16 juin 2025
Etude accessibilité des zones de rencontre à Toulouse
Cerema
Dans le cadre d’un partenariat pluriannuel, Toulouse Métropole et le Cerema ont défini une action pour évaluer le ressenti des personnes handicapées dans des rues aménagées en zones de rencontre et trouver des solutions pour adapter au mieux ce type d’aménagement à tous les usagers.

Face aux défis d’accessibilité dans les espaces partagés, Toulouse Métropole et le Cerema ont mené une étude sur les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap dans les zones de rencontre. Ces espaces de mixité urbaine, conçus pour un partage apaisé entre piétons et véhicules peuvent laisser apparaître des dysfonctionnements et conflits d'usages allant à l'encontre de leurs objectifs initiaux.

 

Cette enquête terrain menée sur trois sites emblématiques du centre-ville toulousain (rue Pargaminières, place de la Daurade, rue des Lois) dévoile une méthodologie innovante : des déambulations participatives associant directement 20 personnes en situation de handicap à l'analyse des aménagements. Une approche qui a permis de formuler une vingtaine de recommandations opérationnelles, depuis la reconfiguration des circulations jusqu'à l'évolution des pratiques de stationnement.

Au-delà du cas toulousain, cette étude illustre comment la co-construction avec les associations et l'analyse fine des usages réels peuvent aider à une meilleure intégration de ces zones. Le présent article retrace cette démarche exemplaire, depuis le diagnostic partagé jusqu'aux solutions concrètes, tout en décryptant les enseignements clés pour reproduire cette dynamique sur d'autres territoires.

Place de la Daurade - Wikimedia Commons
Définition de la Zone de Rencontre (article R110-2 du code de la route) :

"Section ou ensemble de sections de voies en agglomération constituant une zone affectée à la circulation de tous les usagers. Dans cette zone, les piétons sont autorisés à circuler sur la chaussée sans y stationner et bénéficient de la priorité sur les véhicules. La vitesse des véhicules y est limitée à 20 km/h. Toutes les chaussées sont à double sens de circulation pour les cyclistes et les conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police. Les entrées et sorties de cette zone sont annoncées par une signalisation et l’ensemble de la zone est aménagé de façon cohérente avec la limitation de vitesse applicable."

Le besoin de la collectivité : comprendre les difficultés des personnes handicapées dans les zones de rencontre

Déambulation avec des personnes handicapées rue Pargaminières à Toulouse / Cerema

L'évaluation des zones de rencontre a été réalisée dans le centre-ville de Toulouse. Commune du sud-ouest d’environ 505 000 habitants, Toulouse est le chef-lieu de la région Occitanie, la préfecture du département de la Haute-Garonne, et le siège de Toulouse Métropole. Son agglomération est d’environ 1 064 000 habitants ce qui la place au 4ème rang national après Paris, Lyon et Marseille.

Afin de prendre en compte au mieux les problèmes que peuvent rencontrer les personnes en situation de handicaps dans les espaces publics, Toulouse Métropole organise régulièrement des réunions de groupe de travail "Accessibilité Voiries et Espaces Publics Métropolitains" avec les associations de personnes handicapées. Dans ce cadre, les associations ont fait remonter plusieurs difficultés que rencontrent les personnes ayant des déficiences pour se déplacer dans les rues où un partage de la voirie est souhaité, en particulier dans les zones de rencontre. 

Face aux remarques des associations, Toulouse Métropole a sollicité le Cerema pour l’aider à identifier les difficultés rencontrées par les personnes quel que soit leur handicap, déterminer leurs causes et définir des actions et recommandations pour améliorer les déplacements de ces personnes vulnérables. Pour cerner au mieux tous les problèmes pouvant être rencontrés par les personnes handicapées dans les zones de rencontre et trouver des solutions adaptées pour les résoudre ou les minimiser, une méthodologie en 2 grandes étapes a été définie.

 

La méthode : étudier les perceptions des personnes sur l'espace public

D’abord, une recherche bibliographique sur le plan national et européen a été réalisée pour disposer d’un état des lieux des évaluations déjà réalisées ainsi que des recommandations ou solutions qui ont été apportées. Un premier rapport a été rédigé à ce sujet et a été présenté aux associations ce qui a permis de lancer la discussion au sujet de leurs difficultés dans les zones de rencontre et d’obtenir leurs ressentis.

Puis, une méthode d’évaluation des aménagements a été élaborée à partir de toutes les informations relevées lors de la première étape de l’étude. Une grille (sous forme d’un tableau) a permis de mettre au point différents questionnaires adaptés en fonction de chaque handicap (Déficients visuels, handicapés moteurs, Handicaps mentaux et cognitifs, sourds et malentendant). Ces documents ont été mis à disposition des personnes intéressées sous forme papier et numérique au cours de deux déambulations qui ont été organisées sur trois sites situés dans le centre-ville de Toulouse.

Ainsi, la rue Pargaminières a été arpentée un après-midi par une dizaine de personnes en situation de handicap notamment des personnes avec une déficience visuelle et handicapées moteurs pour relever les divers problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans ce type de rue. Puis, une dizaine d’autres personnes ayant des handicaps analogues ont déambulé, un autre après-midi, sur la place de la Dorade, dans la rue Suau et la rue des Lois.

Les résultats : comprendre les situations problématiques

A l’issue de ces déambulations, les participants ont tous exprimé leurs ressentis et leurs suggestions d’amélioration via les questionnaires qui leur ont été proposés. Une synthèse de leur contenu a été réalisée afin de prendre en compte toutes les remarques et solutions émanant des personnes les plus concernées par le sujet. 

Ensuite, une analyse détaillée de chaque rue visitée a été réalisée : détail de l’aménagement de la rue, relevé des éléments qui fonctionnent, de ceux qui ne fonctionnent pas ou de ceux qui doivent être améliorés. Les dysfonctionnements relevés peuvent être liés à la conception de l’aménagement mais ils sont également le résultat d’un mauvais usage de l’espace ou une mauvaise gestion.

 

Exemples de situations relevées :

Rue Suau, un large espace réservé aux piétons le long des façades permet aux déficients visuels de circuler facilement le long des façades. Mais la présence de la porte vitrée d’un commerce qui s’ouvre sur l’extérieur les mets en danger. 

Rue des Lois : l'aménagement à plat dans des matériaux de qualité incitent les piétons à circuler sur toute la largeur de la rue. Les commerçants qui installent des terrasses laissent un espace libre le long de leur façade ce qui permet aux déficients visuels de les suivre sans difficulté mais la présence de cartons n'est pas favorable à leur sérénité