L’extinction et la gradation de l’éclairage public à certaines heures de la nuit sont de plus en plus fréquentes. Elles permettent aux collectivités territoriales de réduire leur consommation énergétique, de maitriser leur facture d’électricité, mais aussi de limiter les impacts de la lumière sur l’environnement (pollution lumineuse, préservation de la biodiversité). Les conditions de visibilité sur plateformes de tramway sont directement impactées par ces pratiques car elles ne possèdent que très rarement de luminaires spécifiquement dédiés à leur éclairage. Ces infrastructures bénéficient donc d’un éclairage qualifié de "résiduel" car en provenance des installations équipant les rues adjacentes.
Par ailleurs la réglementation et les normes françaises ne préconisent pas de seuils minimaux d’éclairage des plateformes de tramway. Afin de définir un éclairage minimal à maintenir sur les plateformes de tramway à l’avenir, le SMMAG a commandé une première étude au Cerema en 2023, dont les conclusions ont permis d’établir des seuils d’éclairage associés à des interstations dont la complexité de conduite différait. Dans l’objectif de décliner ces seuils à l’ensemble des interstations du réseau de tramway de l’aire grenobloise, une étude complémentaire a élaboré en 2025 un Schéma Directeur d’Éclairage (SDE) sur l’ensemble de ce réseau.
Cette étude était portée par une équipe-projet d’agents du Cerema [1]. Nous remercions également le personnel de M-Tag qui y a activement participé.
Le Schéma Directeur d'Eclairage du réseau de tramway :
Les deux livrables associés aux projets sont disponibles sur CeremaDoc :
Le questionnaire d’évaluation sur les besoins de lumière a été constitué sous la forme d’une réponse à l’assertion "les conditions d’éclairage permettent une conduite sécurisée" selon une échelle à 4 points : pas du tout d’accord, plutôt pas d’accord, plutôt d’accord, tout à fait d’accord. L’évaluation s’est ensuite déroulée (entre 22h30 et minuit) sur 10 semaines avec la présentation d’un niveau d’éclairage par semaine, chaque niveau étant présenté deux fois (pour une meilleure robustesse des résultats) et la présentation préalable de deux niveaux d’entraînement pour les conducteurs de tramway (non pris en compte dans l’analyse ultérieure).
La présentation des différents niveaux a été réalisée de façon aléatoire chaque semaine et indépendante entre les tronçons. Les réglages d’éclairage public ont été actualisés par les gestionnaires de l’éclairage public de Grenoble et de Pont-de-Claix (Ville de Grenoble, Ville de Pont-de-Claix, Grenoble-Alpes-Métropole, Grenoble Lumière/Citeos, GreenAlp). En parallèle, la gestion des questionnaires à remplir par les conducteurs de tramway a été supervisée par l’exploitant du réseau de tramway. Les réponses ont ensuite été analysées sous forme de scores pour établir les niveaux satisfaisants selon les jugements des conducteurs de tramway. Les analyses ont démontré qu’une extinction de l’éclairage public est déconseillée si les installations éclairent la plateforme de tramway, mais qu’il est possible d’abaisser les niveaux lumineux pour trouver un compromis entre les enjeux énergétiques et de sécurité. Des seuils de luminance à garantir ont ainsi été obtenus.
2 – Développement d’une méthodologie de Schéma Directeur d’Eclairage des plateformes de tramway de l’aire grenobloise
L'objectif :
Les conclusions de l’étude précédente ont abouti à une possibilité de compromis entre la volonté des communes de réduire le niveau de luminosité d’éclairage public à partir de certaines heures, et la garantie d’un niveau suffisant pour une conduite sécurisée sur plateforme de tramway. Une seconde étude (2024-2025) a développé une méthodologie d’attribution de seuil de luminance minimal pour chacune des interstations du réseau de tramway. Cette démarche a été construite par analogie avec la norme NF EN 13201 de dimensionnement d’installations d’éclairage public, puis adaptée sur la base d’ateliers participatifs avec des conducteurs de tramway. Elle a abouti à une restitution du SDE sous la forme d’une base de données intégrable dans un système d’information géographique (SIG).
L’objectif de cette étude était de transposer la méthodologie de la norme NF EN 13201 (éclairage public) à l’éclairage des plateformes de tramway. Cette méthodologie se base sur plusieurs critères influençant la complexité de conduite : le niveau lumineux à garantir est choisi en fonction de la modalité de ces critères (vitesse, luminosité ambiante, etc.). Ces critères ont été adaptés à une conduite de tramway puis discutés auprès d’un panel de conducteurs de tramway (atelier participatif avec 12 conducteurs, répliqué sur deux dates).
A la suite des ateliers, la liste définitive des critères a été établie :
- Consigne de vitesse (vitesse maximale théorique) du tramway sur l’inter-station (km/h), valeur constante à l’inter-station (résumé de la vitesse sur cette inter-station, comme la vitesse la plus élevée sur cette inter-station)
- Site avec ou sans séparateur physique
- Site à comportement conflictuel (mésusages, incivilités)
- Volume de trafic aux alentours : trafic inexistant ou faible / trafic modéré ou élevé
- Nombre de carrefours sur l’inter-station : élevé = plus de 3 carrefours (en tenant compte des carrefours vélos, par exemple "chrono vélo") / modéré = 3 carrefours ou moins de 3 carrefours
Note : les traversées piétonnes isolées ne sont pas considérées dans ce décompte - Véhicules en stationnement (le long de la plateforme)
- Luminosité ambiante : élevée (vitrines de magasins, panneaux publicitaires, terrains de sport, gares, entrepôts, éblouissements potentiels) / modérée (situation normale) / faible (éclairage public uniquement)
[1] Directions territoriales Méditerranée et Ouest du Cerema.




