Des glissements survenus en 2021 sur le versant sud de la montagne du Tigre (148 m d’altitude) ont nécessité des restrictions de circulation. Deux expertises et une étude réalisées ensuite par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) de Guyane ainsi qu’une étude de stabilité réalisée par un bureau d’étude privé ont confirmé la vulnérabilité du site. Les investigations ont mis en évidence :
- Des glissements superficiels persistants, liés à la saturation en eau des sols,
- La possible existence d’un glissement profond, encore à confirmer,
- Un risque résiduel de chutes de blocs en amont de la route.
Un suivi géotechnique du site a été mis en place, et fin 2022 la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM) de Guyane, pilote de l’opération, a fait appel au Cerema pour assister la commune dans la gestion de ces risques. En 2025, la DGTM a fait de nouveau appel au Cerema pour l’assister dans la révision de son protocole de sécurité et gestion ainsi que dans le suivi de ces risques.
Déterminer la stabilité du mont
Le Cerema a conduit une expertise géotechnique approfondie, combinant analyses de terrain, mesures inclinométriques et piézométriques, et modélisations de stabilité.
La mission confiée au Cerema et les premières analyses des experts ont été présentées lors d’une réunion de lancement en présence de la Commune de Rémire-Montjoly et des autres acteurs de la démarche (CTG, DGTM, EMIZ, BRGM), qui a aussi permis aux participants d’échanger sur le suivi du site et les règles de fermeture de la route.
Des visites de terrain régulières ont permis de caractériser le mouvement de terrain, les matériaux présents et d’identifier les risques vis-à-vis de la route et du marais situé en bas de la falaise. Les données Lidar avaient, quant à elles, déjà mis en évidence d’anciens mouvements de terrain.

Le Cerema a révisé le modèle géotechnique du site en s’appuyant sur les carottages, les essais in situ et en laboratoire, et sur les données des capteurs, qui, complétées par des sondages, ont permis ensuite de modéliser de nouveau la stabilité des pentes.
L’analyse du Cerema a mis en évidence que de nombreuses incertitudes demeuraient sur la compréhension de ce phénomène. En effet, si le risque de mouvements de terrain de grande ampleur est avéré, sa profondeur est deux fois plus importante que celle identifiée jusque-là. Par ailleurs, l’instrumentation en place étant insuffisante et/ou défaillante, ces mouvements doivent être suivis par de nouveaux capteurs. Les surveillances piézométriques réalisées pouvant mettre en évidence des conditions de nappes à l’origine d’un tel mouvement doivent donc être poursuivies. Un risque fort de chute de blocs plus immédiat a aussi été confirmé. Des travaux de sécurisation seront effectués pour limiter ce risque.
Un scénario de déviation de la route est actuellement en cours de réalisation par le Cerema.
Améliorer la surveillance et la connaissance du site
Des recommandations ont été formulées par le Cerema afin de proposer des pistes pour adapter l’instrumentation du site (positionnement, profondeur des capteurs, types de capteurs) et améliorer la connaissance des phénomènes en présence (caractériser d’avantage les sols, fiabiliser le modèle géotechnique, affiner des calculs, de manière à mieux suivre et caractériser les phénomènes superficiels comme en profondeur.
Dans l’attente de la nouvelle instrumentation, le Cerema a aussi proposé un protocole de sécurité (surveillance et gestion) révisé qui s’appuie sur l’analyse combinée de la piézométrie, de la pluviométrie et sur une surveillance régulière avec des visites de site. Ce protocole comprend de nouveaux seuils d’alerte et de vigilance pluviométriques et piézométriques, ainsi que de nouvelles règles de gestion de la route en fonction de ces seuils, qui évolueront en fonction de la configuration du site et de l’instrumentation future.
Une campagne complémentaire d’investigations par des sondages et essais en laboratoire a été recommandée et sera mise en place début 2026 afin de fiabiliser le modèle géotechnique et statuer sur les phénomènes.
Enfin, le Cerema a proposé des mesures de sécurisation immédiates pour protéger les usagers et limiter l’impact des aléas gravitaires sur la route.
Les résultats ont été présentés lors d’une réunion de concertation sur la surveillance et l’alerte lors de la saison des pluies de 2024 et une réunion de restitution en juin 2025.
