Cet article fait partie du dossier : Gares et pôles d’échanges multimodaux : un centre de ressources sur les lieux de l’intermodalité
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Actualité de l'Equipe projet de recherche ESPRIM : Perturbations et la Résilience des systèmes de Mobilité
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OBJET DE L'OPÉRATION
Ce projet, mené au Cerema par une équipe de trois agents spécialisés ( Marion Cauhopé, urbaniste, Joël Meissonnier, sociologue et Cyprien Richer, géographe) porte sur la transformation de la gare de Fontainebleau-Avon. Il vise à appréhender finement la place de la gare dans un territoire très attractif pour proposer des scénarios d’amélioration du fonctionnement de l’intermodalité et de l’insertion urbaine. L’un des enjeux principaux est d’identifier le développement de services innovants adaptés au contexte du territoire afin de valoriser la « place » de la gare.
L'Appel d'offre de la sncf
Dans le cadre des Démonstrateurs industriels pour la ville durable (DIVD) porté par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), la SNCF en partenariat avec les acteurs locaux souhaite transformer la gare en « laboratoire de démonstration de l’innovation » avec un double objectif :
- Accroitre la valeur des flux qui irriguent la gare, c’est-à-dire augmenter la valeur d’usage des temps de passage et de présence dans la gare par la mise en place de services et commerces pour les voyageurs mais aussi pour les habitants ;
- Organiser la démultiplication des mobilités et leur optimisation, ce qui va se traduire par la prise en compte de tous les modes facilitant l’accessibilité à la gare en faisant un focus sur les alternatives au rabattement en voiture solo ainsi que sur le renouvellement de la multimodalité.
L’objectif final du commanditaire est de produire un concept, une programmation et un modèle économique pour le déploiement d’une offre de services innovants en gare et au-delà, un meilleur ancrage de la gare dans son territoire.
LA RÉPONSE partenariale DU CEREMA
Le Cerema s’est associé à l’institut « Efficacity » et au pôle design d’AREP « AREP designlab » pour répondre à la consultation lancée par la SNCF. Le groupement a remporté l’appel en proposant la réalisation d’un diagnostic qualitatif et quantitatif des usages de la gare dans le territoire avant d’élaborer des concepts de scénario pour une programmation urbaine. L’équipe du Cerema (Marion Cauhopé, Joël Meissonnier et Cyprien Richer) s’est impliqué dans trois rendus :
- la réalisation du diagnostic qualitatif à l’aide d’un mix de méthodes sociologiques déployées lors d’une immersion terrain de trois jours (17-18-19 mai 2017) ;
- une participation au diagnostic quantitatif par l’utilisation de l’outil innovant « Chronotype » développé au sein du « pôle Gare » d’Efficacity à partir de la méthode Cerema des « Pulsations Urbaines » ;
- une restitution devant les acteurs du territoire (président de la communauté d’agglomération, maires de Fontainebleau et Avon, ONF, Château, Isige, CCI, Arene…) du rapport d’étonnement, des principes d’aménagements de la gare de Fontainebleau-Avon et des perspectives de développement de services innovants.
QUELQUES RÉSULTATS
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Le « Chronotype » pour enrichir le diagnostic des rythmes du territoire
L’outil « Chronotype » est une extension de la méthode Cerema des « pulsations urbaines » utilisant les données spatiales et temporelles des Enquêtes Mobilités Certifiés Cerema (EMC²). Cette approche permet ainsi de comprendre les « rythmes » de la ville et de mieux appréhender le fonctionnement dynamique d’un territoire : « qui est où » à chaque moment de la journée ? Le « Chronotype » permet de délimiter un territoire d’analyse (ici les communes de Fontainebleau et Avon) afin d’enrichir un diagnostic spatio-temporel. Ce travail a permis d’observer finement l’attractivité des deux communes puisque le pic d’arrivée (+18 000) est plus important que le pic de départ (-10 000). En journée, près de la moitié des présents à Fontainebleau et Avon ne sont pas résidents de l’une des deux communes. En regardant plus en détail, on observe que les résidents qui se déplacent en dehors des deux communes utilisent à 40% les transports collectifs, essentiellement le train, tandis que les personnes qui viennent à Fontainebleau et Avon utilisent majoritairement les transports collectifs et principalement les bus et cars. L’explication est que l’attractivité des deux communes est liée à la présence importante d’établissement scolaires (collèges, lycées, études supérieures) et donc à l’afflux de scolaires et étudiants qui utilisent fortement les transports en commun. On peut néanmoins noter plus subtilement un apport de visiteurs et de personnes retraités en début d’après-midi (lié à l’attractivité du patrimoine historique et naturel du territoire) qui se cumule à la présence des scolaires et qui explique que le pic de présence à Fontainebleau et Avon se situe aux alentours de 15h.
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Un rapport d’étonnement innovant à l’issu d’une immersion terrain de 3 jours
L’immersion sur le terrain de la gare de Fontainebleau et Avon (25 heures de présence sur site sur une période de trois jours) a donné lieu à la restitution d’un rapport d’étonnement. Le travail a nécessité de mener une observation du plus neutre, silencieux, englobant au plus impliquant, individuel, précis : cinq méthodes sociologiques ont ainsi été utilisées, de l’observation flottante à l’entretien avec les usagers. Une importante quantité d’informations a ainsi pu être recueillie (photos, vidéo, 20 enregistrements audio, 36 entretiens individuels, 5 modes testés) et ensuite synthétisée autour de 3 fonctions. La première fonction, relative aux transports, montre qu’une intermodalité « lourde » est privilégiée (voiture-bus-train) et que des situations de conflictualité multiples existent entre les différents usages : quels doivent être les arbitrages pour laisser « respirer » la gare ? La deuxième fonction concerne l’urbanisme et permet d’exposer une situation un peu paradoxale où la gare semble en partie déconnectée d’un environnement très attractif. Nous avons résumé la situation en évoquant « une gare ordinaire dans un territoire extraordinaire ». Enfin, concernant la fonction stratégique des services, au cœur de la réflexion du DIVD, nous constatons que la gare souffre d’une absence d’activité au-delà du rythme des usagers. Le confort d’usage, d’attente et de séjour reste limité et nous posons la question à l’issue du rapport d’étonnement : par quels moyens mettre la gare « au service » de son territoire, au-delà de la fonction ferroviaire ?
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Des principes d’aménagement présentés au club d’acteurs du territoire
Suite au rapport d’étonnement et au diagnostic qualitatif et quantitatif, nous avons élaboré quelques principes d’aménagement avec l’idée générale de « (re)créer des liens par les modes actifs pour (re)créer un lieu à la hauteur des promesses de son territoire ». Les 28 septembre 2017 et 7 décembre 2017, deux restitutions ont été organisées auprès du club d’acteurs du territoire, composé des principaux partenaires suivants :
- Communauté d'agglomération du Pays de Fontainebleau
- Mairie de Fontainebleau
- Mairie de Avon
- Ministère de la Transition écologique et solidaire et le PUCA
- SNCF direction des Gares d’Îlede-France
- ARENE Îlede-France (Agence régionale de l'environnement et des nouvelles énergies)
- Brie Nov (Association développant des innovations dans la ruralité en Seineet-Marne)
- ISIGE – MINES ParisTech
- Établissement public du Château de Fontainebleau
- Office national des forêts (ONF)
- Office de tourisme du Pays de Fontainebleau
- Concierg'in (conciergerie citoyenne)
Les principes d’aménagement présentés ouvrent des pistes très concrètes d’amélioration du fonctionnement et de valorisation du quartier de gare. Il ne s’agit cependant pas d’actions clé en main mais plutôt « d’images » des futurs possibles que les acteurs du territoire peuvent saisir, reprendre à leur compte et faire évoluer. L’enjeu est de susciter l’action, de donner envie aux acteurs de se mettre collectivement en mouvement, de façon transversale et concertée.
La première piste d’intervention propose une « intermodalité augmentée à l’échelle des modes actifs » et vise concrètement à créer une nouvelle ambiance de l’intermodalité en pointant l’important potentiel de développement de services vélo innovants et hybrides, ainsi qu’une meilleure valorisation du covoiturage. La deuxième piste d’intervention envisage « d’urbaniser la mobilité » ! L’idée est d’augmenter le séjour autour de la gare et de dépasser la seule fonction de transit en créant une nouvelle identité urbaine dans un quartier revalorisé. La troisième piste vise à faire émerger dans et autour de la gare une véritable vitrine des opportunités du territoire. L’idée forte est d’orienter la création de bureaux à l’étage de la gare vers une fonction d’incubateur sur la thématique de l’éco-tourisme. Cet espace créatif pourrait ainsi dialoguer avec l’aménagement d’un lieu offrant des solutions éco-touristiques pour tous les publics (du nécessaire pour la randonnée sur la demi-journée aux offres plus spécifiques au départ de la gare).
Contacts
cyprien.richer@cerema.fr
joël.meissonnier@cerema.fr
marion.cauhopé@cerema.fr
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