10 septembre 2025
n outil d’aide à la décision pour identifier les secteurs à renaturer sur le territoire de Carcassonne Agglo
La renaturation des villes et villages constitue un levier stratégique pour réduire la vulnérabilité face aux enjeux climatiques (surchauffe, inondations, érosion de la biodiversité…). En s’appuyant sur des solutions fondées sur la nature, ces interventions permettent de maximiser les co-bénéfices environnementaux, sociaux et économiques notamment en améliorant la résilience et la qualité du cadre vie des habitants,
C’est dans ce contexte que Carcassonne Agglo a fait appel au Cerema pour appuyer la mise en œuvre de son “Plan Végétal”, un programme visant à accompagner ses communes dans des actions de désimperméablisation et de renaturation.
Le Cerema a développé une méthode cartographique croisant des critères fonciers et environnementaux afin de spacialiser les secteurs particulièrement propices à ces actions.

Une méthode cartographique qui hiérarchise les espaces artificialisés à renaturer en priorité

La méthode repose sur le croisement des deux volets suivants :

  1. un volet "Enjeux" qui vise à identifier les espaces qui cumulent le plus d’enjeux parmi les suivants :

    1. le risque d’îlots de chaleur urbains (ICU): utilisation d’une méthode basée sur l’identification des formes urbaines les plus sensibles à l’ICU (bâti haut et dense, sol très imperméable avec faible présence de végétation) ;

    2. le risque d'érosion de la biodiversité : croisement des données de couvert végétal, hétérogénéité des milieux, hétérogénéité des strates, naturalité de l’usage, fragmentation ;

    3. la carence en espaces verts accessibles : croisement de données de couvert végétal, espaces extérieurs privés à disposition, distance aux parcs publics ou chemins de nature, densité de population ;

    4. le risque d’inondation et de ruissellement : croisement de données (PPRI, atlas des zones inondables, cartes aléas) avec une méthode de simulation développée par le Cerema, basée sur la topologie du territoire.

2. un volet "Mutabilité", basé sur des données foncières, qui permet de caractériser les espaces en fonction de leur capacité à être renaturés. Les critères de choix sont : le type de propriétaire, le type de couverture du sol et la surface d’un seul tenant.

Carcassonne

 

Les principaux résultats

 

Carcassone

Par ailleurs, l’analyse a permis l’identification de 928 sites potentiellement mutables (dans les zones urbanisées d’étude) sur l’ensemble du périmètre.

Le Cerema a mis à disposition de l’Agglomération un atlas des 63 sites croisant 3 enjeux ou plus et une zone mutable, considérés comme les plus stratégiques. Il s’agit bien d’une première analyse qu’il sera ensuite nécessaire de confirmer ou d’infirmer : un travail approfondi de terrain devra être mené par la collectivité afin de qualifier les espaces et leur réelle mutabilité.

Exemples des communes d’Arzens et Trèbes :

 

 

Un outil d’aide à la décision

Carcassonne Agglomération a fait part de son souhait de pouvoir accéder à l’ensemble des données produites qui constiuent un “état des lieux” du territoire, mais également de pouvoir les exploiter (en réalisant des croisement par exemple) afin de poursuivre le travail d’identification des secteurs à désimperméabiliser dans des communes plus rurales qui ne seraient pas ressorties de l’analyse. En outre, un travail réglementaire pourra être mené sur les secteurs qui ressortent comme particulièrement qualitatifs, à préserver.

Le Cerema a proposé d’utiliser UrbanSIMUL, un outil d’aide à la décision et à la prospection sur le foncier et l’aménagement du territoire. Gratuit et en ligne, cet outil permet également de travailler de façon collaborative au sein de cercle d’utilisateurs. Plusieurs agents de l’agglomération ont été formés avec de pouvoir l’utiliser en autonomie.

 

Perspectives

La méthode développée est une première étape. Elle permet de cibler un potentiel théorique de renaturation qui devra être précisé à un niveau communal ou intercommunal par les acteurs locaux eux-mêmes sur la base de la connaissance de leur territoire, leurs enjeux, leurs projets, le nombre d’habitants impactés.

En outre, les secteurs non cadastrés (voiries publiques, de gestion intercommunale) ne sont pas identifiés. Il sera donc nécessaire de réinterroger chaque périmètre du projet en dézoomant au-delà de l’unité foncière pour voir la pertinence d’élargir la zone projet.

Enfin, seules les surfaces artificialisées sont traitées dans l’identification des sites. Or, végétaliser c’est aussi travailler sur les zones non artificialisées et renforcer leur naturalité, par exemple en mettant en place une gestion différenciée ambitieuse des espaces verts, qui peut être déployée à toutes les échelle (valorisation des délaissés, végétalisation des pieds d’arbres, tonte et taille tardive, enrichissement des sols, valorisation d’eaux pluviales, …).

En phase opérationelle, les travaux qui relèvent de la végétalisation et de la désimperméabilisation ne font pas appels aux mêmes compétences et ne sont pas gérés par les mêmes services. Pourtant ils sont complémentaires et doivent souvent être articulés, et faire intervenir d’autres spécialités (gestion des eaux pluviales).

 

Le rapport d'étude est sur CeremaDoc :

Dans le dossier Sols et Aménagement

A lire aussi