15 décembre 2025
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© UGE - Simon Bianchetti
Depuis mars 2022, plusieurs dispositifs de radars sonores ont été testés en conditions réelles dans sept collectivités, et un seuil de bruit a été fixé pour les verbalisations à 85dB(A). Les étapes suivantes d'expérimentation concernent l'homologation de deux types de radars sonores en 2026, et l'expérimentation de la verbalisation sur plusieurs sites avec un attention portée à l’impact de celle-ci sur les niveaux sonore.

Au quotidien, les élus locaux sont régulièrement alertés par les conséquences du bruit des véhicules motorisés sur la santé. En effet, le coût social du bruit des transports est évalué à 147 milliards d’euros par an en France, dont 55 % induit par le trafic routier (rapport ADEME-CNB de 2021), et 70% des français se disent gênés par le bruit, en particulier le bruit routier en milieu urbain (sondage IFOP de 2022).

La commission du Sénat, dans son rapport 25 juin 2025, a adopté 22 recommandations pour renforcer l’efficacité de la lutte contre le bruit causé par les transports et mieux protéger la santé de nos concitoyens. 

Le déploiement de radars sonores sur l’ensemble du territoire national est l’une des recommandations pour lutter contre les comportements de conduite inappropriés, responsables d’intenses pics de bruits.

 

Une expérimentation issue de la loi des mobilités

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Inauguration du radar à Bron en 2022 © UGE - Simon Bianchetti

La LOM renforce la prise en compte de la pollution sonore liée aux mobilités. L’article 92 de la loi prévoit de mettre en œuvre une "expérimentation de la constatation des niveaux d'émissions sonores des véhicules par des appareils de contrôle automatique fixes et mobiles. Cette expérimentation est de deux ans"

Dans un premier temps, des dispositifs de contrôle automatisé des niveaux sonores des véhicules doivent être testés puis homologués, avant de permettre aux autorités locales choisies pour l’expérimentation de verbaliser les véhicules en infraction. 

Le décret n° 2022-1 du 3 janvier 2022, modifie l’article R318-3 du code de la route pour introduire l'infraction sonore des véhicules en circulation, dont le niveau admissible sera fixé par arrêté en amont de la 2e phase de l’expérimentation

Le déploiement des radars sonores a pour objectif principal la limitation par un moyen coercitif (verbalisation) des comportements de conduite inappropriés induisant des niveaux sonores importants pour les riverains des infrastructures concernées.

Le Cerema a été sollicité par La Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR) du ministère de la Transition Ecologique, chargée de réaliser cette expérimentation pour l’accompagner dans l'évaluation des radars , l’accompagnement des industriels en vue de l’homologation de leurs prototypes et dans le choix du seuil de verbalisation, en lien avec l’Université Gustave Eiffel et le LNE.

 

Une expérimentation en 3 étapes essentielles

Etape 1-Evaluation des radars

Le Cerema et l'Université Gustave Eiffel ont défini le protocole d'évaluation qui comprenait une évaluation des prototypes sur piste d'essais et sur site en conditions réelles. Trois dispositifs produits par MicrodB, Bruitparif et Acoem, ont été évalués sur leurs capacités à identifier la source de bruit (avec photographie) et caractériser son niveau sonore. En effet, ces radars doivent pouvoir distinguer les sources de bruit et mesurer le bruit des véhicules en circulation allant au-delà d’un certain volume sonore, tout en discriminant les bruits parasites (bruit de l’environnement, d’un véhicule qui passerait en même temps en sens opposé...)

Radar sonore de Bron / Simon Bianchetti UGE

L'implantation des radars a été définie par le Cerema.

Les essais sur piste ont permis d’évaluer chaque radar dans différentes configurations de circulation maîtrisées : croisement, dépassement, suivi ainsi qu’avec une source de bruit ponctuelle à proximité. Ces essais ont été réalisés avec un véhicule léger, un poids-lourd et un deux-roues motorisé, sur chaussée sèche et chaussée mouillée. 

Le 3 mars 2022, l’expérimentation en conditions réelles d’un dispositif automatique de contrôle de bruit, dit "radar sonore", a été lancée à Bron (69) puis dans six autres collectivités partenaires (Bron, communauté de communes de la Haute Vallée de Chevreuse, Nice, Paris, Rueil Malmaison, Toulouse et Villeneuve le Roi) sur des routes limitées à 50 km/h, en milieu urbain, péri-urbain et rural, avec un encadrement par le ministère de la Transition écologique. 

Le Cerema a procédé à des mesures acoustiques sur site par sonomètre, pour comparer aux mesures radars et proposer des pistes d'amélioration. Les prototypes ont ainsi été revus au cours d'expérimentation.

Un autre aspect de l'évaluation était la transmission sécurisée des données chiffrées lors de constatations d'infraction.

Suite aux évaluations des radars par le Cerema et tenant compte des réglementations bruit, le Cerema a contribué à la définition d’un seuil de verbalisation à 85 dB(A): garder un seuil réaliste qui doit permettre d’amener de la quiétude pour les riverains sans pénaliser le parc automobile actuel, et notamment de verbaliser les comportements inappropriés. 

Arrêté du 7 juillet 2023 pris en application du décret n° 2022-1 du 3 janvier 2022 pris en application du cinquième alinéa de l'article L. 130-9 du code de la route fixant la procédure d'expérimentation de la constatation des niveaux d'émissions sonores des véhicules en mouvement par des appareils de contrôle automatique fixes et mobiles.

Dans le cadre des Plans de Prévention du bruit dans l'Environnement (PPBE), les gestionnaires de réseaux routiers peuvent prévoir l'installation d'un radar sonore sur leur territoire.

 

  • Etape 2-Homologation des radars 

    L’homologation des radars est prévue en 2026. Le Cerema a réalisé un retour d’expérience des essais préalables des radars sur la piste de Nantes pour accompagner le LNE, chargé de rédiger un Cahier des charges en vue de l’ homologation des dispositifs. Deux fournisseurs, MicrodB et Bruitparif, ont souhaité poursuivre cette démarche d’homologation.

    Ce cahier des charges prévoit des essais pilotés par le LNE sur la piste de Montlhéry et des essais en laboratoire portant sur la température , les composants CEM et le bruit. Les premiers essais sur piste dans le cadre de la procédure d’homologation ont débuté les 16 et 17 décembre 2025 avec le fournisseur MicrodB .

     

    Etape 3-Expérimentation sur site avec verbalisation 

    Le Cerema a contribué aux choix des sites sur lesquels l’expérimentation avec verbalisation sera menée. Les collectivités concernées sont Bron, Nice, Rueil-Malmaison, CCHVC, Paris (2 sites), Villeneuve-le-Roi et Toulouse.

    Le Cerema a débuté une évaluation des ambiances sonores avec des sonomètres de classe 1 pendant une durée de 6 mois avant l’implantation des radars, en lien avec l’UGE. Ces mesures et analyses seront reproduites après l’implantation des radars, pendant la phase de verbalisation (durée 6 mois) et après désinstallation des radars et fin de verbalisation (durée 6 mois). L’objectif est d’évaluer s’il y a une baisse durable des niveaux sonores, liée au changement de comportement des conducteurs avec la mise en place d’un radar de bruit. Le Cerema a aussi contribué à valider un protocole de mesure de l’UGE pour réaliser ces évaluations.

    Les mesures sont transmises au Cerema par Acoucité et Bruitparif qui les réalisent.