5 juin 2025
couverture
Cerema
L'Essentiel "Développer la marche" s'adresse aux maires, à leurs équipes et aux intercommunalités : ce document synthétique présente les points-clés pour agir afin de construire une stratégie en faveur de la marche dans les villes et territoires ruraux. En donnant aux piétons toute leur place dans la réflexion sur les mobilités à l'échelle du territoire, les collectivités favorisent le cadre de vie, la sécurité des déplacements, le dynamisme des centres-villes et centres-bourgs.
L'Essentiel "Développer la marche" s'appuie sur l'expérience du Cerema auprès des territoires : Quels sont les enjeux à développer la marche ? Par quoi commencer ? Comment sécuriser les déplacements ? Quels sont les outils disponibles ? Cédric Boussuge, Directeur de projets Mobilités piétonnes et espace public, qui en a piloté la rédaction, revient à travers une interview en 3 questions sur l'approche du Cerema et les besoins des collectivités dans ce domaine.

 

L'écriture de cet Essentiel s'est nourrie d'échanges et de la relecture de nombreux partenaires que nous remercions (DGITM, DMA, DSR, Réseau vélo et marche, ADEME, Rue de l'Avenir, 60 Millions de piétons, FFRP ...). Au niveau du Cerema, l'équipe-projet, outre Cédric Boussuge, était composée de :

  • Céline Debès, Directrice de projets aménagement et usages de la voirie
  • Carine Flahaut, Chargée d'étude Déplacements Actifs
  • Marion Torterotot, Cheffe de projet Ville accessible à tous

 

Le Cerema travaille beaucoup avec les collectivités sur les sujets liés à la marche et aux modes actifs. Avez-vous observé une évolution dans leurs préoccupations ?

Parvis d'école à Lyon - Cerema

Les sollicitations des collectivités portent souvent sur l'ensemble des modes actifs, et pas uniquement la marche. Il peut s'agir aussi d'améliorer les "mobilités du quotidien" et pas seulement la marche "loisir" et "touristique", ou de revoir le plan de circulation pour donner plus de place aux modes actifs

On observe une volonté de garantir des espaces confortables et sécurisés pour les piétons comme pour les cyclistes, ainsi qu'un besoin d'accessibilité de plus en plus marqué (vieillissement, familles avec enfants...). La cohabitation entre usagers est régulièrement mise en avant. Comment proposer des aménagements pour tous? Quelles conditions pour garantir une bonne cohabitation et un bon sentiment de sécurité ?

La thématique des abords des écoles est de plus en plus présente dans les sollicitations. Aller à l'école à pied et réaménager des rues devant les écoles sont des projets assez consensuels que l'on retrouve dans tous types de collectivités, dans tous les plans piétons. Nous commençons aussi à voir des réflexions similaires sur les abords collèges.

Dans l'évolution des préoccupations, on note en particulier quatre choses :

  • une recherche d'aménagements simples à mettre en œuvre en fonction de contraintes budgétaires, d'enjeux sobriété et d'économie des ressources, avec des marquages d'animations, des expérimentations de rues piétonnes...
  • une préoccupation de plus en plus grande sur le développement d'aménagements piétons et cyclistes résilients face au changement climatique (notamment forte chaleur, inondations...)
  • dans les métropoles, une volonté de développer "la ville des courtes distances" ou "la ville du quart d'heure" pour offrir aux habitants des commerces et des services essentiels à une distance d'un quart d'heure à pied ou à vélo et favoriser ainsi des déplacements décarbonés.
  • pour les collectivités qui ont les compétences voirie et mobilité, l'obligation de collecte de données concernant l'accessibilité aux PMR de leurs transports et leurs espaces publics conduit aussi souvent à mettre à jour leur Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE). C'est souvent l'occasion de se poser la question de la qualité de la marche dans leurs communes, puisqu'on l'aborde du point de vue des piétons les plus vulnérables.
     

Une petite commune ou des collectivités en milieu rural ont t-elle aussi intérêt à agir en faveur des modes actifs ?

Cheminement piéton à Curis - Cerema

Oui, même dans les petites communes, tous les habitants effectuent des déplacements de "courte distance". Par exemple vers des commerces du centre-ville, vers un espace de loisir ou un terrain de sport. Dans les territoires peu denses, rendre les parcours plus agréables à pied soulève des enjeux plus forts de sécurisation et d'apaisement des vitesses et des trafics motorisés, pouvant conduire à une révision du plan de circulation et de stationnement pour élargir les espaces piétonniers. En effet, la mise en sens unique d'une rue ou la réorganisation du stationnement permettent un partage de l'espace public en faveur des piétons. 

Des piétonisations temporaires peuvent également être mises en place, souvent à moindre coût, pour sécuriser les déplacements à pied ou favoriser l'appropriation de l'espace public par la vie locale : rue scolaire comme à Bourg St Maurice (9 500 habitants), piétonisation estivale comme à Die (4 800 habitants), etc.

Il est aussi intéressant de développer des solutions multimodales (marche et bus, vélo et train, espace de co-voiturage accessible à pied et à vélo ...)

Dans le domaine de la marche et de la piétonisation, quels travaux du Cerema peut-on citer ?

Aurillac

Parmi les publications récentes, on peut noter l'Essentiel sur le design actif, dont la rédaction est issue d'une série de webinaires avec les villes actions cœur de ville.

Le Cerema est également très impliqué dans le programme national ID Marche, en particulier l'accompagnement des lauréats du concours "espaces publics exemplaires" et la co-animation de la communauté Mobilités piétonnes avec le Réseau Vélo et Marche, en partenariat avec le ministère des Transports et l'ADEME. Cet espace collaboratif ouvert à tous contient déjà de nombreux retours d'expériences sur des projets piétons. Comment concerter avant de créer une zone à priorité piétonne ? Peut-on réaliser des aménagements piétons expérimentaux ? Quelles dispositifs pour fermer une rue devant une école ?

Plusieurs études locales portent sur des projets de piétonisation, temporaires ou pérennes, en lien avec des écoles:  

La cohabitation piétons-cyclistes en aires piétonnes fait régulièrement l'objet de questions. Le Cerema a mené plusieurs études sur le sujet, souvent sur la base d'enquêtes auprès d'usagers ou d'analyses vidéos : évaluation du marquage "pied à terre" à Bordeaux, d'une passerelle piétons-cyclistes à Pantin ou des comportements sur des aires piétonnes à Rouen

Enfin, nous sommes fréquemment questionnés sur les problématiques "attractivité commerciale et modes actifs". Une étude du Cerema s'est intéressée au point de vue des commerçants sur des projets d'aménagements piétons, et les retours sont plutôt positifs.

Signalons aussi les projets de publications, toujours en lien avec la marche, sur lesquels nous travaillons en ce moment, et qui paraitront prochainement :

  • une publication sur la cohabitation piétons/cyclistes, produite par le Cerema, le Réseau vélo et marche et l'Académie des mobilités actives (ADMA)
  • l'année prochaine, un cahier de recommandations concernant les aménagements piétons. 

Et puis, le Cerema a construit une formation sur deux jours "développer la marche en ville".
 

 

L'Essentiel est sur CeremaDoc :

Dans le dossier Dossier : Marche en ville

A lire aussi