14 novembre 2025
Piste cyclable et piétonne à La Membrolle-sur-Longuenée
Arnaud Bouissou TERRA
Animée par le Cerema (Marion Ailloud, responsable du secteur Espace public et voirie urbaine) et préparée avec le Réseau vélo et marche (Lucille Morio, chargée de mission territoires peu denses), la table-ronde qui a réuni plus de 80 participants était consacrée à la gestion de projets d’aménagements cyclables dans des contextes réglementaires complexes, notamment en présence de protections patrimoniales, paysagères ou liées à la biodiversité.

L’atelier s’est nourri de contributions de collectivités maitres d’ouvrage parmi lesquelles l’Eurométropole de Metz et la communauté d’agglomération Rochefort Océan — respectivement représentées par Maxime Le Corre, responsable du pôle Mobilités à l’Eurométropole, et Claire Bourdais, chargée de mission Tourisme et Mobilités durables à l’agglomération de Rochefort —, ainsi que de l’entreprise de travaux publics Colas, représentée par Julien Bourcerie, directeur Mobilité active et Infrastructures énergétiques. 

Crédit : Christelle Glémet

Tous les trois ont partagé leurs expériences sur la conciliation entre l’objectif de produire des aménagements cyclables qualitatifs et la nécessité de tenir compte des enjeux environnementaux ou architecturaux (sites patrimoniaux remarquables, sites classés, Natura 2000, zones humides, etc.) et les exigences réglementaires qui leur sont associées. L’atelier a abordé les méthodes de pilotage, la concertation avec les services de l’État (notamment ABF et DREAL), les adaptations techniques nécessaires (choix des matériaux, périodes de réalisation des travaux, mesures compensatoires, protection des arbres et milieux naturels), ainsi que les défis rencontrés par les maîtres d’ouvrage, les concepteurs et les entreprises de travaux publics. 

 

Des protections environnementales de différentes natures :

L’atelier s’est intéressé à trois grandes familles de protections, selon qu’elles étaient liées :

  • à la biodiversité et aux milieux naturels (site Natura 2000, réserve naturelle, ZNIEFF, dossier loi sur l’eau…) ;
  • à la préservation de paysages remarquables (site classé, site inscrit, éléments repérés dans le PLUi) ;
  • à la mise en valeur du patrimoine bâti et architectural (site patrimonial remarquable)

Pour chaque protection, il est important de s’approprier les enjeux auxquels elle se rapporte, d’identifier les partenaires (services de l’Etat, gestionnaires…) avec qui il va falloir échanger, de se familiariser avec les procédures qui seront à suivre (autorisation ou déclaration)  et comprendre leur circuit (ministériel, déconcentré, passage en commission ou non).

 

En tant que maitre d’ouvrage, comment concilier ces enjeux et quelles adaptations proposer lors de l’élaboration du projet ?

Le soin apporté à l’organisation et la préparation de tels projets – qui sont complexes – et la concertation à instituer avec les services en charge de ces protections sont des préalables indispensables. Pour Claire Bourdais, confrontée à la fois à des enjeux paysagers et de biodiversité (Grand Site de France, zone Natura 2000), “le pilotage des projets débute par la mobilisation de services ressources internes capables d’aiguiller vers les bonnes procédures, de partager leur expertise et de formuler des préconisations pour mener à bien les opérations dans ces sites sensibles”. Parfois, ces services sont aussi une porte d’entrée vers les partenaires institutionnels de l’Etat en charge de ces protections. “Dans le Site patrimonial remarquable (SPR) du cœur de la métropole de Metz, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) est devenu un acteur incontournable, avec lequel les services ont pris l’habitude de travailler. L’ABF est associé aux projets le plus tôt possible afin d’exprimer ses préconisations sur un espace donné”.

L’estuaire de la Charente, élément du Grand Site de France ©Rochefort-Ocean 
La gare de Metz ©Ville de Metz

Une fois le dialogue avec les partenaires instauré et quelques précautions prises, les projets sont régulièrement amenés à évoluer afin de s’adapter aux besoins et aux attentes des différentes parties prenantes. Plusieurs exemples d’évolutions et d’ajustements techniques ont ainsi été évoqués lors de cette table ronde.

1/ Dans des secteurs à forts enjeux paysager ou biodiversité :

  • une modification du tracé de l’aménagement (pour éviter certaines zones naturelles ou encore pour limiter l’impact paysager) ;
  • une limitation du volume des affouillements et terrassements ;
  • un ajustement du revêtement pour limiter l’imperméabilisation et le maintien des circulations hydrauliques ;
  • le maintien d’arbres et de leur système racinaire, etc.