Cet article fait partie du dossier : Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
Voir les 73 actualités liées à ce dossier
Le webinaire a abordé plusieurs grands thèmes, depuis le cadre international et juridique de la signalisation jusqu’aux évaluations récentes d’expérimentations, en passant par les évolutions réglementaires intégrées en 2025 dans l’arrêté du 24 novembre 1967 modifié et dans l’Instruction interministérielle sur la signalisation routière (IISR).
Un cadre réglementaire rappelé et mis en perspective
La première partie du rendez-vous a permis de rappeler les principes des Conventions de Vienne de 1968, qui constituent le socle de l’harmonisation internationale de la signalisation routière, tout en laissant aux États des marges d’adaptation dans leur déclinaison nationale.
La situation contrastée de certains pays, comme l’Espagne ou le Royaume-Uni, signataires mais non parties contractantes, ou encore les approches régionales observées en Afrique australe et en Amérique centrale, illustre les différences de marges de manœuvre existantes par rapport à la France, qui est partie contractante à ces conventions.
Ce rappel international a été complété par une présentation du cadre juridique français, fondé sur le code de la route, l’arrêté de 1967 modifié et l’IISR, ainsi que sur le rôle central des expérimentations, autorisées dans un cadre strict et limité dans le temps, pour accompagner l’évolution de la réglementation.
Évolutions réglementaires, expérimentations et travaux en cours
Le webinaire est ensuite revenu sur les actualités 2025 de la signalisation routière, en intégrant à la fois des évolutions réglementaires, des expérimentations et des travaux en cours.
Évolutions réglementaires récentes
Plusieurs adaptations de l’arrêté de 1967 modifié et de l’IISR ont été présentées, notamment :
- la clarification de la position de la ligne d’arrêt devant un feu de signalisation, afin de lever des ambiguïtés d’interprétation lorsque la ligne est matérialisée ;
- l’intégration dans la réglementation de la signalisation liée au péage en flux libre, issue d’expérimentations arrivées à maturité ;
- l’introduction d’une signalisation facultative de rappel de l’interdiction de s’engager sur un passage à niveau en cas de risque d’immobilisation, visant à renforcer la prévention dans des contextes sensibles.
Expérimentations et travaux en cours
Rappelons que la signalisation expérimentée n’est temporairement légale que sur les sites participants à l’expérimentation et qu’il est tout à fait possible si l’expérimentation n’est pas concluante que la signalisation n’entre jamais dans la réglementation. Les panneaux ou les marquages expérimentaux sont alors retirés de l’espace public. Ce fut le cas pour les passages piétons en 3 dimensions.
Parmi les expérimentations présentées figure notamment celle du tourne-à-gauche indirect pour les cyclistes, destinée à améliorer la sécurité et la lisibilité des trajectoires aux carrefours, en s’appuyant sur une combinaison de signalisation verticale et de marques sur chaussée. Cette expérimentation fait l’objet d’évaluations portant sur la compréhension du dispositif, les comportements des usagers et les conditions de mise en œuvre, deux conseils départementaux et deux métropoles participent à cette expérimentation.
Le rendez-vous a également permis d’évoquer plusieurs travaux en cours, notamment sur les tapis tactiles traversants, en lien avec l’accessibilité et la lisibilité des cheminements piétons, ainsi que sur les dispositifs de noir de masquage, susceptibles d’aboutir à de futures évolutions du cadre réglementaire.
Évaluations récentes : éclairage préalable aux éventuelles évolutions réglementaires
La seconde partie du webinaire a été consacrée aux évaluations récentes, illustrant l’importance de l’analyse des usages, de la lisibilité et des comportements dans l’évolution de la signalisation routière.
Un premier retour d’expérience a porté sur l’incrustation de signaux dynamiques dans la signalisation directionnelle, présentée conjointement par la société concessionnaire d’autoroutes APRR et le Groupe de Recherche Éclairage et Lumière du Cerema. Les échanges ont mis en évidence l’intérêt de ces dispositifs dans certains contextes spécifiques, notamment sur des sections à forte variabilité des conditions de circulation.
Les travaux se sont poursuivis avec la présentation des tests réalisés au tachistoscope, complétés par les premiers résultats d’évaluations via réalité virtuelle. Ces outils permettent d’analyser finement la perception et la compréhension des messages, et ouvrent des perspectives nouvelles pour l’évaluation de dispositifs de signalisation en amont de leur déploiement.
Une évaluation menée pour Bordeaux Métropole a ensuite porté sur un marquage “Pied à terre” en aire piétonne, visant à rappeler l’obligation faite aux cyclistes. Les résultats soulignent les limites d’une signalisation seule pour modifier les comportements, tout en apportant des enseignements utiles sur son acceptabilité et son articulation avec la signalisation réglementaire existante.
Enfin, un benchmark des marques d’animation a permis de dresser un panorama des pratiques observées et de mettre en évidence les enjeux de lisibilité, de cohérence réglementaire et de maintenance associés à ces dispositifs.
Conclusion : une signalisation en constante évolution
Ce rendez-vous Mobilités a rappelé que la signalisation routière constitue un système vivant, à la croisée des enjeux de sécurité routière, de lisibilité pour les usagers et d’adaptation aux évolutions des mobilités et des territoires.
Les différentes séquences ont mis en évidence l’importance d’un cadre réglementaire solide, garant de l’homogénéité et de la compréhension des messages, tout en soulignant la nécessité d’une capacité d’adaptation, rendue possible par le recours aux expérimentations et aux évaluations qui les accompagnent.
Les échanges nourris avec les participants confirment l’intérêt des collectivités et des gestionnaires pour ces sujets et la nécessité de poursuivre ces temps de partage et de capitalisation.
Questions / Réponses
Que se passe-t-il lorsqu’une expérimentation est concluante ?
Toute la question porte sur la notion de « concluante ». Il faut en effet prendre en compte la dimension de l’expérimentation (la diversité des cas étudiés). En effet, on doit se questionner sur la prise en compte de l’ensemble des paramètres : situations, catégories d’usagers pouvant être affectée, et la reproductibilité. En cela, un apport de bénéfice mesuré sur un seul cas pour une seule catégorie d’usager ne signifie pas forcément qu’une expérimentation est concluante si d’autres catégories d’usagers sont impactées.
Mais lorsque l’administration centrale juge qu’une expérimentation est concluante, cela peut conduire à une évolution de la réglementation ou pas, via une modification de l’arrêté de 1967 et de l’Instruction interministérielle sur la signalisation routière (IISR). En effet, une expérimentation concluante ne préjuge pas automatiquement d’une généralisation : les conditions de déploiement, la reproductibilité et la cohérence avec le cadre international sont systématiquement analysées avant toute décision réglementaire.
Les évaluations des expérimentations de signaux routiers sont-elles accessibles ?
Lorsque le Cerema réalise les évaluations, elles sont généralement rendues accessibles sur notre site internet.
Pourquoi le péage en flux libre est-il maintenu malgré les situations de non-paiement observées ?
Le webinaire étant focalisé sur la signalisation, nous ne sommes pas en mesure de nous prononcer sur l’étendue des situations de non-paiement qui sont hors de notre sujet du jour. Le péage en flux libre répond à des objectifs de fluidité, de sécurité et de réduction des congestions.
Les situations de non-paiement sont prises en compte dans les dispositifs de gestion et d’information des usagers, avec une signalisation renforcée visant à améliorer la compréhension des modalités de paiement et des délais associés.
Quel est l’intérêt du télépéage pour l’usager dans un système de péage en flux libre ?
Le télépéage permet un paiement automatique, sans action spécifique de l’usager. Il offre une simplification du parcours et une réduction des risques d’oubli de paiement.
Existe-t-il une liste officielle des équipements ou signaux expérimentaux ?
Oui. Les tableaux de suivi des expérimentations en signalisation routière sont publiés et régulièrement mis à jour sur le site des Équipements de la route du Cerema.
Ils recensent les expérimentations en cours, celles ayant donné lieu à une intégration réglementaire, et celles qui n’ont pas été poursuivies.
Pourquoi est-il obligatoire d’implanter le panneau SR51 dans les deux sens de circulation, si les problèmes de congestion des voies ne sont rencontrés que dans un seul sens ?
A ce stade, nous n’avons pas d’éléments de réponse. Néanmoins, des recommandations seront prodiguées prochainement.
Les marques d’animation sont-elles autorisées réglementairement ?
Les marques d’animation sont autorisées depuis 2015 pour les aires piétonnes et les zones de rencontre. Les travaux présentés montrent que les collectivités s’en sont saisis et qu’une grande diversité de pratiques sont apparues au niveau local. C’est l’objet de la présentation, répondre à la question 10 ans après où en est-on ? Ce travail pointe des recommandations et souligne la nécessité d’évaluations plus systématiques.
La signalisation seule suffit-elle à faire évoluer les comportements, notamment en aires piétonnes ?
Les évaluations présentées, notamment sur le marquage « pied à terre », montrent que la signalisation seule a des effets limités sur les comportements, ce qui est conforme à la littérature.
Elle doit être pensée en complément de l’aménagement, de la lisibilité globale de l’espace, et, le cas échéant, d’actions de communication ou de contrôle.
De nouveaux travaux ou expérimentations sont-ils prévus ?
Oui. Plusieurs travaux sont en cours ou en préparation, notamment de nouveaux tests au tachistoscope et en réalité virtuelle, des réflexions sur les tapis tactiles traversants, et des dispositifs de masquage de signalisation.
Ces sujets feront l’objet de présentations lors de prochains rendez-vous Mobilités.
Ressources
Pour continuer à suivre l’actualité de la signalisation en France, plusieurs ressources sont à votre disposition :
Contact Cerema
Ce rendez-vous Mobilités a été organisé par Mathis Beltrami, en collaboration avec les référents du Réseau Métier Signalisation (RMS) du Cerema, qui ont contribué à la préparation et à la réussite de ce webinaire.
Mathis Beltrami
Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
