14 novembre 2025
Panneau covoiturage 2+
Afin d’objectiver l’évolution de la pratique du covoiturage dans les Pays de la Loire encouragée par des incitations de la Région dans le cadre de son dispositif Covoiturage Pays de la Loire, le Cerema a mené une analyse fine de cette politique de 2021 à 2025. Des outils ont été créés, notamment une plateforme logicielle de traitement des données de covoiturage issues du Registre de Preuve de Covoiturage.
Le Cerema a réalisé pour la Région le bilan de l'expérimentation et une étude de l'impact de l'arrêt du dispositif au 1er janvier 2025.

La Région Pays de la Loire, cheffe de file des mobilités, a construit depuis début 2021 une politique d’incitation à la pratique du covoiturage, centré sur les usages du quotidien et les déplacements domicile travail. Cette politique régionale s’inscrit dans une stratégie de développement et d’accompagnement des mobilités durables, en complémentarité de l’offre de transports collectifs.

Le dispositif "Covoiturage Pays de la Loire" vise à subventionner les trajets courte distance et réduire le reste à charge du passager. Il s’appuie sur un partenariat avec les opérateurs de covoiturage auquel les entreprises et AOM peuvent s’affilier. Des dispositifs d’accompagnement à l’animation auprès des collectivités du territoire sont également proposés par la Région Pays de la Loire.

Le dispositif Aléop Covoiturage Pays de la Loire a connu une progression remarquable depuis sa mise en place. De quelques centaines de trajets incités par jour ouvré en 2021, à 2700 trajets incités par jour ouvré fin 2023. Souhaitant fiabiliser les données dont elle dispose en matière de covoiturage, évaluer les actions déjà réalisées et identifier les leviers d’action potentiels, la Région a sollicité le Cerema à travers une convention de coopération qui a été renouvelée en 2024 pour assurer le suivi du dispositif d'incitation financière et envisager les adaptations à apporter.

 

Connaître l’impact des incitations au covoiturage

Partenaire de l’observatoire du covoiturage auprès de l’Etat, le Cerema contribue à l’échelle nationale à la production de connaissances sur la pratique du covoiturage. Il propose des méthodes d’analyses quantitatives, basées sur les données issues du registre de preuves du covoiturage, des enquêtes de mobilité ou de nouvelles données issues du traitement d’images routières. Mais aussi des méthodes qualitatives d’évaluation de services de covoiturage mis en place sur le territoire de collectivités, leur intermodalité avec les autres réseaux, l’intégration du covoiturage dans les outils numériques, etc. 

Ces compétences rejoignaient le besoin de la région Pays de la Loire d’objectiver, par des analyses quantitatives et qualitatives, l’impact des incitatifs financiers mis en places par la collectivité régionale. Le partenariat a été mené sur 3 axes :

  • Un axe innovation cherchant à détecter à l’aide d’outil de datascience les déterminants socio-économiques de la pratique du covoiturage ;
  • Un axe quantitatif en analysant les données du registre de preuve de covoiturage permettant de développer un nombre important d’indicateurs et de représentations cartographiques aux différentes échelles (dont les bassins de mobilités), et des indicateurs de calcul socio-économique ;
  • Un axe qualitatif à travers un questionnaire auprès des AOM du territoire et des entretiens d’acteurs dont les opérateurs de covoiturage. 

 

L'objectif de ces analyses croisées poussées 
est de répondre aux différentes questions 
sur ce type dispositif : 
  • Atteint-il ses objectifs en termes de création de dynamique ?
  • Permet-il de contribuer à la réduction de l’empreinte Carbone ?
  • Offre-t-il une réponse en termes de mobilité sur les zones peu denses ?
  • Touche-t-il sa cible prioritaire des trajets domicile-travail / domicile-études ?
  • Se concentre-t-il sur des trajets courts à moyens, et vient-il faire concurrence aux transports en commun lourds ?
  • Est-il efficient du point de vue socio-économique ?
  • Le risque de fraude constitue-t-il une problématique importante du dispositif ?
  • Quelle place pour ce dispositif régional dans un territoire où la grande majorité des EPCI a pris la compétence AOM ?
  • Une convention multi-opérateurs est-elle pertinente ?
  • La communication/l’animation apparaissent-ils comme des leviers efficaces par rapport à l’amorçage de la pratique ?
  • Quel est l’optimum d’intervention de la puissance publique en termes de niveau d’incitation pour amorcer la pratique ?
  • Le dispositif a-t-il des effets positifs complémentaires ?

Afin d'accompagner les débat dans les contrats opérationnels de mobilité et les groupes de travail associés, des fiches de synthèse par bassin ont été produites. Un exemple :

2024 : Une évolution du dispositif pour sa dernière année

Les différents travaux mené en collaboration avec la Région Pays de la Loire ont permis d'affiner le dispositif et de le faire évoluer pour optimiser l'effet levier et maitriser la dépense publique tout en réduisant le risque d'effets de bords (concurrence avec les transports en communs, fraude, ...). 

Pour affiner la connaissance des effets de ce dispositifs de nouvelles investigations ont été menées :

  • Une enquête auprès des utilisateurs menée grâce au concours des plateformes avec près de 2900 répondants. Cette enquête a permis de mieux connaitre le profil des usagers du service et la manière dont ils l'utilisent. Elle a par exemple montré comment était connu le service, jugé satisfaisant par les utilisateurs qui à 90% y ont recours pour leurs trajets domicile - travail ou domicile - études, et qu'il joue un rôle dans le développement du covoiturage. Elle a permis également de mieux connaitre le parcours modal des covoitureurs et de qualifier la dépendance de leur pratique à l'incitation financière. Seulement 5% des utilisateurs sont non-motorisés et le service a un taux assez élevé de travailleurs en horaires alternés. Enfin, l'analyse n'a pas montré de corrélation claire entre les distances et la dépendance au dispositif.
  • Le développement d'une plateforme logicielle permettant de réaliser des analyse par origine-destination
  • L'analyse des grands covoitureurs et du risque de fraude
  • L'analyse des enquêtes ménages pour identifier la part des covoitureurs que l'on retrouve dans les plateformes.
  • Une analyse socio-économique poussée (rapport ci-dessous) qui a notamment montré que le dispositif avait permis d’éviter 9,8 millions de kms parcourus en voiture solo et l’émission d’environ 2000 tonnes de GES. Les coûts et gains pour les conducteurs et passagers, l'impact des incitations ont été calculés.

Le bilan : des trajets plus nombreux, sur des distances plus faibles

L'évaluation menée pendant 4 années successives du dispositif incitatif de la Région Pays de la Loire et par la suite de son arrêt a permis de conclure à l'efficacité de ce dernier. D’une part il a atteint ses objectifs et répondu sur plusieurs plans : 

  • Il a permis de doper la pratique de covoiturage intermédié observée ;
  • Il a constitué un socle favorable au développement d'initiatives complémentaires d'autres acteurs (AOM et entreprises) : le conventionnement avec une approche ouverte sur les opérateurs permettait en effet de s’inscrire dans une logique d’échelles complémentaires. Le conventionnement additionnel et l'animation trouvaient leur place à l’échelle du pôle générateur, de l’AOM, voire du bassin de mobilités, en privilégiant un opérateur unique facilitant l’atteinte de la masse critique ;
  • Il a permis d’apporter une solution de déplacements dans les zones peu desservies en transports collectifs classiques (zones d’activités, zones rurales…). Il a rendu visible une importante offre de "siège vide" jusque là invisible ;
  • Il a contribué à réduire l’autosolisme et donc les problématiques liées à ce mode de déplacement dont l’empreinte carbone ou encore la congestion routière ;
  • Il faisait apparaître une offre à haut niveau de service (à haute fréquence) sur certains axes, permettant de préfigurer des potentiels de lignes de covoiturage voire de transport en commun ;
  • Il pouvait servir de base pour une communication positive permettant de rassurer les usagers et acteurs, et de motiver le passage à l’acte et la mise en action territoriale ;
  • Il a permis de construire un socle de praticien et de premières expériences pour un changement de comportement difficile à réaliser;
  • Il a œuvré dans le sens de l’augmentation du taux d’occupation des véhicules, objectif nécessaire selon la Stratégie Nationale Bas Carbone.

D’autre part, l’objectivation des craintes a mis en évidence le fait que :

  • La fraude estimée est restée marginale ;
  • La concurrence avec les transports en commun restait réduite ;
  • Le dispositif montrait une efficience socio-économique et un intérêt du point de vue de la maîtrise et de l’opportunité de la dépense publique.
L'arrêt du dispositif ayant eu lieu avec un délai court de prévenance a mis en évidence: 
  • Une dépendance forte de l'ensemble des parties prenantes.
  • Une baisse rapide de la traçabilité des trajets, mais un reliquat de pratiquants, un flux (modeste) de nouveaux arrivants et un volume estimé de covoitureurs qui poursuivent la pratique en dehors des plateformes.
  • Une expérience acquise pour un nombre important de ligériens pour lesquels il sera plus facile à l'avenir de franchir la barrière.
  • Le fait que le covoiturage est maintenant un sujet central de la question des mobilités (notamment en zone peu dense) en Région pays de la Loire .
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Retrouvez les rapports d'étude sur CeremaDoc : 

Analyse des enquêtes ménages déplacements :

Dans le dossier Covoiturage : le dossier du Cerema

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