22 janvier 2025
Agir pour l'école de demain
Face aux défis énergétiques, climatiques, de biodiversité ou de mobilité, les établissements scolaires nécessitent d’être entretenus et rénovés avec de nouvelles approches. Penser leur aménagement, c’est agir pour plus de confort et de bien-être dans la cour ou dans le bâtiment, c’est donner envie de venir à pied ou à vélo à l’école, c’est reconnecter l’école à la nature, à la ville et à ses habitants.
Le Cerema a souhaité partager les nombreuses expériences déjà menées en région Pays de la Loire au cours d’une journée de conférences organisée autour de trois grands thèmes : le cadre de vie, les services apportés par la cour au sein de l’établissement, l’efficacité du bâti en hiver comme en été, la mobilité apaisée et sécurisée des usagers..

La santé publique et l'aménagement

Pour ne pas oublier que toute l'expertise technique déployée pour améliorer le confort et l'adaptation au changement climatique des établissements scolaires servait évidemment la santé des usagers, l'Agence Régionale de Santé (ARS) a introduit cette journée.

Corinne Lecluse de l’ARS Pays de la Loire a présenté les déterminants de la santé susceptibles d’être impactés par les aménagements des écoles. Dans le cadre du PRSE4, un atelier sur l'aménagement des cours d'école a montré que la transformation des cours d’écoles peut être favorable à la santé des usagers (notamment pour les enfants qui sont plus vulnérables) en agissant sur plusieurs facteurs : 

  • L’adaptation aux conséquences du changement climatique (confort thermique) ;
  • Le contact avec la nature (végétalisation) ;
  • L'augmentation des interactions sociales et la promotion de l’activité physique, pour le bon développement de l’enfant ;
  • Les aménités, la qualité de l’environnement physique (protecteur vis-à-vis de l’ambiance sonore, de la qualité de sols, de l’air, de
    l’eau…).

     

Mise en place d'une stratégie de deimplémentation / renaturation des lycées publics des Pays de la Loire

Nicolas Favrel de la Région des Pays de la Loire et Eric Le Mitouard du Cerema ont ensuite présenté les résultats de la mission confiée au Cerema pour :

  • Élaborer une méthodologie afin de prioriser les lycées pour lesquels les actions de renaturation auraient le plus fort impact
  • Proposer de grandes orientations d’actions sur ces lycées prioritaires afin de répondre au mieux aux enjeux

Ce travail s'est traduit par la production de fiches-actions pour les lycées prioritaires et de fiches thématiques :

  • 1 fiche transversale sur les éléments à prendre en compte dans les études en amont du projet (sol, réseau, usages…), la coconstruction, les compétences mobilisables …
  • 3 fiches thématiques reprenant les différents actions possibles, les points d’attentions, les limites, des éléments de coût…
Du côté de la Région, la stratégie proposée s'appuiera sur le travail fourni, notamment les fiches et sera déployée selon 3 axes :

1. Action rapide, plantation de mini forêts (entamée avant l’étude)

2. Intégrer la renaturation des cours d’école lorsque c’est possible dans le cadre de la mise en œuvre des opérations structurantes. Il en existe environ une soixantaine

3. Réaliser des opérations ponctuelles avec l’assistance d’un AMO et d’un marché de maîtrise d’œuvre

SesameCette présentation a suscité de nombreux échanges avec la salle, notamment sur le choix des essences en fonction des services écosystémiques que nous rendent les végétaux dans l'espace urbain.

Le Cerema a pu présenter l'outil Sésame, outil d'aide au choix des essences d'arbre dans vos projets de renaturation urbaine et plus largement sur les aménagements urbains.

Apaiser la mobilité aux abords des écoles

Matthieu Bossard et Gwenaëlle David du Cerema ont présenté deux démarches complémentaires visant à réduire et sécuriser la mobilité aux abords des établissements scolaires.

Face à l’afflux des voitures devant les écoles de la commune sarthoise de Cerans-Foulletourte au moment de la dépose des enfants, la commune a mandaté le Cerema pour l'accompagner dans la construction d'alternatives à proposer aux parents et aux élèves.

Cerans Foulletourte

La méthode proposée repose sur 4 piliers :
  •  Une acculturation/sensibilisation commune sur les mobilités
  • Un diagnostic partagé
  • Une réflexion collective sur les éléments de la communication/information pouvant accompagner des solutions et changements de comportement
  • Une réflexion partagée sur des solutions/aménagements à tester

Cette démarche est en cours et va se concrétiser par une fermeture temporaire de rues (sur une semaine) accompagnée, en amont, d'actions d'initiation pour appuyer le possible recours à d'autres modes de transport.

Gwenaëlle David du Cerema a ensuite présenté le retour d'expérience de la communauté de communes Estuaire et Sillon dans la mise en place d'une plateforme pour le transport scolaire.

Estuaire et Sillon

En raison d'un engorgement de la circulation aux abords des établissements primaires de la ville de Savenay (chaussée entravée par les cars stationnés en double file, difficultés rencontrées par les conducteurs au niveau des accès des zones de stationnement réservés aux cars à cause des problèmes d’incivisme), la collectivité a décidé de revoir les trajets et circuits utilisés par les cars scolaires pour rechercher des mutualisations possibles (sans allongement du temps de parcours).

Après analyse, il a été décidé de transformer la gare routière du lycée en plateforme de rabattement où tous les cars scolaires déposent les enfants le matin. Chaque enfant prend alors une navette pour son école. Il n'y a plus ainsi qu'une seule navette à stationner devant chacune des écoles primaires de la ville.

Le numéro de car de chaque enfant est inscrit sur son gilet réfléchissant, dont le port est obligatoire sur la gare routière conformément au règlement intérieur. La mise en place d’une plateforme de rabattement scolaire modifie peu les temps de parcours des élèves. Le temps de battement "perdu" sur la plateforme est partiellement compensé par un temps beaucoup plus rapide de "desserte" des écoles.

La rénovation des établissements scolaires pour le confort des usagers

Lara Le Saux (Cerema) a présenté un AMI (appel à la manifestation d’intérêt) porté par le Cerema Méditerranée pour accompagner les collectivités locales dans leur stratégie d'adaptation des bâtiments scolaires face aux vagues de chaleur. L'objectif est de fournir aux gestionnaires des pistes d’amélioration et de développer des méthodes pratiques pour évaluer la vulnérabilité aux canicules et identifier les solutions appropriées.

Trois méthodes distinctes sont appliquées, permettant d’identifier la plus pertinente en fonction du type de bâtiment et de l’échelle de l’analyse (analyse complète du parc, échantillonnage ou visites spécifiques). Les recommandations incluent également des propositions pour adapter l’usage et l’organisation des espaces durant les périodes de vigilance canicule. Ces ajustements sont conçus pour être facilement adoptés par les services et les occupants.

Confort d'été

 

Chloé Maugeais et Olivier Braut de la Ville de Laval et de Laval Agglomération ont pu ensuite montré comment cette thématique avait pris toute sa place dans la stratégie de rénovation des écoles portée par la collectivité. Le focus fait sur le groupe scolaire de la Senelle a permis d'illustrer cette stratégie. Le groupe scolaire, situé au cœur du quartier de la Senelle, se veut ouvert sur son environnement tout en garantissant un espace protecteur et préservé des agitations de la ville.

L'un des enjeux important du projet était de faire un bon usage de la ressource bâtie existante et d'organiser le regroupement des écoles sur le site de l'élémentaire. La libération du foncier a nécessité une concertation élargie notamment pour permettre l'acceptabilité du projet par les riverains.

Le projet s'est caractérisé par :
  • Des espaces extérieurs verts pour tous : l'école dispose désormais d'une cour végétalisée offrant une variété d'usages et d'ambiances (classe en extérieur, potager, jeux de ballon,...)
     
  • Une approche environnementale qui a été décidée depuis les phases de réflexion du projet et développée durant tout le processus : efficacité énergétique et qualité de l'air ont été les thèmes prioritaires.

Les usagers et la prise en compte de leurs besoins a été au cœur de la dernière présentation de cette journée de conférence.

Alexandre Clopeau, directeur de NOUN, l'agence nantaise d'Assitance à Maîtrise d'Usage (AMU), est venu expliquer son mode d'intervention au sein des collectivités. L'ambition de l'AMU est de passer d'une vision techno-centrée où le projet constitue un compromis entre des contraintes politiques, financières, techniques, juridiques… à une vision centrée sur les usagers pour répondre à des besoins en proposant des solutions d’usages qui intègrent les contraintes opérationnelles.

Dans le cas de l'école Ange Guépin à Nantes, école dispensant la pédagogie Freynet orientée sur le développement du libre-arbitre des enfants, l'agence Noun a accompagné le projet de rénovation par :

  • un diagnostic des usages ;
  • un atelier avec les enfants pour imaginer quelle pourrait être la classe idéale et la cours d’école idéale à travers des ateliers de photolangage ;
  • un atelier pour les adultes afin d'imaginer les journées types puis spatialiser les moments pour identifier les espaces et mutualiser les usages.

Cette action a permis d'apaiser les tensions naissantes entre les usagers et la maîtrise d'ouvrage, de produire un programme qui respecte l'existant et qui nécessite moins d'espace en travaillant sur la chronotopie. 

Des ateliers pour "toucher du doigt" les pas à franchir

Le Cerema a proposé une série d'ateliers et une visite de lycée afin de compléter les présentations et retours d'expérience.

Au choix, les participants ont pu :

  • se familiariser au challenge CUBE pour engager les communautés scolaires dans les économies d’énergie,
  • faire des choix de solutions de renaturation d'une cours d'école en respectant un budget contraint, à l'aide d'un jeu sérieux,
  • visiter l'école élémentaire Lucie Aubrac à Nantes.