certaines technologies sont plus impactantes que d’autres. On retiendra :

  • d’une part que, plus le spectre d’émission de la source lumineuse est large, plus elle est susceptible d’affecter les espèces ;
  • et d’autre part, que toute source lumineuse émettant dans l’UV, le violet et le bleu sera fortement impactante sur les espèces animales (ex : Vapeur de mercure, Iodure métallique, LED standard).

Diverses actions peuvent êtres entreprises pour, à la fois conserver les éléments de trame noire potentiels en l’état et améliorer le déplacement des espèces nocturnes par l’adaptation de la gestion de la lumière au droit des corridors écologiques (principaux, secondaire et potentiels) identifiés dans le cadre des AOP du PLUM. Ces actions peuvent prendre la forme suivante :

  • Étudier au cas par cas le renouvellement des équipements lorsqu’ils sont situés au droit des continuités écologiques
  • Porter une attention particulière au cours d’eau et à leurs abords.
  • Préserver autant que possible certaines zones à urbanisation future