Une étude complète pour repenser un boulevard routier à Châlons en Champagne

12 novembre 2025
allée paul doumer chalons en champagne
Cerema
La communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne a missionné le Cerema afin de réaliser une étude portant sur l’allée Paul Doumer et l’avenue de Metz (RD3) à Châlons‑en‑Champagne. L’objectif est de sécuriser tous les modes de déplacement, d’apaiser les vitesses et de requalifier cet axe au profil très routier en lui conférant un caractère plus urbain.

L'objectif de cette étude était de fournir des pistes d'action pour sécuriser les déplacements des différents modes, apaiser les vitesses et proposer des aménagements dans ce sens.

 

Le diagnostic en termes de sécurité des déplacements

Il ressort du diagnostic approfondi que cet axe structurant en 2x2 voies supporte un trafic routier journalier élevé avec des proportions de poidslourds importantes. Les profils en travers sont hétérogènes (variant entre 20 et 27 m de large), et donnent un caractère très interurbain à cette entrée de ville. Le trafic sur l’avenue peut ainsi générer un sentiment d’insécurité routière, du bruit, ou encore dégrader la qualité de l’air. Par ailleurs, cette avenue est classée Route à Grande Circulation (RGC), et est empruntée par des transports exceptionnels, de niveau 3 (c’est-à-dire ayant une longueur supérieure à 25 m, une largeur excédant 4 m et un poids dépassant les 72 tonnes et pouvant atteindre 120 tonnes). Enfin, le diagnostic note l’absence d’aménagements cyclables le long de l’avenue, la présence de stationnement entre les arbres et l’implantation de mobiliers urbains occasionnant un empiètement sur trottoir.

Malgré l'aspect "interurbain" de cette avenue, les radars pédagogiques indiquent que la majorité des véhicules circulent entre 40 et 50 km/h, tandis que lexamen de laccidentologie (20142023) recense 16 accidents corporels sur l’itinéraire, dont 6 impliquant des usagers vulnérables. 

La communauté d’agglomération s’est fixé plusieurs objectifs pour les scénarios de réaménagement : 

  • rééquilibrer l’espace public en faveur des piétons et cyclistes ;
  • redonner une place plus importante aux espaces plantés. En effet, l’étude détaille les principes de plantation et de gestion des espaces verts : la conservation des arbres existants quand c’est possible, la gestion différenciée des espaces plantés et la récupération et l’infiltration maîtrisée des eaux pluviales. L’objectif est double : améliorer le confort thermique des usagers et renforcer les services écosystémiques et la résilience urbaine, tout en prenant en compte les interactions avec les réseaux souterrains et les contraintes d’accès riverains.

La réalisation de scénarios de réaménagement de l’avenue a demandé un examen approfondit du fonctionnement des différents carrefours. L’analyse de capacité des carrefours a montré que, dans la plupart des cas, il est possible de réduire le nombre de voies routières sans provoquer de saturation excessive : la section courante et plusieurs carrefours disposent de marges de capacité suffisantes pour supporter un passage de 4 à 2 voies de circulation, ce qui permet la conversion d’emprise en faveur des modes actifs. 

 

Les deux scénarios retenus 

À partir de ce diagnostic complet, cinq scénarios d’aménagement ont été proposés et analysés, et deux scénarios ont été retenus par la collectivité : 

Le scénario n°1 : 

Il consiste à supprimer une voie de circulation dans chaque sens pour y aménager, sans supprimer le stationnement, des bandes cyclables unidirectionnelles le long de la chaussée. Ce scénario est présenté comme peu invasif, rapidement réalisable et peu coûteux (estimation sommaire d’environ 56 k€ HT, essentiellement pour la signalisation), mais il soulève des points de vigilance concernant la sécurité réelle des cyclistes : une bande marquée au sol reste moins protectrice qu’une piste séparée, expose au risque d’empiètement pour se garer et ne respecte pas pleinement les recommandations techniques nationales pour le niveau et le type de trafic et les vitesses observés sur la RD3. 

 

Le scénario n°5 : 

Ce scénario propose la suppression du terre‑plein central et la création d’une piste cyclable bidirectionnelle séparée de la circulation. Le scénario propose ainsi une reprise complète du profil en travers intégrant une plus large végétalisation. Cette option est reconnue comme plus sécurisante et plus favorable pour les vélos, intègre une meilleure végétalisation. Elle demande cependant un investissement plus important, d’un ordre de grandeur d’environ 1,2 M€ HT, et nécessite la mise en œuvre de solutions spécifiques pour gérer les transports exceptionnels (fermetures ponctuelles, escorte, gabarits), ainsi qu’une reprise lourde des carrefours et des raccordements.

 

Avec cette étude, la collectivité dispose désormais d’un document synthétisant les contraintes réglementaires, les analyses de trafic et d’accidentologie, le type de solutions techniques et paysagères réalisables, et les estimations sommaires de coûts, lui permettant d’arbitrer sur le devenir de l’avenue. Cette étude a bénéficié d’une collaboration interne au Cerema entre les spécialistes de l’aménagement de la voirie urbaine, et les spécialistes de la nature en ville, dans une logique de résilience urbaine.