29 novembre 2019
Covoiturage
© Arnaud Bouissou – Terra
Une première vague d’enquêtes sur la mobilité domicile-travail a été lancée en 2019 par le Cerema auprès d’établissements publics et privés volontaires.
Elle vise principalement à mieux connaître les avis des employeurs et des salariés sur le développement du covoiturage domicile-travail.
Cet article présente les résultats de ces enquêtes.

 

Mieux connaître les pratiques et les avis des employeurs et des salariés sur le covoiturage domicile-travail

Le rapport du Cerema sur le covoiturage courte et moyenne distance mis en ligne en octobre 2018 préconisait d’approfondir, par enquêtes auprès des salariés et des employeurs, les connaissances des pratiques de covoiturage domicile-travail, notamment ce qui freine ou peut motiver son développement.

Deux questionnaires en ligne ont ainsi été conçus par un groupe de travail interne au Cerema pour répondre à cette orientation. L’administration et l’exploitation de ces enquêtes ont été effectuées par le Cerema sud-ouest.

Les exploitations réalisées sont disponibles à la fin de cet article.

28 établissements et près de 21 000 salariés consultés

28 établissements publics et privés se sont portés volontaires pour participer à ces enquêtes, la plupart étant situés sur les territoires des métropoles de Bordeaux, Nantes, Montpellier, Toulouse, et Aix-Marseille.

La première enquête en ligne comporte près d’une quarantaine de questions. Elle a été lancée auprès des personnes en charge de la mobilité dans ces établissements. 20 réponses ont été reçues.

La seconde enquête comportait une soixantaine de questions. Elle a été lancée auprès de 20 951 salariés dans 22 établissements, et a permis de récolter 3 211 réponses exploitables.

Principaux enseignements de l’enquête auprès des employeurs (20 répondants)

Le covoiturage domicile-travail est d’ores et déjà encouragé dans une majorité d’établissements ayant répondu à cette enquête, même si les politiques de mobilité de ces établissements promeuvent bien davantage l’usage des transports collectifs, la pratique du vélo et le télétravail.

Les trois principaux motifs conduisant les employeurs à encourager le covoiturage sont la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les économies financières pour les salariés et les gains en espace de stationnement.

Les trois mesures les plus répandues prises par les établissements en faveur du covoiturage domicile-travail sont :

  • les actions de communication ;
  • la mise en place de services numériques de mise en relation des covoitureurs ;
  • et la création de places de stationnement.

Une majorité d’établissements adhèrent à l’objectif de développer le covoiturage domicile-travail régulier (i.e. chaque semaine) et se disent prêts à prendre plus d’initiatives en ce sens.

Ils indiquent toutefois que le développement du covoiturage domicile-travail nécessite également des mesures relevant de la responsabilité de la puissance publique, principalement :

  • la mise en réseau et l’interopérabilité des services publics et privés de mise en relation des covoitureurs ;
  • l’aménagement de voies et de places de stationnement publiques réservées aux covoitureurs ;
  • et l’instauration d’une garantie de retour en cas d’empêchement ou d’imprévu.

 

NB : Cette enquête n’ayant porté que sur 20 établissements, ses enseignements ne peuvent évidemment pas être généralisés à l’ensemble des établissements du territoire national.

Principaux enseignements de l’enquête auprès des salariés (3211 répondants)

Le covoiturage est pratiqué de manière régulière (une fois par semaine au moins) par 12,1 % de l’ensemble des répondants.

covoiturage

Une majorité (53,9 %) des autosolistes réguliers se disent prêts à covoiturer régulièrement mais à certaines conditions, les trois les plus fréquemment citées étant :

  • la possibilité de trouver facilement et rapidement un covoitureur lorsque le besoin de déplacement se présente ;
  • disposer d’une solution de repli garantie si le covoiturage prévu faisait défaut ou si un imprévu de dernière minute les empêchait de covoiturer ;
  • bénéficier d’avantages financiers ou de récompenses.

 

Les principaux freins exprimés par les autosolistes réfractaires au covoiturage sont:

  • la perte de liberté de se déplacer;
  • l’accompagnement régulier des enfants avec des horaires à respecter;
  • la difficulté de trouver un covoitureur régulier;
  • l’incompatibilité avec l’emploi tenu;
  • le risque d’être en difficulté en cas d’imprévu.

Une très large part (83,5 %) des covoitureurs réguliers actuels covoiturent toujours avec les mêmes personnes, la majorité d’entre eux avec des personnes de leurs ménages .

Les deux principales motivations des covoitureurs réguliers sont l’économie financière personnelle et la réduction des émissions de polluants et du bruit, loin devant les autres motifs proposés.

co voiturage

8,2 % de l’ensemble des répondants ont abandonné la pratique régulière du covoiturage domicile-travail. Les trois principales raisons sont les contraintes d’organisation impliquées par cette pratique, le changement d’emploi et le changement d’horaires de travail.

co voiturage

 

Une très faible part des répondants sont satisfaits par les mesures prises par leur employeur en matière de covoiturage domicile-travail. Une large proportion ne se prononcent toutefois pas à ce sujet.

co voiturage

Les mesures préférées par les salariés pour développer le covoiturage domicile-travail sont:

  • un service unique d’information multimodale permettant de connaître toutes les offres de covoiturage et de combiner le covoiturage avec d’autres solutions ;
  • des solutions de repli en cas de défaillance du covoiturage ou d’imprévus ;
  • des incitations financières ou des récompenses pour les covoitureurs ;
  • des actions d’accompagnement au sens large des salariés.

Les avis des salariés concernant le « forfait mobilité durable » sont partagés.

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« Tous les employeurs privés et publics pourront contribuer aux frais de déplacement domicile-travail en covoiturage ou en vélo de leurs salariés. Ce forfait pourra s’élever jusqu’à 400 €/an en franchise d’impôt et de cotisations sociales. Il remplacera l’indemnité kilométrique vélo mise en place jusqu’à ce jour mais dont la mise en œuvre est restée limitée, car trop complexe. Facultatif, ce forfait répond à une demande des employeurs de disposer d’un outil souple pour soutenir ces modes vertueux. L’État souhaite aussi montrer l’exemple, et généralisera la mise en place du forfait mobilité durable pour tous ses agents d’ici 2020, à hauteur de 200 €/an. »

Source : communiqué de presse du Gouvernement relatif au projet de loi sur les mobilités, 26 novembre 2018

 

NB : Les tendances mesurées dans cette enquête, valables pour l’ensemble des 3211 réponses exploitables reçues, peuvent différer d’un établissement à l’autre en fonction de la géographie des lieux de résidence des salariés, de leur accessibilité, des politiques de mobilité de l’établissement ou de la collectivité locale chargée de l’organisation de la mobilité, des types d’emplois, etc.

Perspectives

Suite à cette première série d’enquêtes, le Commissariat Général au Développement Durable du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire a demandé au Cerema de lancer la même enquête auprès des services déconcentrés de l’État dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est.

L’exploitation de cette seconde vague d’enquêtes permettra de tirer des enseignements plus robustes sur ce qui freine ou motive le covoiturage domicile-travail ainsi que sur sa pratique, et de mobiliser les services de l’État en faveur de cette solution de mobilité afin de réduire l’autosolisme encore largement dominant aujourd’hui.

Le Gouvernement et les acteurs du covoiturage se sont engagés à tripler la part du covoiturage dans les déplacements du quotidien d’ici 2024 et la porter à 3 millions de covoitureurs.

Pour en savoir plus sur les mesures annoncées, voir le communiqué du 29 novembre 2019.

 

Dans le dossier Covoiturage : le dossier du Cerema

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