
Olivier Pichard, responsable d’études biodiversité et aménagement, étudie l’impact du bruit sur la biodiversité, notamment en ville. En effet, la recherche a montré que le bruit, constitué par les sons d’origine anthropique potentiellement néfastes, modifie le comportement des animaux parfois de manière importante même s'ils peuvent montrer des signes apparents d'adaptation. Comme pour les humains, le bruit entraîne du stress, une baisse du sommeil, des maladies, mais pour la faune sauvage, il perturbe également la communication, la reproduction, la détection des proies ou des prédateurs …
Il est présent presque partout sur le territoire, même dans les milieux marins et littoraux.
Une trame blanche pour favoriser le cycle biologique des animaux
L’enjeu de développer une trame blanche où le bruit est limité est d’assurer une continuité écologique sur le plan du sonore, qui permette aux animaux de se déplacer au sein d'une trame écologique dans laquelle le niveau de bruit est tolérable pour assurer leurs cycles biologiques .
Le concept de trame blanche qui est en train de se développer, avec des expérimentations lancées tant dans les territoires urbains que dans des parcs naturels, est notamment étudié par le Cerema et l’UMRAE (Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale (Université Gustave Eiffel et Cerema) afin d’établir une méthodologie pour leur identification et leur déploiement. Le Cerema accompagne par exemple l’EPT Paris Est Marne et Bois afin de définir des zones calmes. L’étude repose d’une part sur la réalisation d’un état des lieux de biodiversité et d’autre part sur l’analyse des nuisances d’origine anthropique (lumière, bruit, vibration) sur un linéaire d’une dizaine de kilomètres aux abords de la Marne .
Les impacts du bruit diffèrent selon les espèces, la configuration des lieux, la nature du bruit, le cycle biologique des animaux, leurs gammes d’audition et de production des sons, leurs capacité d’adaptation…
Différents points doivent être résolus pour établir une méthodologie de définition et d’aménagement d’une trame blanche, par exemple : de quelles espèces parle-t-on ? De quelles sources de bruit ? Quels niveaux de pollution sonore peuvent être admis ? Quels sont les outils de suivi et d’évaluation ? Comment établir des mesures de réduction de bruit pour les humains afin qu'elles soient également favorables à la faune sauvage ?
L'amélioration des méthodologies permettra de mieux intégrer la question des trames blanches, mais plus généralement des paysages sonores et du bruit dans les projets d’aménagement dès la phase de préparation, de développer un maillage de zones calmes et de les valoriser.