17 octobre 2025
Véhicule intermédiaire
Le recours aux véhicules intermédiaires pour répondre au besoin de mobilité dans les territoires périurbains et peu denses permettrait à la fois de favoriser la mobilité de tous et de décarboner les déplacements. A travers l'initiative Extrême Défi lancée en 2023 et pilotée par l'Ademe, le Cerema a apporté son expertise à quatre territoires pour identifier les aménagements utiles au développement de cette pratique.
Retour sur la démarche, ses enseignements et la suite des expérimentations.

Dans la perspective d’une décarbonation de la mobilité accessible à tous, les véhicules intermédiaires (vélis) émergent progressivement comme une composante possible du système de transport en tant qu’alternative à la voiture individuelle. Dans les territoires ruraux et péri-urbains, ces véhicules pourraient répondre à un besoin pour effectuer des parcours de quelques kilomètres ne pouvant être couverts par les transports en commun. 

 

Quelles conditions pour faire circuler les véhicules intermédiaires ?

Il existe différents types de véhicules intermédiaires, qui sont des modes individuels de déplacement de moins de 600 kg "entre" le vélo classique et la voiture, et qui contribuent à une mobilité sobre. Leur vitesse commence à 25 km / h pour les vélos et peut aller jusqu’à 90 km/h pour les voiturettes (L7e). Leur essor actuel, porté par les progrès de la motorisation électrique, n’en est encore qu’à ses débuts, mais certaines formes commencent à être rencontrées sur les routes, notamment celles de type "vélo augmenté" (vélo cargo par exemple) ou voiturette.

 

L’objectif de l’initiative Extrême Défi de l’Ademe est de soutenir le développement d’une filière industrielle française des véhicules intermédiaires en menant des expérimentations de différents types de ces véhicules dans des territoires. L’objectif du Cerema est d’identifier les conditions pour leur déploiement en termes de sécurité et de cohabitation avec les autres usages, et de réfléchir aux aspects réglementaires.

 

 

Le Cerema a accompagné les expérimentations de plusieurs véhicules intermédiaires dans différents contextes, dans quatre territoires :

 

 

  • Le Parc Naturel Régional (PNR) des Grands Causses : un questionnaire destiné aux conducteurs expérimentant les véhicules ainsi que les retours des collectivités et gestionnaires ont permis de mettre en évidence les points ressentis ou avérés comme peu sécurisants puis de proposer des recommandations d’aménagements.
  • La Communauté de communes Grand Pic Saint Loup (Occitanie) : le travail a essentiellement porté sur des propositions d’aménagements de voirie destinés à sécuriser la circulation de ces véhicules, au niveau des carrefours comme des sections courantes.
  • La Communauté de communes du Clunisois (Bourgogne-Franche-Comté) : cet accompagnement comprenait trois grands volets : un diagnostic territorial via un état des lieux de la mobilité et une cartographie regroupant les principales caractéristiques du réseau étudié, et une analyse de l'infrastructure utilisée afin de comprendre les particularités du réseau et de s'assurer de la compatibilité des véhicules, et enfin un retour d'expérience des utilisateurs et l’évaluation de l'acceptabilité/perception de ces nouveaux véhicules.
  • La commune de Tressin (Haut de France) : un service de ramassage scolaire a été expérimenté avec un véhicule intermédiaire capable de transporter huit enfants et un adulte accompagnateur (un parent d’élève volontaire). L’intervention a pu se concentrer sur l’analyse des retours des usagers et l’étude des itinéraires de circulation.

Enseignements de la première vague d’expérimentation

Le ressenti de sécurité, clé n°1 pour l’usage de véhicules intermédiaires

Les retours de cette première vague confirment que l'enjeu de sécurité, réelle ou ressentie, est essentiel. Une note méthodologique a ainsi été produite pour inciter à l’accompagnement de la circulation des véhicules intermédiaires (voir encadré)

Ce retour d’expérience, appuyé par un travail de benchmark international, a permis de produire en 2025 une note méthodologique "Accompagner la circulation des vélis" , qui :

  • Sensibilise sur l’intérêt d’anticiper la présence de véhicules intermédiaires sur les réseaux,  notamment en milieu rural,
  • Met en évidence des critères pour l’identification d’itinéraires apaisés pour la circulation facilitée des véhicules intermédiaires et des modes actifs,
  • Propose des principes d’aménagement tirés des outils développés pour le vélo.

 

L’analyse de la hiérarchie du réseau routier se décline :

  • En agglomération : en voies prioritairement de transit motorisé, en voies supportant un trafic mixte de transit et de desserte, et en voies exclusivement de desserte,
  • Hors agglomération : selon les classes de trafic, de vitesses réelles et de fonction des axes.

Selon les niveaux de hiérarchie retenus pour les axes, différents niveaux de cohabitation entre les vélis et les autres usagers peuvent être prévus. Pour prioriser les interventions, il est intéressant de prendre en compte les itinéraires apaisés existants ainsi que les pôles générateurs de trafic de proximité : ces critères sont détaillés dans le rapport d’étude.

Les aménagements à envisager sont inspirés de ceux qui sont développés pour les vélos et contribuent également à la circulation des modes actifs, comme :

  • La création d’une chaussée à voie centrale banalisée,
  • Le revêtement des accotements sur une largeur suffisante (au moins 1,5 m) pour permettre la circulation des modes actifs et leur continuité,
  • L’apaisement de la circulation dans les traversées et sorties d'agglomération,
  • La sécurisation des cheminements et itinéraires pour favoriser la cohabitation des usages.
  • Informer et communiquer sur les aménagements et leurs objectifs (des documents ont été produits dans le cadre d’Extrême Défi – voir Ressources) 

Ressources

Les outils de communication développés dans le cadre de l’Extrême Défi :

Dans le cadre d’un travail sur le territoire du PNR des Grands Causses, une méthode et des outils ont été développés par Someware pour qualifier la qualité des liaisons entre les communes sur un territoire et proposer des itinéraires selon différents critères adaptables pour les vélis : pente maximale, priorité donnée à l’évitement des routes avec un fort différentiel de vitesse avec les autres usagers ou avec de forts trafics motorisés, etc. 

Le mobilitywidgets de l’Extrême Défi propose de calculer des itinéraires, des temps de parcours et les consommations d’énergie associées pour différents vélis de type VAE, L1e, L6e, L7e, sur la base des caractéristiques techniques des véhicules.


Partenaires :

  • Ademe : pilote du projet, animateur, contributeur financier.
  • Cerema : contributeur pour les ateliers, l'animation, l'accompagnement des territoires
  • Fabrique des mobilités : Gestion des VI, relais auprès des collectivités, évaluation, expérimentation.
  • Equipes de recherche : évaluation de l'expérimentation et des comportements
  • Collectivités : territoires volontaires, départements, région.
  • Associations : IN'VD en Aveyron : appui, ressources, évaluation.