Cet article fait partie du dossier : Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
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Plans de mobilité simplifiés et modes actifs
Ce webinaire s’est ouvert avec la communication d’une étude réalisée par le Cerema, sur la promotion des modes actifs dans les Plans de mobilité simplifiés (PDMS) qui met en avant le double intérêt d’intégrer les modes actifs à cette démarche d’ensemble des mobilités. D’une part les modes actifs sont nécessairement liés aux autres modes, pour des enjeux d’intermodalité ou encore de partage de l’espace public ; d’autre part le PDMS offre un cadre d’échanges et de discussion du projet de mobilité du territoire avec les différents acteurs, dont ceux ayant une compétence voirie, qui sont incontournables pour la marche et le vélo. L’étude a été réalisée en collaboration avec neuf Autorités organisatrices de la mobilité (AOM), qui ont pu partager leurs bonnes pratiques et leurs retours d’expérience.
Cette étude présente ainsi des recommandations pour des actions opérationnelles dans 3 domaines : la réalisation d’infrastructures et d’aménagements pour la marche et le vélo, la proposition de services pour faciliter l’utilisation de ces modes, la mise en œuvre d’un accompagnement pour favoriser la pratique.
Travail stratégique des continuités piétonnes et cyclables :
Commune de Saint-Denis-lès-Bourgs
Une bande de terrain a ici été acquise et aménagée pour créer une ouverture et assurer la continuité. Le cheminement nord-sud relie ainsi plusieurs quartiers au centre du village de manière sécurisée et apaisée, au plus court et en évitant les voiries principales.
Se déplacer à pied constitue un mode de déplacement à part entière, seul ou allié à un autre moyen de mobilité. Trop souvent oubliée, la mise en place d’une politique pour la marche, s’appuyant sur une véritable stratégie, est pourtant nécessaire pour développer sa pratique.
Le PDMS du Grand Chatellerault
C’est la volonté du Grand Châtellerault (86), avec la stratégie marche développée dans son Plan de mobilité simplifié (PDMS), présentée par Ugo Cipolla, Chargé de mission mobilité durable à la Communauté d’agglomération. Dans ce territoire à tendance rurale, 10% des déplacements internes aux communes sont effectués à pied. La stratégie consiste à la fois à renforcer les services locaux de ses pôles afin d’éviter un certain nombre de déplacements, et de les équiper d’un hub de mobilité offrant un panel de solutions de mobilité, accessibles à pied en 15 minutes au plus.
Le PDMS comprend un travail d’aménagement, d’équipement et de signalisation des itinéraires piétons vers ces pôles, et un apaisement de la circulation dans les centre-bourgs, au bénéfice de la marche. Cette évolution se fait en forte collaboration avec les communes, ainsi qu’avec le Département. Des actions sont également prévues pour relier les lotissements proches avec des cheminements piétons, et sont expérimentées des rues aux écoles et des rues piétonnes.
De manière similaire sont conçues, dans les démarches de planification locale des mobilités, des stratégies visant à développer l’usage du vélo. Elles partent également du diagnostic de mobilité, des enjeux pour le territoire et des objectifs de mobilité d’ensemble qui se dégagent, pour se traduire en actions opérationnelles.
Schéma des déplacements de la Communauté de communes de Val d’Ille-Aubigné
Juliette Moreau et Chloé Nedjar, Chargées de mission mobilité de la Communauté de communes de Val d’Ille-Aubigné (35) ont exposé la stratégie vélo développée dans le Schéma des déplacements du territoire. Visant un objectif fort de passer de 15% à 35-40% d’actifs se déplaçant autrement qu’en voiture individuelle en 2030, les grandes orientations de la démarche portent sur l’amélioration des déplacements vers l’agglomération Rennaise voisine, la facilitation des déplacements communautaires, le développement d’initiatives engageantes et de mobilités innovantes.
Le programme d’actions vélo offre un exemple riche et diversifié de mobilisation des différents leviers : un travail sur les infrastructures (pistes cyclables), la proposition de services (stationnement, signalétique, aide à l’achat, location longue durée), des démarches d’accompagnement (formation des élèves des 16 écoles primaires du territoire).

Développement des services vélo
Le développement de services vélos en territoire peu dense a été illustré par Baptiste Guyomar, responsable du service Mobilités de la Communauté de communes du Bassin de Pompey (54). Le plan vélo de la Communauté de communes comprend de nombreux services. Il prévoit notamment le déploiement à l’été 2025 de 27 stations, accueillant 150 vélos à assistance électrique en libre-service. Cette offre s’inscrit par ailleurs dans le développement de "stations de mobilité", comparables aux "hubs" du Grand Châtellerault. Des services d’autoréparation sont dispensés, avec un atelier mobile 1 fois par an dans chaque commune du territoire, apprécié des usagers et des communes.
L’ensemble de la démarche se distingue par ailleurs par la création d’une marque, des animations régulières, et le caractère participatif du plan vélo. Il a été construit de manière très enrichissante avec un comité rassemblant des usagers et des élus, qui accompagnera également le déploiement et la vie du plan vélo.

Les enfants, moteurs de l'usage du vélo
Parmi les usagers de la marche et du vélo, les enfants sont une population à privilégier. En effet, les pratiques de mobilité acquises durant l’enfance perdurent plus facilement à l’âge adulte,. L’acquisition de ces pratiques peut se faire en particulier sur les trajets scolaires. Les bénéfices de l’écomobilité scolaire sont par ailleurs nombreux : moins énergivore, moins coûteuse, créatrice de liens sociaux renforcés. Le réseau Mobiscol œuvre pour développer l’écomobilité scolaire sur l’ensemble du territoire national, il permet notamment de partager les bonnes pratiques.
Marianne Duffet et Justin Delafoy en ont présenté quelques-unes : la mise en place de services de pedibus et de vélo-bus, dans un but de "ramassage scolaire" à pied ou à vélo. En territoires peu denses, ces dispositifs permettent de limiter la trop grande présence des voitures devant les écoles, d’apporter de l’autonomie aux enfants et lutter contre l’inactivité physique. Ces services créent également une grande convivialité, très appréciée des jeunes usagers. Le pédibus s’adresse plutôt aux élèves de la maternelle au primaire, le vélo-bus du primaire au collège. Des exemples inspirants de services ont présentés avec les pédibus de Marolles-en-Brie (94) et de Bois-le-Roi (77), le "Mille-pattes", et le vélobus de Brie (16).

Stéphane Chanoux, du centre socio-culturel de Forcalquier (04), présente ensuite le vélo-bus mis en place dans la commune sous l’impulsion de la mairie pour réduire les problèmes de congestion et de pollution devant l’école. Ce service été confié aux animateurs du centre socio culturel afin d’animer l’ensemble du dispositif et gérer les difficultés pouvant être rencontrées sur le terrain : la disparité du niveau des enfants et de l’état de leur vélo, l’absence d’entrée séparée à l’école pour les vélos, une forte circulation touristique les jours de marché, une relief valloné… Ce service rencontre un grand succès et des évolutions sont envisagées notamment l’acquisition d’un véhicule intermédiaire pouvant faire pédaler en même temps huit enfants et un animateur.
Ces différents exemples mettent en avant l’intérêt et la richesse des initiatives possibles, pour faire avancer la marche et le vélo dans les territoires peu denses. Liées inévitablement aux autres types de mobilité, elles gagnent à prendre place dans une démarche d’ensemble des mobilités, de type Plan de mobilité simplifié. Ces stratégies, et les services marche et vélo qui en découlent, sont aujourd’hui pertinentes pour de nombreuses intercommunalités.
Le replay du webinaire :
Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema