Retour sur une expérimentation de quatre ans
Décidée par le gouvernement, la circulation inter-files des deux-roues motorisés (2RM) a été expérimentée une première fois en France sur les autoroutes et les voies à caractéristiques autoroutières de onze départements entre 2016 et 2020. Son objectif principal était d’encadrer la pratique largement répandue parmi les 2RM et d’évaluer les effets de la légalisation et de l’encadrement de cette pratique. La mission d’évaluation de l’expérimentation a été confiée par la Délégation interministérielle à la Sécurité Routière (DSR) au Cerema pour l’analyse de l’accidentalité, des comportements et de l’acceptabilité de la mesure, et à l’université Gustave Eiffel et à la société Ergo-Centre pour la partie formation.
L’ensemble des volets de l’évaluation y ont été présentés: l’accidentalité, l’analyse des comportements, l’acceptabilité ainsi que le volet éducatif. Plus de 250 participant sont été recensés pour cette conférence. Les supports de présentation ainsi que le replay de la conférence sont disponibles ci-dessous.
Pour plus de détail, se reporter au rapport d’évaluation:
Introduction de la journée
Présentation de l'étude
Les enseignements : les comportements
Les enseignements : l'accidentalité
Les enseignements: l'acceptation de la mesure
L'éducation à la conduite moto :
Conclusion du webinaire
Perspectives
Séquence questions / réponses
Ci-après quelques-unes des questions posées dans le tchat en ligne qui ne trouvent pas de réponse dans les présentations, dont voici les principales réponses.
"Comment a été calculé le différentiel de vitesse entre les motards et les autres usagers?"
Dans l’évaluation, lorsqu’un deux-roues motorisé circulait sur l’inter-files la plus à gauche (IF1), sa vitesse était systématiquement relevée. Dans le même temps, les vitesses des véhicules qui circulaient sur la droite du deux-roues motorisé (donc sur la voie de droite dans le cas d’une 2X2 voies, la voie médiane dans le cas d’une 3X3 voies) étaient également relevées.
Le différentiel a été calculé à partir de ces éléments de vitesse pour chaque motard. Les éléments présentés lors de la conférence et dans le rapport de synthèse sont la moyenne des différentiels de vitesse.
"Lorsque les conditions de circulation ne permettaient pas la pratique de la CIF (vitesse générale > 50 km/h), comment avez-vous déterminé si un 2RM était en inter-files ou pas?"
Nous avons effectué une analyse vidéo sur une distance de 50 mètres.
Lorsque le motard circulait sur l’inter-file la plus à gauche de la chaussée, nous l’avons comptabilisé en inter-file si le conducteur était en action de dépassement des véhicules qui étaient présents à sa droite ou à sa gauche. Si l’action de dépassement n’était pas avérée sur ces 50 mètres, nous l’avons comptabilisé sur une voie "normale" de circulation.
"Y a-t-il des panneaux qui ont été mis en place pour avertir de l’autorisation de cette pratique?"
Pour la première expérimentation, il n’y avait pas de signalisation verticale spécifique. Des campagne d’informations nationales et locales ont eu lieu, principalement en 2016 (TV, radio, flyers, messages sur lespanneaux à messages variables,...).
"Les hausses de l’accidentalité constatée au cours de l’expérimentation peuvent-elles s’expliquer par une augmentation du trafic 2RM et un manque de formation?"
Il y a une réelle faiblesse quant à la connaissance du trafic 2RM. D'une part sur la période de l'expérimentation les ventes de 2RM ont été plutôt en baisse et un parc en réduction, mais cela ne suffit pas pour conclure sur l'usage sur les axes étudiés.
Les comptages réalisés par les gestionnaires de voirie ne comptabilisent pas les 2RM. Les observations vidéo sont sur des périodes suffisantes pour analyser les comportements mais sont insuffisantes pour avoir un comptage des 2RM. En effet, le trafic 2RM varie d'un jour à l'autre. Pour ce qui concerne la formation, se reporter à la présentation sur ce sujet.
"Une telle expérimentation pourrait-elle avoir lieu sur un autre type de réseau(urbain)?"
L’autorisation de la circulation inter-files se limite aux réseaux à caractéristiques autoroutières, car les éléments disponibles dans la littérature internationale ou dans nos travaux montrent un enjeu faible en terme d'accidentalité si les règles sont respectées. Pour la remontée de file (hors réseau autoroutier) le sujet est bien documenté et a fait l'objet de travaux de l'université Gustave Eiffel.
En milieu urbain, les sur-risques d’accidents liés aux remontées de files sont importants. La synthèse de ce que l'on connait est disponible sur une fiche relative à la remontée de file.
Il n’y a pas à ce jour de projet d’expérimentation de remontées de file envisagé côté Etat. Une expérimentation nécessite un arrêté (signalisation) ou un décret (code de la route, la circulation inter-files et la remontée de file relèvent d’un décret).
"La signalisation verticale prévue pour la nouvelle expérimentation est-elle obligatoire?"
Dans l’arrêté du 06août 2021 concernant les panneaux, il est précisé que "La signalisation expérimentale est implantée sur certaines sections des réseaux routiers". Elle n'est donc pas obligatoire sur tout le réseau pour le gestionnaire de voirie